À la page. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Les Assassins de l’aube » de Michel Bussi, l’un des maîtres français du thriller, pour une intrigue en Guadeloupe. On enchaîne avec « Dickens & Prince. Un génie bien particulier », du toujours impeccable écrivain britannique Nick Hornby qui fait cohabiter, dans son nouveau livre, le romancier Charles Dickens et le musicien et chanteur Prince. On boucle avec « Mon assassin », un texte ravissant signé Daniel Pennac entre réalité et fiction.
MICHEL BUSSI : « Les Assassins de l’aube »
Avec plaisir, il dit encore et encore : « Je fais une promesse d’évasion au lecteur » et aussi : « Je veux que le lecteur se promène dans mes livres ». Le moins qu’on puisse écrire, c’est que Michel Bussi, 59 ans, sait y faire.
Une fois encore avec son nouveau roman, « Les Assassins de l’aube », il squatte les premières places des meilleures ventes. Et qu’importe s’il installe l’intrigue en France ou au loin. Ainsi, dans ce nouveau livre, il emmène les lecteurs aux Antilles, plus précisément en Guadeloupe au bord du chaos.
Donnée de l’aventure : sur l’île de tous les dangers, trois touristes- dont un homme d’affaires- sans lien entre eux sont retrouvés assassinés, un harpon planté en plein cœur, tués à l’aurore. Dans ce thriller de haut vol, la question : est-ce de la magie noire ou une machination diabolique ?
L’enquête est confiée au commandant guadeloupéen Valéric Kancel- qui a fait carrière en métropole- et à ses deux adjoints, qui ne doivent pas oublier que la mort de l’homme d’affaires a été annoncé « en direct » par un « quimboiseur », un sorcier vieillard et antillais, surnommé « l’Œil noir »… Alors, le commandant s’intéresse au passé de l’île- et découvre que le tueur passe à l’acte dans des « lieux de mémoire liés aux pires moments de l’histoire »…
- « Les Assassins de l’aube » de Michel Bussi. Presses de la Cité, 408 pages, 22,90 €.
NICK HORNBY : « Dickens & Prince. Un génie bien particulier »
Voici un drôle de zigomar ! En bon Britannique qu’il est, il cultive deux passions. Le football et la musique. Au premier, Nick Hornby (67 ans, né à Redhill et ancien journaliste) a consacré un ouvrage essentiel, « Carton jaune »– 1992, et au second, un texte tout aussi important, « 31 Songs »– 2004.
LIRE AUSSI : « Les sentiers de neige » : Kev Lambert ou le monde parallèle de l’enfance
On le retrouve avec un essai, « Dickens & Prince. Un génie bien particulier ». A la vue de la couverture, on peut se demander ce qu’est arrivé à cet écrivain britannique pour faire cohabiter dans un même espace un romancier du XIXe siècle et le « Kid de Minneapolis », le « nain pourpre » de la pop music, superstar entre 1978 et 2016.
L’auteur nous fournit une première réponse : « faute d’un terme plus exact », les deux font partie de sa famille ! Deuxième raison : tant l’écrivain blanc que le musicien afro-américain « n’ont pas baillé aux corneilles », laissant à leur mort une œuvre colossale tant par sa quantité que par sa qualité.
Et de confier qu’il a découvert Dickens avec son premier roman écrit à la vingtaine, « La Maison d’Âpre-vent », et Prince avec son premier succès, l’imparable « I Wanna Be Your Lover ». Brillantissime, Nick Hornby ne manque pas de rappeler que les deux génies, jeunes, ont connu de graves problèmes d’argent. Ce qui explique leur production débordante !
- « Dickens & Prince. Un génie bien particulier » de Nick Hornby. Traduit par Christine Barbaste. Stock, 180 pages, 19,90 €.
DANIEL PENNAC : « Mon assassin »
C’était promis-juré, la saga Malaussène c’était fini, bien fini, parole de Daniel Pennac ! Mais l’écrivain, parmi les plus populaires du monde des lettres francophones, est un farceur. En effet, il nous revient avec « Mon assassin », un petit livre sacrément futé, follement enthousiasmant.
Celui qui affirme écrire « pour ne pas trop me fréquenter » sait mieux que quiconque s’amuser avec la littérature. Ainsi, il nous emmène dans ce qui pourrait être son atelier d’écriture. Et nous laisse entrevoir la vérité sur la tribu Malaussène.
Oui, il confie s’inspirer, pour ses personnages, de ses ami.e.s quand ce n’est pas de lui-même : pour Pépère, l’une des stars de la troupe Malaussène, il avoue qu’il y aurait un peu beaucoup de lui ! Et puis, au fil des pages, il glisse que deux autres personnages sont grandement inspirés des deux directeurs de la Noire, cette collection où il a publié son premier livre.
Ancien professeur de littérature après avoir été chauffeur de taxi et illustrateur, il propose là avec ce petit et bref livre un « concentré de Pennac », jonglant allègrement avec la réalité et la fiction tout en évoquant un demi-siècle d’amitié- et aussi son amour illimité pour la littérature. « Mon assassin », l’exemple parfait d’une « masterclass » pétillante et du livre-plaisir !
- « Mon assassin » de Daniel Pennac. Gallimard, 160 pages, 18 €.
Serge Bressan