Fanelly: « Toutes les chansons ont vraiment été écrites dans le métro, tout comme les mélodies. Il m’arrive aussi de peaufiner l’écriture la nuit et j’ai réalisé les démos de tous les instruments dans ma cave »
Son nom commence à circuler en France et en Italie depuis la sortie, en mars dernier, de « Metro Stories ». Et l’engouement devrait vite gagner les amoureux des mélodies enlevées, entre pop et jazz, des textes originaux, des arrangements subtils. Sans oublier ce timbre chantant hérité de la région des Pouilles où elle a grandi. Des chansons écrites, composées et arrangées par Fanelly (également guitariste), qui racontent toutes une histoire. Celle de personnages croisés dans le métro: un « Superhero », « The Bubble Man« , des employés au bord du « Burnout« , un businessman en quête d’accomplissement dans « One Step Behind »... Enregistré entre la France et l’Italie, avec la contrebassiste Sélène Saint Aimé ( l’étoile montante du jazz), le guitariste Matthieu Barjolin, Davide Chiarelli à la batterie et aux percussions, ainsi que des guests sur des solos, cet opus auto-produit est l’une des belles surprises de ces dernières semaines.
Toutes les chansons ont vraiment été écrites dans le métro ?
Fanelly : Oui tout comme les mélodies. Il m’arrive aussi de peaufiner l’écriture la nuit et j’ai réalisé les démos de tous les instruments dans ma cave.
Il s’agit de personnages croisés au hasard des stations ?
Fanelly : Pour moi, le métro était comme une sorte de laboratoire. J’avais comme une projection de leur image pendant quelques instants. Et, derrière l’image que je recevais, je me suis mise à imaginer leurs rêves, leurs frustrations, leurs espoirs.
La chanson « One Step Behind » évoque aussi les attentats de Paris en 2015 ?
Fanelly : Oui, même si je ne prononce jamais le mot. En fait, le besoin d’écrire est venu après la disparition de mon père et ces évènements tragiques qui se sont déroulés à Paris. C’était comme une thérapie, une manière de faire le deuil.
Il paraît que votre envie de faire de la musique est venue après un concert de Charlie Winston…
Fanelly : J’aimais bien l’univers sensible et original de cet artiste, son coté pop-folk et spontané. Dès le lendemain de ce concert au Casino de Paris, j’ai eu envie d’acheter une guitare et surtout d’apprendre à jouer car j’avais déjà 33 ans ! J’ai eu un excellent professeur et un fin pédagogue en la personne du guitariste Matthieu Barjolin qui m’a appris les premiers accords. J’ai commencé à composer au bout de quelques mois.
Un professeur que l’on retrouve parmi les musiciens de l’album ?
Fanelly : C’est vrai que c’est assez fou. J’ai hésité à lui demander car je ne me sentais pas assez légitime. Je débarquais un peu de nulle part mais j’avais une idée très claire de ce que je voulais.
Dans le livret, on peut lire un extrait de « A une passante » de Baudelaire (« Les Fleurs du Mal »). Pourquoi ?
Fanelly : J’ai mis quelques lignes de ce poème au début du livret parce que j’avais le sentiment qu’il reflétait l’esprit que j’ai voulu mettre dans l’album, le caractère éphémère de toutes choses. Baudelaire imaginait tout un monde derrière cette femme.
Pouvez-vous nous parler du titre étrange intitulé « Prélude » ?
Fanelly : En fait, il est né d’une erreur ! J’étais dans le métro et j’essayais de capter un refrain que j’avais enregistré. J’ai appuyé sur reverse sans le faire exprès et d’un seul coup, le morceau a pris un côté mystérieux. Je l’ai conservé comme ça, sans rien changer. La voix est a cappella et à l’envers. On me demande parfois dans quelle langue je chante !
En parlant de langue, pourquoi avez-vous choisi de vous exprimer principalement en anglais ?
Fanelly : C’est venu spontanément car je parle souvent anglais lors de mes voyages et de mon travail dans le marketing. Je me sens comme une citoyenne du monde et la langue n’a jamais été une barrière pour moi. Chanter des ma langue maternelle viendra probablement plus tard.
« Koria » est la seule chanson de l’album que vous interprétez en français et en italien ?
Fanelly : Pourtant, Koria ne veut rien dire, ni en français ni en italien ! En fait, j’étais en train de travailler quelques accords de « Blackbird » de Paul McCartney sur les conseils de mon professeur. Ma fille qui avait alors 3 ans me sollicitait pour jouer. Je lui ai donc proposé d’inventer et détourner la signification de certains mots pour l’amuser. Comme je le chante dans ce titre: « Koria veut peut-être dire rêver, si j’en ai besoin… »
Entretien réalisé par Annie Grandjanin
– Album « Metro Stories » (Tunecore/bandcamp), disponible depuis le 19 mars 2021
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