Chanteur, compositeur, peintre, graphiste, photographe, écrivain… CharlÉlie Couture était présent le 25 août à la deuxième édition des « Écrivains chez Gonzague Saint Bris » à Chanceaux-près-Loches, en Touraine. Il y a reçu le prix poésie pour son livre « La mécanique du ciel« , qu’il est venu présenter aux cafés littéraires dans l’après-midi. Un entretien passionnant autour de la création, mené par le journaliste Christian Panvert auquel We Culte a assisté, que nous reproduisons ici.
CharlÉlie Couture: « Les livres, c’est des boîtes dans lesquelles il y a des heures passées à réfléchir, à penser, à être »
Artiste pluridisciplinaire, CharlÉlie Couture aime toutes les formes d’art, chanson, dessin, photo, peinture… Ce week-end, il était l’un des prestigieux invités de la 2ème édition du salon des livres « Les Ecrivains chez Gonzague Saint Bris » à Chanceaux-près-Loches en Touraine, où il s’est vu remettre le prix poésie pour son livre « La Mécanique du ciel« . « Le lien entre toutes les choses que je fais, c’est la poésie » a dit l’auteur de « Même pas sommeil » son 23ème album paru cet hiver, en recevant son prix au balcon du Chalet des Chasseurs : « La création artistique, c’est avoir la nécessité de faire, d’exprimer ce que l’on ressent. C’est une chose d’apparaître et c’est une autre chose de ne pas disparaître. Et pour ne pas disparaître, il faut garder à l’intérieur de soi une foi, une conviction et surtout la force de la liberté« . Un ouvrage, dont il est venu parler dans l’après-midi en public, lors des rencontres littéraires animées par le journaliste Christian Panvert. Un entretien passionnant sur la création et la question de l’existence, que l’on retrouve au cœur de l’œuvre de CharlÉlie Couture.
Votre présence à Chanceaux-près-Loches est celle de l’auteur, l’auteur de poésie pour « La mécanique du ciel ». Il s’agit de 50 poèmes « inchantables » et pourtant quand on les lit, ils chantent dans nos têtes. Est-ce aussi vrai pour vous ?

Votre livre est un peu comme un livre de chevet. Parfois, on va y chercher un petit bout, on va picorer et à chaque fois, ça nous donne de l’énergie…
CharlÉlie Couture : Un de mes ouvrages de référence, c’est « Le livre de l’intranquillité » de Fernando Pessoa, que j’ai eu à côté de mon lit pendant des années et qui m’accompagne. J’aime le fait que l’écriture, sans pour autant avoir une fin de narration romanesque, permette de faire vibrer ce que l’on a à l’intérieur de soi. Car finalement, l’expression, c’est le fait de faire sortir ce trop-plein.
Vous dites d’ailleurs « ma vie déborde et j’ai toujours essayé d’outrepasser la nécessité »…
CharlÉlie Couture : C’est ça. Un chef cuisinier, il a du plaisir à faire la cuisine, il va choisir ses ingrédients, mais en aucun cas, il ne peut prévoir l’appétit des convives. Et si l’on fait la meilleure nourriture qui soi sur un bateau qui tangue, le public aura peut-être la gerbe alors que ce que tu as fait est délicieux (rires). On ne peut pas prévoir comment les gens vont réagir. Quand je réalise un tableau, je ne me préoccupe pas de sa valeur. C’est une autre question. La valeur des choses de l’art, cela n’a rien à avoir avec le plaisir qu’on a à les faire.
Du coup, cela doit être formidable et touchant de voir que l’on rencontre le public…
CharlÉlie Couture : On va dire que c’est un cadeau, mais ce n’est pas la finalité. Cela rassure quand on trouve un écho mais il y a des fois où l’on fait des choses qui ne trouvent pas leur public. Cela arrive aussi. Soit parce que l’on s’est trompé, soit parce que les circonstances font que ce n’est pas ce dont les gens ont envie à ce moment-là. Comme j’ai l’habitude de dire que même Roger Federer fait des doubles fautes (rires), mais pour lui, c’est un détail dans l’histoire, il va continuer à jouer comme si de rien n’était. Donc, quand on fait une œuvre, quelle qu’elle soit, on s’efforce de la faire au mieux, mais même si on se trompe, l’important c’est de pouvoir se relever, continuer. Le cadeau c’est d’avoir par moment une relation amicale avec le public, qui quelques fois dans mon cas, va plus loin que la simple amitié ou admiration que les gens peuvent ressentir, comme j’écris des choses qui sont assez intimes. Je sais que mes chansons accompagnent l’intimité de certaines personnes. J’entends quelques fois des histoires qui m’accordent une » importance » par rapport au public que je n’imaginais pas. Quand par exemple, le décès d’une personne qui m’a apprécié continue de faire que les gens viennent me voir, en souvenir, ça, c’est très touchant.
Il y a aussi des dessins dans votre livre. Vous écrivez « dessiner, c’est improviser, une caresse dans l’urgence, un courant d’humeur transparente et précise« …

Vous avez cette réflexion sur la lecture : « souvent les livres, on ne les lit pas, mais on pense que déjà les acheter c’est détenir leur savoir et mine de rien, c’est faire un pas vers ce qu’on n’a pas « .

Vous n’avez jamais eu de Victoire de La Musique. Quand on y pense, cela paraît impossible. Comment expliquez-vous qu’un artiste comme vous n’a jamais pu être nominé ? Est-ce que vous faites trop de choses ?
CharlÉlie Couture : En échange, il y en a combien qui existent encore et qui l’ont eue ? (rires). Je m’en fous. A une époque j’étais un peu triste, pensant que ce que je faisais ne les intéressait pas. J’ai fait plus de 1500 concerts, 23 disques et jamais je n’ai été nominé, même pas pour une pochette, un clip. Je me suis dit « je n’existe pas pour ce monde-là ». J’existe toujours. Je viens de faire une trentaine de concerts qui accompagnent le dernier album « Même pas sommeil « . J’en ai plein d’autres à la rentrée. A la limite, j’ai vécu sans cela, sans un certains nombres de reconnaissances, mais j’en ai d’autres comme celles que j’ai aujourd’hui ici, qui me fait très plaisir.
Entretien réalisé par Christian Panvert
« La mécanique du ciel » par CharlÉlie Couture – Castor Astral.





