Mickey 3 D Sebolavy

Mickey 3 D

Après sept ans d’absence Mickey 3D sort Sebolavy, un album pop-rock qui mêle poésie et regard concerné sur l’époque avec un titre hommage à de jeunes résistants.

Votre dernier album, la Grande Évasion, date de 2009. Pourquoi une aussi longue absence ?

MICKAËL FURNON Parce que je n’étais pas satisfait des chansons que j’avais écrites. Je ne voulais pas sortir un disque qui ne me plaise pas. J’en avais marre de m’entendre. Je fais des chansons depuis plus de vingt ans. J’ai eu besoin de me ressourcer en écrivant pour d’autres, Vanessa Paradis, Zaz. J’ai envoyé des maquettes guitares-voix de chansons à un copain musicien, Thierry Bon, qui habite Toulouse. Il m’a renvoyé des musiques sur lesquelles je me suis amusé à poser des textes. Cela m’a remis le pied à l’étrier.

Faut-il voir dans le titre du disque, Sebolavy, un clin d’œil à Rrose Sélavy de Marcel Duchamp ?

MICKAËL FURNON Pierre de Ronsard avait écrit un poème « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie » et Marcel Duchamp s’en est inspiré pour créer un personnage qu’il a appelé « Rrose Selavy », comme Robert Desnos dans une de ses nouvelles. Tous ces gens m’ont inspiré et ça a donné Sebolavy. On me dit souvent que c’est une écriture un peu texto, mais pour moi c’est plus une référence à Ronsard et Desnos qu’à Nabilla ! (Rires.)

L’album s’ouvre par le titre la Rose blanche , inspiré de l’histoire de Sophie Sholl, une résistante allemande. Qu’est-ce qui vous a intéressé chez elle ?

MICKAËL FURNON C’était une jeune étudiante que l’on peut voir sur la pochette de l’album. Elle faisait partie d’une bande d’étudiants allemands ayant grandi dans les jeunesses hitlériennes qui, à l’adolescence, en pleine guerre, se sont rebellés contre le système nazi. Ils ont été arrêtés et exécutés. Je trouve très fort qu’en Allemagne des jeunes gens endoctrinés aient eu le courage de se battre dans leur propre pays, contre le régime, jusqu’à y laisser leur vie. J’ai découvert cette histoire par un documentaire d’Arte. J’ai lu, je me suis renseigné, et ça m’a inspiré une chanson où je ne cite pas de nom, mais qui parle d’espoir. Elle est venue naturellement, cela n’arrive pas souvent dans une carrière. J’ai eu cette sensation avec J’ai demandé à la Lune et Respire, où tout à coup l’inspiration vous prend. C’est ce qui a tout déclenché.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=9dLH5gO2DWs&w=560&h=315]

Que voulez-vous dire par « Rallonge tes rêves » ?

MICKAËL FURNON C’est une chanson sur les rêves qu’on peut avoir à 40, 50 ou 60 ans, des rêves politiques, sociaux. Les gens qui ont aujourd’hui la soixantaine ont peut-être connu mai 1968 et pourraient connaître une grosse désillusion. J’ai passé la quarantaine et je me dis qu’à tout âge on peut encore rêver et se dire que la vie ne détruit pas tout.

Dans la chanson Sebolavy vous dites « après les prochaines élections, faudra peut-être s’enfuir en avion ». Êtes-vous inquiet du populisme ambiant ?

MICKAËL FURNON Je suis inquiet et j’ai du mal à analyser. J’ai eu 18 ans en 1988, au moment du second mandat de Mitterrand. J’étais persuadé que le racisme allait disparaître, que la droite ne reviendrait jamais au pouvoir, qu’on était un pays de progrès, d’accueil, de droits de l’homme. J’étais peut-être un peu rêveur, mais j’étais persuadé qu’on progressait. Plus de vingt ans après, je vois les jeunes qui votent FN. À mon époque, on votait à gauche et les vieux cons votaient à droite. Aujourd’hui, j’ai l’impression que les jeunes sont des vieux cons et ça me fait mal. Sans doute n’est-ce pas de leur faute. Peut-être qu’ils n’ont plus de repères, de grands-parents qui ont connu la guerre, qu’ils ont peur de l’avenir. Mais je ne me vois pas habiter dans un pays si certaines personnes arrivent au pouvoir. J’aurais trop honte.

Après votre concert au Trianon, vous partez en tournée. Heureux de retrouver la scène ?

MICKAËL FURNON C’est ma deuxième vie, ma deuxième peau. La scène n’est pas un endroit où je me transforme complètement mais où je me sens bien. On sera cinq avec Najah (chant, accordéon, synthé), qui était là au début de Mickey 3D, et trois copains musiciens qui jouent dans la troupe Les En’Forez dans ma région de Montbrison, avec qui on fait des concerts pour la bonne cause. Ma dernière scène était en 2010, c’est super de vivre à nouveau toutes ces émotions.

Album Sebolavy chez Parlophone. Tournée jusqu’au 6 août.

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