MILLA
Milla (Eliza Scanlen) s'éprend de Moses (Toby Wallace), qui va lui ouvrir de nouveaux horizons (©Lisa Tomasetti/Memento Films).

Cinéma/Milla. Le premier amour d’une adolescente atteinte d’un cancer: loin du mélo, c’est une histoire simple et émouvante que raconte Milla, remarquable premier film de la réalisatrice australienne Shannon Murphy, présenté à la Mostra de Venise en 2019 et qui sort sur les écrans français ce mercredi 28 juillet 2021, avec de nombreux mois de retard dû à la pandémie.


On se demande –en s’en doutant un peu– comment l’histoire va finir: une issue dramatique pour film d’auteur, une happy end pour film grand public, un peu des deux, une fin ouverte? Eh bien vous verrez bien, mais ce n’est pas spoiler de dire que la scène finale de Milla, sur une plage, est magnifique


MILLA
Milla (Eliza Scanlen)

Milla, 15 ans, est une adolescente presque comme les autres. Elle suit une chimiothérapie pour soigner un cancer. Elle joue du violon. Elle est plutôt secrète et introvertie. Et elle tombe amoureuse pour la première fois.

Mauvais garçon

Le garçon s’appelle Moses, c’est ce qu’on appelle un mauvais garçon. Il est grand et maigre, tatoué de partout (mains, visage, cou, genoux, mollets), toxicomane et petit dealer. Il est timide, sous des airs de frimeur.

Tous deux se rencontrent par hasard sur un quai de gare de banlieue. Moses est bienveillant avec Milla, il n’est pas bête du tout, pas si marginal que cela. Mais les parents de la jeune fille ne voient pas d’un bon œil cette première idylle.


Milla : Premier amour pour une ado australienne pas comme les autres


Des parents désemparés

Le père, psy, essaye de tenir le coup. La mère, pianiste, est sous tranquillisants. Tous deux aiment tellement leur fille qu’ils sont désemparés, devant sa maladie et devant son premier amour.

Ils l’acceptent cependant, et invitent même Moses à venir s’installer dans la belle villa dans laquelle habite la famille, avec baies vitrées, jardin et piscine. Pour Milla, c’est une chance de s’ouvrir à des choses nouvelles et de repousser encore davantage les limites de son existence…

Tiré d’une pièce

Le film est tiré d’une pièce jouée à Sydney en 2012, Babyteeth, titre original du film, qui signifie « dents de lait »: à un moment Milla perd une de ces dents de lait, symbole du passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Malgré la maladie du personnage principal, le film évite de tomber dans le mélo larmoyant. « Il fallait échapper à tout excès de sentimentalisme, parce que dans le monde réel, les gens ne disent pas: «Voyez comme je suis malade, voyez comme c’est triste». Ce n’est pas la réalité de ces expériences », explique la réalisatrice, Shannon Murphy, dont c’est le premier long-métrage. Auparavant elle avait mis en scène des pièces de théâtre et avait tourné des séries télé et un court-métrage.

Une justesse et une liberté de ton rares

Dès le début le spectateur croit partir vers un film déjanté, marginal, outré, avec des personnages un peu barrés et un parti pris de cinéma intello. Mais très vite ça devient puissant, parfois énervé et parfois calme, mais sans excès gratuit, sans outrance, avec une justesse et une liberté de ton rares, dans le propos comme dans la réalisation, tout en restant finalement une histoire simple : « Sur le plateau, je n’ai cessé de rappeler l’incroyable dualité du film: humour et douleur devaient être présents simultanément dans chaque scène, dans chaque plan. Même dans un moment sérieux, il fallait quelque chose d’un peu décalé ou de franchement drôle (…) », dit la réalisatrice.


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Quatre acteurs au diapason

La réalisation est remarquablement maîtrisée, avec une belle utilisation de la musique et les quatre principaux acteurs au diapason: Eliza Scanlen (Milla), qui a fait ses premiers pas au cinéma dans « Les Filles Du Docteur March », de Greta Gerwig; Toby Wallace (Moses), qui a obtenu pour ce rôle le Prix du meilleur jeune acteur au Festival de Venise 2019; Ben Mendelsohn, qui joue le père; et Essie Davis, qui joue la mère.

On se demande –en s’en doutant un peu– comment l’histoire va finir: une issue dramatique pour film d’auteur, une happy end pour film grand public, un peu des deux, une fin ouverte? Eh bien vous verrez bien, mais ce n’est pas spoiler de dire que la scène finale, sur une plage, est magnifique.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

« Vous êtes cinglés, les oiseaux! » (Milla, au petit matin).


cinégong logoA voir : « Milla » (« Babyteeth ») (Australie, 1h58). Réalisation: Shannon Murphy. Avec Eliza Scanlen, Toby Wallace, Ben Mendelsohn (Sortie 28 juillet 2021)

  • Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong

 

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