Soviet Suprem – Porté par le succès de son premier album, l’ Internationale, le groupe militaro-punk met le feu partout où il se produit. Un cocktail musical aux accents politiques burlesques emmené par les musiciens R. Wan et Toma Feterman, alias Sylvester Staline et John Lénine.
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Qu’on se le dise, la révolution russe n’a pas eu lieu en 1917, comme on le croit trop souvent, mais en 2014 ! C’était il y a tout juste un an, en janvier, avec la réapparition surprise, plus de vingt ans après la chute du Mur, du Soviet Suprem. Un groupe et un projet fou nés du désir de prendre le contre-pied de la culture yankee pour mieux vivre un « balkanican dream » aux accents militaro-punk. Face à la crise et à la dette des pays du G20, ces délirants soviets prônent le rassemblement des peuples amateurs de musiques festives et la révolution du dancefloor. Un programme teinté d’humour au troisième degré qui joue sur les codes de la guerre froide avec pour personnages principaux Sylvester Staline et John Lénine.
Univers totalement décalé dans le paysage des musiques actuelles
Soviet Suprem, c’est l’histoire de la rencontre de deux kamarades musiciens allumés. D’un côté R. Wan, du groupe Java, de l’autre Toma Feterman, de La Caravane passe, qui depuis quinze ans écument les festivals avec une énergie communicative qui galvanise les foules : « Ce qu’on a voulu faire avec ce projet, c’est une relecture de la musique du monde, expliquent-ils. Quand on parle de world music, c’est toujours tourné vers les États-Unis. On ne voit la musique internationale qu’à travers le prisme américain et anglo-saxon. On trouve intéressant d’imaginer, si l’URSS avait gagné la guerre froide, quelle sorte de musique mondialisée on aurait aujourd’hui. » R. Wan et Toma disent tout cela dans un sourire, conscients que leur univers totalement décalé dans le paysage des musiques actuelles peut parfois déconcerter : « Au départ, j’ai pensé qu’on marchait peut-être sur des œufs avec ce projet, mais je me suis dit : “Allons-y !”» avoue Toma. Aujourd’hui, leur révolution est en marche, à l’image de leur premier album, l’Internationale, qui fait un carton en live. Un registre inspiré des musiques d’Europe centrale mêlé d’électro, de hip-hop et de dub en provenance des steppes de l’Est : « Quand il a fallu trouver le nom du groupe, on a réfléchi aux anciennes Républiques soviétiques, tous ces pays qui englobent ce répertoire dans lequel on allait puiser. » Et R. Wan de poursuivre : « Soviet Suprem, ça nous a tout de suite parlé. J’ai quarante ans, j’ai connu l’avant-Mur. Toma a eu des grands-parents communistes d’origines polonaise et roumaine. Moi, j’ai grandi dans une banlieue rouge à Vitry-sur-Seine, dans une famille où on parlait beaucoup politique. » Plus anars que cocos, les deux musiciens s’amusent à surfer sur l’imagerie soviétique dans un esprit burlesque : « Il y a un côté grand-guignol, mascarade, souligne R. Wan. On aime arriver sur scène comme grimés en dictateurs, avec un côté bonimenteur, harangueur de foule. Les gens, il faut aller les chercher, les convaincre quand ils ne connaissent pas votre musique. »
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De quoi mettre le feu au rideau de fer
Un cocktail politico-musical qui fait son effet partout où ils se produisent. « La politique, on s’en sert comme une figure de style, dit Toma. On a surtout imaginé une musique qui envoie sur scène à la manière d’un gros show. L’imagerie soviétique, on l’aborde avec une espèce de romantisme, de façon artistique. Lénine, le marteau, la faucille, ça renvoie à tout un univers. Il y a plein de gens à qui ça parle sans forcément qu’ils soient engagés ou nostalgiques… » Un Bolchoï déglingué où l’on croise Lady Gagarine et autre DJ Croute Chef. De quoi mettre le feu au rideau de fer et chauffer à blanc un public qui ne se prive pas de venir faire la fête en chapka sur fond de Soviet Suprem party, de chœurs de l’Armée rouge revisités et de musiques traditionnelles : « En France, il y a un multiculturalisme qui fait qu’on a beaucoup de musiques traditionnelles de différents pays auxquelles viennent s’ajouter le hip-hop, le rock, la pop…, précise Toma, à l’origine des compositions du groupe. C’est tout cela qu’on met dans notre univers. » Un répertoire éminemment scénique à vivre d’abord en salles ou en festivals, où ces drôles de soviets brisent la glace en un éclair. L’idéal ? « Ce serait de finir notre tournée en apothéose sur la grande scène de la Fête de l’Humanité ! lancent-ils. On y a passé toute notre enfance et on y a vu des tas de concerts. On s’est dit que si ce n’était pas possible, on ferait un putsch ! (rires) Sinon, on fera la fête de l’UMP à Antibes ! »
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Album L’Internationale, Chapter Two/Wagram Music. Tournée du 12 janvier au 23 mai puis les festivals d’été.