Le chanteur Louis Arlette bouscule les codes de la chanson-rock et sort son premier album Sourire carnivore. Un disque beau et étrange à l’énergie brute, teinté de songes romantiques et de noirceur qui invite au plus fascinant des voyages.
Attendez-vous à une expérience sonore étrange, quelque chose venu de l’âme brûlante d’un artiste inclassable. Louis Arlette, 32 ans, est un chanteur totalement habité par son art, dont la musique à l’énergie brute et presque animale invite au plus fascinant des voyages. Est-ce de la chanson, du rock, de l’électro ? Peu importe les étiquettes. On est ici dans un monde à part, porteur de rêves, de tourments et d’ambiances rétro-futuristes orchestré par un artiste pour qui la musique n’a pas de limite.
Autant influencé par Depeche mode, The Cure, Indochine que par la musique industrielle de Kraftwerk, Louis Arlette a suivi un cursus musical classique. Puis, il a travaillé avec Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel du groupe Air. Une expérience de studio et de scène formatrice pour celui qui a toujours cru en son étoile. Voici qu’il sort aujourd’hui son premier album Sourire carnivore. Un disque où l’on oscille entre noirceur, énergie primitive et élégance d’un univers qui surprend par son désir de liberté.
Il y a du romantisme dans les chansons teintées d’ombre et de lumière de Louis Arlette, quelque chose de sulfureux où pointe le malaise du monde actuel. Ecoutez-le et laissez-vous envoûter par le Sourire carnivore de ce chanteur aux débuts prometteurs.
Comment êtes-vous venu à la musique ?
Louis Arlette : J’ai commencé très jeune. Je suis entré au Conservatoire vers 5 ans. J’ai fait du piano et du chant. J’ai été violoniste dans un orchestre de musique de chambre pendant quelques années. Vers 19 ans, j’ai commencé à faire des sessions en studio et là, ça été le déclic. Je me suis passionné pour le son. J’ai monté mon studio (Le bruit blanc ), j’ai fait des rencontres…
Comme le duo Air avec qui vous avez eu la chance de travailler…
Louis Arlette : C’est une des grandes rencontres de ma vie. J’ai passé une dizaine d’années avec eux. Quand je suis arrivé dans leur studio, j’avais 22 ans. J’ai commencé ingénieur du son avec eux, ensuite j’ai fait du mixage, de la réalisation. J’ai travaillé aussi leurs projets solos. On a fait trois albums ensemble et pas mal de concerts, des musiques de films. Ils m’ont énormément appris dans le sens où ils ont une culture du son très particulière. C’était un laboratoire, un terrain de jeu génial !
Qu’entendez-vous par le titre assez énigmatique de votre album Sourire carnivore ?
Louis Arlette : C’est un titre qui plonge l’album dans le signe du malaise. C’est un peu mon Orange mécanique, deux mots qui ne vont pas ensemble et qui ont quand même une portée poétique. Un malaise au niveau éthique, social. Je m’intéresse beaucoup à la question animale. «Sourire Carnivore» englobe ce ressenti que j’ai de la situation actuelle, que je trouve assez malsaine. On a tendance à camoufler des problèmes sordides et mortifères, surtout du point de vue de la consommation. Ce qui rejoint la cause animale. Certains philosophes disent que l’homme a besoin de tuer pour vivre. J’ai voulu faire un morceau là-dessus.
Votre univers à mi-chemin entre la chanson et le rock est à la fois fascinant et à part. Comment le définiriez-vous ?
Louis Arlette : J’essaie de mélanger des choses qui sont diverses, parfois opposées, contrastées. C’est certainement dû à mes influences. Je pars d’une passion pour la chanson et la littérature française. En même temps, je suis très marqué par le son et la culture anglo-saxonne et l’univers du studio. J’essaie de marier ces deux influences. C’est une chose qui se fait rarement en France. Sans doute qu’on a un complexe, notamment au niveau de la langue. On a de très belles productions, mais des groupes qui n’osent pas ou ne veulent pas chanter en français. Parfois, on s’embourbe dans une espèce de traditionalisme. On a besoin de rester dans une forme classique de chanson française, que je trouve personnellement assez poussiéreuse.
Il y a aussi une forte présence des synthés dans vos chansons. Les machines, c’est important pour vous ?
Louis Arlette : J’adore les machines qui sont des outils qui permettent de s’exprimer, un peu comme des extensions de notre corps. Il y a un album qui m’a énormément marqué de Kraftwerk The man machine. Je trouve ça poétique de réussir à utiliser ce paradoxe, ce mélange d’humain et de machine. C’est une des choses qui nous défini en tant qu’être humain, la capacité à utiliser cette technologie et à l’inventer évidemment.
Vos textes sont à la fois poétiques et sombres. Comment expliquez-vous votre fascination pour une certaine noirceur ?
Louis Arlette : Je suis très attaché à mes tourments. C’est peut-être ce qui m’a permis de les accepter, de les utiliser et de les transformer en matière, en création. Je conçois mal une vie où tout irait pour le mieux, où on n’aurait plus de passion, d’extrême. Ce qui serait pour moi une vie aseptisée.
Quels thèmes avez-vous voulu aborder dans Sourire Carnivore ?
Louis Arlette : Il y a vraiment une influence des romantiques en général. J’adore par exemple Victor Hugo. J’ai toujours une vision imagée et j’utilise beaucoup de métaphores sur la nature, qui me parle énormément. J’aime tout ce qui peut se rapporter à la mer. Il y a l’avalanche, le naufrage… c’est clairement un héritage de la littérature romantique.
Parlez-nous des groupes qui vous ont fait vibrer ?
Louis Arlette : Les tout premiers vinyles anglo-saxons que j’ai écouté sur la platine de ma mère, ça été Sgt Pepper’s des Beatles et Pink Floyd. J’ai écouté beaucoup de chanson française. Brel, Boris Vian, que j’adore. J’ai toujours été attiré par les courants de musiques industrielles, sombres, notamment Joy Division ou Nine Inch Nails, un groupe américain de métal industriel, qui m’a beaucoup influencé dans la démarche du son. Et j’ai aussi pas mal de restes de musique classique. J’ai écrit beaucoup d’arrangements de violons dans le disque.
Quelle lecture faites-vous de la chanson A la dérive ?
Louis Arlette : J’aime les images d’espace, l’idée d’apesanteur, de dérive. C’est un morceau qui parle de la création, de ces montagnes russes qu’on peut vivre au quotidien, des hauts et des bas et comment les gérer. Dans l’acte de création, il y a toujours un côté saut dans le vide, parce qu’on ne sait pas ce qu’on va trouver. On plonge au fond de soi, vers cet infini. Je suis constamment en recherche d’équilibre que je trouve par la musique, le fait de composer. Ce morceau exprime cette recherche-là.
On va bientôt vous découvrir sur scène. A quoi doit-on s’attendre ?
Louis Arlette : Ce que je voudrais surtout, c’est faire exploser toute la tension accumulée pendant ces longs mois de studio. J’en ai besoin. Sur scène, j’aimerais une énergie plus primitive, qui va droit au but. C’est le contact direct avec le public qui m’importe. J’ai envie de quelque chose qui soit énergique et énergisant.
Album Sourire Carnivore (Le bruit blanc/ Wagram)
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