eddy mitchell
Eddy Mitchell se raconte avec sincérité et humour dans "Autobiographie". Photo :Joël Saget. AFP

Livres. Avec son « Autobiographie », Eddy Mitchell nous ouvre les coulisses d’une vie riche en musique, en amitiés et en émotions. À 82 ans, celui que l’on surnomme affectueusement « Monsieur Eddy » se raconte avec la sincérité et l’humour qui ont fait sa renommée. De son enfance dans le Belleville des années 50 à ses aventures musicales avec les Chaussettes Noires et Johnny Hallyday, en passant par ses passions pour le poker et le cinéma, ce récit est un vibrant témoignage d’une époque et d’un homme qui a marqué la scène française. Un livre à l’image de son auteur : inimitable, touchant et plein d’esprit.

eddy mitchell

Eddy Mitchell, le rocker éternel aux lunettes noires, nous ouvre enfin les portes de sa vie dans son Autobiographie parue aux éditions Le Cherche Midi. À 82 ans, celui que l’on surnomme « Monsieur Eddy » dresse un portrait aussi truculent qu’émouvant de son existence, de ses débuts dans le Belleville populaire des années 1950 à son rôle de sage patriarche du rock français.

Derrière le vernis de la star se cache une sincérité désarmante. Eddy Mitchell n’évite rien : les succès, les excès, les amitiés indéfectibles, notamment avec Johnny Hallyday et Jacques Dutronc. Ces pages ne sont pas seulement un récit, elles sont une conversation à cœur ouvert avec un artiste qui a fait danser plusieurs générations sur des rythmes venus d’outre-Atlantique.

Belleville, le terreau d’une révolution musicale

C’est dans les rues de Belleville que tout commence. Eddy, encore Claude Moine à l’époque, découvre le rock’n’roll en entendant pour la première fois « Rock Around the Clock » de Bill Haley. Ce fut une révélation. Dans un style qui oscille entre la nostalgie et un humour pince-sans-rire, il évoque les cinémas de quartier et les juke-boxes où il passait des heures, fasciné par ce son étranger qui allait transformer sa vie.



Les anecdotes croustillantes pullulent. On apprend par exemple qu’à ses débuts, il chantait en phonétique faute de parler anglais, provoquant des fous rires chez ses proches mais aussi une admiration naissante dans les clubs parisiens comme le mythique Golf Drouot. Là-bas, le jeune Claude Moine devient Eddy Mitchell, nom de scène choisi pour sa sonorité américaine.

L’épopée des Chaussettes Noires

Avec les Chaussettes Noires, Eddy raconte l’effervescence des années 60, cette époque où tout semblait possible : « On était des gamins, on avait faim de musique et de liberté. » Il décrit avec délice les tournées épiques, les nuits blanches et les fans. Mais aussi les moments d’épuisement et les premiers doutes.

Eddy se livre et dresse un tableau vivant de la France qui s’américanise. Les yéyés, le twist, les premières guitares électriques… tout est là, raconté avec la verve d’un conteur chevronné.

Une carrière en solo sous le signe de la liberté

Lorsque les Chaussettes Noires se séparent, Eddy entame une carrière solo marquée par des choix artistiques audacieux. Il parle de sa volonté de ne pas se laisser enfermer dans un style. « La dernière séance », chanson emblème inspirée par son amour du cinéma, est aussi un écho à sa propre vie, comme un film d’époque où chaque chapitre reflète une nouvelle aventure.

Les amitiés, les ombres et la lumière

Avec une tendresse palpable, il évoque Johnny Hallyday, à la fois compagnon de route et « frère d’armes ». Leurs fous rires, leurs disputes, mais surtout leur lien indéfectible sont racontés sans filtre. Il confie également l’épreuve de la perte de Johnny, une absence qui a laissé un vide immense : « Je pense à lui très souvent, il me manque. J’étais pour lui une sorte de grand frère (…). Je lui en veux de s’être cru invulnérable et de nous l’avoir fait croire. Il croyait passer à travers tout. Il voulait rester le plus fort, comme un demi-dieu. Et nous aussi, on le voulait pour lui ».

En dehors de la scène, Eddy partage son amour du poker, un jeu qu’il pratique avec passion depuis des années. Entre parties endiablées avec des amis et stratégies longuement échafaudées, le poker est pour lui un équilibre entre adrénaline et réflexion.

Son refuge ? Sa maison à Saint-Tropez, où il aime se reposer loin des tumultes. Il y décrit des moments de paix, entouré de sa famille. Il parle aussi de Muriel, sa femme depuis plus de 40 ans. Elle est le pilier de sa vie, une présence discrète mais essentielle, qu’il dépeint avec une tendresse infinie.

Une plume inimitable, un regard lucide

Le livre est porté par une écriture qui ressemble à Eddy Mitchell : directe, rythmée, teintée d’ironie mais toujours chaleureuse. Il nous emmène dans les coulisses de sa vie avec une telle authenticité que l’on a l’impression d’écouter un vieil ami nous raconter ses histoires.

Cette autobiographie s’impose comme un témoignage incontournable. Non seulement elle brosse un portrait d’une époque mais elle révèle aussi l’âme d’un artiste qui, malgré les projecteurs, est resté fidèle à lui-même. Un homme qui, à 82 ans, nous livre un ultime cadeau : sa vérité. Un voyage à ne pas manquer.

Victor Hache

  • A lire : Eddy Mitchell « Autobiographie ». Le Cherche Midi, 240 pages – 19,80 €

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.