neneh cherry sort l'album broken politics et sera au trianon le 28 fevrier
La chanteuse Neneh Cherry sera au Trianon à Paris le 28 février où elle chantera son album Broken Politics

#Musique. La chanteuse suédoise Neneh Cherry actuellement en tournée en Europe sera le 28 février à Paris où elle va donner un concert exceptionnel au Trianon. L’occasion de découvrir en live les chansons de « Broken Politics« , superbe album aux ambiances trip-hop sorti cet automne.

« Broken Politics« , un album aux influences trip-hop où Neneh Cherry pose un regard lucide et critique sur l’état du monde et ses espoirs brisés

Belle-fille du célèbre trompettiste de jazz Don Cherry, la chanteuse suédoise Neneh Cherry s’est d’abord intéressée au hip-hop, au R’N’B et à la soul avant de se lancer dans des projets plus personnels. C’est le cas pour « Broken politics », son 5ème album sorti cet automne, qui témoigne de ses engagements artistiques et politiques. Un disque aux influences trip-hop où elle pose un regard lucide et critique sur l’état du monde et ses espoirs brisés, dénonçant le sort des réfugiés (« Kong ») la violence et l’usage des armes à feu (« Shotgun back ») ou encore la dépendance au tout smartphone de l’époque (« Natural skin deep »). Après le Café de la Danse où elle s’est produite en septembre, la chanteuse sera de retour à Paris le 28 février au Trianon. Un concert d’autant plus attendu que les apparitions sur scène de Neneh Cherry sont rares.

Comment définiriez-vous l’esprit de votre album Broken Politics’?

neneh cherry le 28 fevrier au trianon
Neneh Cherry

Neneh Cherry : Je pense que les disques, quels qu’ils soient, sont toujours le reflet de l’époque dans laquelle on vit et ce que l’on traverse, que ce soit à une échelle personnelle ou générale. Une bonne façon de le faire ressortir est d’écrire et composer ce que l’on ressent. J’ai besoin de la musique, qui est une manière personnelle de digérer tout cela. Le titre de l’album résume bien le son et le sentiment qu’on a quand on se réveille tous les matins, avec cette espèce de désillusion qu’on vit, ces promesses qu’on a brisées qui sont tout autour de nous. On essaie tous de trouver une manière de vivre avec ce sentiment, d’avancer quand même en dépit de tout ça et d’avoir de l’espérance. D’une certaine façon, c’est une métaphore sur la surdose de mensonges qu’on nous sert au quotidien. En ce moment, on est dans une situation où c’est pire qu’une gueule de bois. On est face à une résurgence de l’intolérance et avec elle l’étouffement de toute expression, de toute pensée libre. On nous a vraiment acculés dans un coin. L’avantage, c’est que quand on est sous pression comme ça, il peut aussi émerger une grande vague de créativité.

Neneh Cherry : « Je ne me vois pas comme une artiste engagée »

Vos chansons s’inspirent beaucoup de la réalité. A l’image de «Kong» qui  évoque les camps de réfugiés…

Neneh Cherry : Je ne sais même pas si on peut parler d’actualité parce que ce sont des événements qui ont lieu tout le temps. Si on considère ça comme quelque chose d’exceptionnel, c’est une façon de dire que ce n’est pas en train de se passer, de se dérouler maintenant. Il ne faut pas porter de jugement, blâmer les réfugiés. J’ai l’impression qu’on voit tout en termes d’eux et nous, en une espèce de séparation. Les camps des réfugiés sont devenus un peu les brebis galeuses du siècle. En réalité, c’est notre problème à nous tous. On doit travailler ensemble pour tenter de le  résoudre. Il y a une cause à tous ces problèmes, c’est l’argent. Même les armes dont on se sert partout viennent de ce côté–ci du monde. Quand je vois ces choses-là qui m’attristent et me frustrent, je ne sais pas quoi faire d’autre que de mettre ça en chanson, même si c’est vrai que j’ai été bénévole à Calais. J’ai cuisiné, servi à manger aux réfugiés. J’ai visité la jungle et j’ai pu voir moi-même ce qui s’y passe. Cela m’a affecté vraiment profondément. Il y a des milliers de gens qui sont là et moi et l’ami qui m’accompagnait, on s’est dit : « mais où peuvent-ils aller ? ». On s’est mis tous les deux à pleurer parce que c’est une situation inextricable. Il faut être conscient de cette situation, garder ça à l’esprit et ne pas faire comme si cela n’existait pas.

Neneh Cherry: « Broken Politics, c’est aussi une certaine façon de célébrer mon patrimoine, mon héritage musical »

Vous avez un regard critique et lucide sur la société. Comment expliquez-vous vos engagements ?

Neneh Cherry : Je ne me vois pas comme une artiste engagée. Je n’ai pas d’approche comme ça surdimensionnée et un peu prétentieuse. J’écris sur ce que je vis, sur ce que je vois et en tant que tel c’est un acte politique. J’essaie surtout de donner un sens à ce monde, qui nous entoure. J’utilise la musique pour l’exprimer , mais il pourrait y avoir d’autres moyens. Je sortais beaucoup danser avant et pour moi, c’était pareil. C’était mon église, une façon à la fois de se défouler mais aussi de digérer tout ce qui arrivait. Avec la musique, l’important  c’est d’écrire des histoires, de créer une narration. Ma démarche c’est plus cela que la politique, même si c’est vrai qu’avec cet album, je suis allée un peu plus loin dans cette direction.

Votre précédent disque était un peu plus «énervé» que celui-ci où les ambiances sont plus douces. Pourquoi ce choix esthétique ?

Neneh Cherry : J’ai créé cet album en essayant d’avoir un son qui soit le plus organique, naturel, possible. D’une certaine façon la boucle est bouclée. J’ai pris tous les sons qui m’ont influencé dans mon parcours. Enfant, j’étais entourée d’artistes, Don Cherry  mon beau-père et Monika Cherry, ma mère. Toute une toile de musique et de sonorités jazz qui ont façonné mon esprit. Je me suis rendu compte en travaillant sur ce disque à quel point ce son a façonné mon for intérieur. Cet album, c’est aussi une certaine façon de célébrer mon patrimoine, mon héritage musical. C’est très important, je crois, de prendre toutes ces influences qui nous ont façonné et d’en restituer sa propre version pour être soi-même. C’est cet héritage qui m’a fait devenir ce que je suis à 54 ans. Aujourd’hui, je commence à me sentir confortable, avec une certaine assise, comme si j’atterrissais (rires).

Vous entretenez un rapport très fort avec le public français. Qu’aimez-vous de la France?

Neneh Cherry : J’y suis venue depuis mon tout jeune âge avec ma famille. J’aime la culture et la nourriture bien sûr, visiter Paris qui est un vrai mélange de différentes nationalités. Il y a une grande influence africaine, asiatique aussi. Tout cela forme un melting-pot unique. J’adore l’état d’esprit des Français. Quand ils aiment quelque chose, ils ne lâchent pas l’affaire, ils n’abandonnent pas à mi-parcours. C’est un pays où je peux revenir encore et encore présenter mon travail. Cette résilience des gens, je la trouve très agréable.

Album « Broken politics’« , Awal/Pias. Concert le 28 Février au Trianon, 80 Bd Rochechouart 75018 Paris.

Lire: Entretien. -M- : “Je suis un peu à l’âge d’or de ma vie” : https://www.weculte.com/interview/entretien-m-je-suis-un-peu-a-lage-dor-de-ma-vie/

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