patricia highsmith
Patricia Highsmith : “Je connais la moitié du roman et la fin, pour le reste.… “
Ses romans sont des best-sellers adaptés au cinéma, mais qui est vraiment Patricia Highsmith? Prétendre faire le portrait d’une romancière, c’est avancer dans la subjectivité, oser des choix propres et ne pas viser l’exhaustivité. Regard sur la célèbre écrivaine américaine connue pour ses thrillers psychologiques.

La romancière Patricia Highsmith a vécu en solitaire une vie qui ne souffrait aucun compromis avec la morale. Son imagination s’est mise au service d’une œuvre foisonnante dont s’est épris et emparé le cinéma, faisant de ses personnages des modèles qui continuent de traverser le temps

patricia highsmith« Depuis l’âge de 16 ans, j’écris la même histoire « 

Patricia Highsmith naît à Fort Worth au Texas (États-Unis), le 19 janvier 1921. Dès l’âge de six ans, elle arrive à New York et sera élevée par sa grand-mère. En 1942, elle sort diplômée de l’université de Columbia. Avant d’entrer en littérature, elle  est scénariste de « comics » et rédige des histoires pour Captain Marvel, le super héros publié par Fawcett Comics. En 1948, elle travaillera dans un grand magasin de Manhattan.

« Je connais la moitié du roman et la fin, pour le reste.… « 

Elle publie sa première nouvelle en 1944, « l’Héroïne«  dans le magazine Haper’s Bazaar. 1950 : une date décisive. La parution de  » l’Inconnu du Nord-Express « . Le succès est immédiatement au rendez avec à la clé l’apparition d’Alfred Hitchcock dans l’univers de Patricia Highsmith, qui en rachète aussitôt les droits d’adaptation cinématographique.

patricia highsmith« J’écris toujours sur la culpabilité « 

« Un matin, dans ce chaos de bruit et de commerce, je vis surgir une femme blonde en manteau de fourrure. » L’idée de  » Carol «  était née. Elle faisait alors un remplacement pendant les fêtes de Noël au rayon jouets d’une boutique. En 1952, alors censuré, le roman est en devanture des librairies, l’auteure signe sous le pseudonyme de Claire Morgan. Cet amour entre deux femmes, qui ne connaît pas comme à l’accoutumée une fin tragique, fut une révélation pour de nombreuses lectrices : on racontait leur histoire. La romancière reçut des lettres pendant des années qui « arrivaient par petits paquets « . En 2015, Todd Haynes réunit à l’écran Cate Blanchett et Rooney Mara. Ces amours cachées résonnent étrangement aujourd’hui dans le film « Coming out« , de Denis Parrot sorti en salles cette année.

Le réalisateur américain a visionné 1200 vidéos de YouTube mises en ligne entre 2012 et 2018. Ce long-métrage, autour d’un montage judicieux et resserré, s’est intéressé à ces jeunes femmes et à ces jeunes garçons qui annoncent leur homosexualité à leurs parents. Essentiellement, d’abord à leur mère. « Puisque c’est ton choix « , rétorque l’une d’elle qui n’admet pas que Dieu accepte une telle situation. Une scène d’une violence inouïe. Dans l’Amérique des années 1950 de Patricia Highsmith où les lesbiennes et les homosexuels par honte se cachaient ou se suicidaient, « Coming out  » montre des cas analogues : la peur, la culpabilité, l’humiliation, la culture du secret, l’envie de mourir, l’anormalité.

« En Amérique la femme est une servante « 

Patricia Highsmith a eu des relations amoureuses avec des hommes et des femmes, mais n’a jamais été mariée et n’a pas eu d’enfants. En 1943, elle a eu une liaison avec l’artiste peintre Allela Cornell et en 1949, elle est devenue proche du romancier Marc Brandel. Entre 1959 et 1961, elle a eu une relation avec l’écrivaine américaine Marijane Meaker. Patricia Highsmith aimait être seule, « je peux penser quand je suis seule« . Et nourrissait une  passion pour les chats.

Carol : « C’est quasiment une maladie, non, d’être incapable d’aimer ?  »
Richard : « Tu ne penses pas que c’est absurde ? C’est un béguin de collégienne. Qu’est-ce que tu veux dire, tu l’aimes énormément ? Tu veux coucher avec elle ?  » Elle l’avait vu, alors, la regarder avec un sourire doucereux qui, rétrospectivement, lui paraissait cruel et malsain. Et cette intention malsaine aurait bien pu lui échapper si Richard ne cherchait pas aussi ouvertement à la convaincre qu’elle était, elle, malsaine.
Thérèse : « Que voulait dire aimer quelqu’un ? Pourquoi l’amour prenait-il fin ou pas ? Là étaient les vraies questions ; et qui pouvait y répondre ?  »
Carol : « Tu le sais, non ? Aux yeux du monde, (notre relation) c’est une abomination.« 

patricia highsmith« J’ai mon imagination, ce n’est pas celle des autres, elle est à moi « 

En voyage à Positano, en Italie, Patricia Highsmith voit, sur la plage, un homme à l’air trouble. Ce sera « Monsieur Ripley ». Publié en 1955, c’est l’un de ses plus grands succès, grand prix de littérature policière.  » Plein soleil «  de René Clément, en 1960, sublime Alain Delon, Maurice Ronet, Marie Laforêt. En 1999, Anthony Minghella s’attaque au « Talentueux Mr Ripley«  avec Matt Damon, Jude Law, Gwyneth Paltrow.
Dans les années 1960, Patricia Highsmith s’établit en Europe, (d’abord en Angleterre, puis en France et en Suisse), où ses livres suivants sont plus appréciés que dans son pays d’origine. Elle meurt à l’âge de 74 ans, des suites d’une leucémie.

patricia highsmith« La vie est limitée,  je ne veux pas passer ma vie en combattante « 

Graham Greene dont elle était l’amie a dit d’elle : « On ne cesse de la relire. Elle a créé un monde original, un monde clos, irrationnel, oppressant, où nous ne pénétrons qu’avec un sentiment personnel de danger et presque malgré nous. Car nous allons au-devant d’un plaisir mêlé d’effroi. » « J’écris exactement ce que je veux écrire« , affirmait-elle. Certains exégètes ont mis en relation étroite son alcoolisme et un lesbianisme mis en difficulté. A chacun·e·s de juger.
Elle a vécu en solitaire une vie qui ne souffrait aucun compromis avec la morale. Son imagination s’est mise au service d’une œuvre foisonnante dont s’est épris et emparé le cinéma, faisant de ses personnages des modèles qui continuent de traverser le temps.

  • « L’Inconnu du Nord-Express », Patricia Highsmith, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Rosenthal – Le Livre de poche, 304 pages, 7,40 euros 
  • « Carol. Les eaux dérobées » – roman Le livre de poche

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