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Zadie Smith publie "Grand Union". (Photo) Murdo Macleod/The Guardian

Livre. Depuis 2000 et son premier roman- «Sourires de loup », elle est une figure des lettres britanniques contemporaines. Zadie Smith change de genre avec « Grand Union », un recueil de nouvelles. Ce qu’elle maîtrise avec virtuosité.

Avec « Grand Union », Zadie Smith, écrivaine à la voix et au style inimitables a réuni dix-neuf nouvelles qui, en un peu moins de 300 pages, propose une belle et très fine exploration du monde moderne 

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Zadie Smith publie « Grand Union ». (Photo) Murdo Macleod/The Guardian

Un quotidien londonien est catégorique : «Nous sommes en compagnie d’une des plus grandes écrivaines contemporaines ». Un autre commente : «Elle prend le pouls de la vie ». Apparue dans le monde des livres en 2000 avec « Sourires de loup » (qui a été distingué par deux prix, le Guardian First Book Award et le Whitbread Book Award), Zadie Smith– 45 ans, père anglais, mère jamaïcaine- est tenue pour une des plus brillants auteurs anglo-saxons de l’époque.

Réputée pour ses romans et un essai (« Changer d’avis »), elle se glisse jusqu’à nous en ce printemps avec un recueil de nouvelles simplement titré « Grand Union »– en référence à ce canal qui, sur 220 kilomètres, relie Londres à Birmingham. Un exercice qu’elle avait pratiqué, ces dernières années, à deux reprises en 2013 pour le magazine « The New Yorker ». Cette fois, dans ce recueil, l’écrivaine à la voix et au style inimitables a réuni dix-neuf nouvelles qui, en un peu moins de 300 pages, propose une belle et très fine exploration du monde moderne.

Dans ce livre- aux allures d’auberge espagnole selon pour certains mesquins qui se prétendent incorruptibles, Zadie Smith s’amuse à mêler, à démêler les thématiques et les points de vue. Elle prend un grand plaisir, également, à dessiner, à raconter des personnages- confidence : «J’ai écrit ces nouvelles à différentes périodes, je n’avais pas prévu qu’elles constitueraient un ensemble. Si le temps est un motif qui traverse toutes ces histoires très différentes les unes des autres, c’est sûrement parce que le temps est devenu pour moi une préoccupation centrale. Mais n’est-ce pas notre préoccupation à tous ? Parfois je n’arrive pas à décider si c’est moi qui suis folle, ou si ce sont tous les autres… »

Au hasard des pages, on croise, entre autres, un homme dont c’est le premier jour sur terre, un groupe de touristes anglais furieusement déconnecté du réel sans oublier trois célébrités américaines en fuite un jour de catastrophe en septembre… ou encore, temps fort du recueil avec « Déconstruire l’affaire Kelso Cochrane », ce jeune homme venu d’Antigua et victime d’un crime raciste en 1959 à Londres… Une fois encore, en toute modestie, Zadie Smith prouve qu’elle est une virtuose !

Serge Bressan

livre grand union zadie smith– A Lire : «Grand Union» de Zadie Smith. Traduit par Laetitia Devaux. Gallimard, 290 pages, 21 €.

EXTRAIT

« Les intentions de la mère étaient réelles, mais les propos de la fille l’étaient tout autant. Si sa mère s’abstenait en général de consommer du bœuf, du porc et de l’agneau, elle dévorait avec plaisir bien d’autres créatures terrestres et marines ; l’été, elle accrochait du papier tue-mouche dans la cuisine irrespirable de leur petit appartement en ville et, un jour, elle avait même (ce que sa fille ignorait) donné un coup de pied à leur chien. Elle était à l’époque enceinte de son quatrième enfant et d’humeur instable. Sur l’instant, le chien lui avait paru un poids de trop ».

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