les livres de la semaine
Erri De Luca publie "Grandeur nature" ©AFP - Eliano Imperato / Controluce

Les Livres de la semaine. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Grandeur nature », le nouveau livre de l’Italien Erri De Luca– un recueil de neuf textes sur la création et la filiation ; on enchaîne avec le toujours impeccable Philippe Djian qui publie « Sans compter » et s’amuse entre Nouveau Roman et roman noir, et on boucle cette semaine de lecture avec la prix Nobel de littérature 2018, la Polonaise Olga Tokarczuk qui à travers « Jeu sur tambours et tambourins » nous envoie des (très bonnes) nouvelles…

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Les Lives de la semaine : « Grandeur nature » de Erri De Lluca

ERRI DE LUCA : « Grandeur nature »

D’emblée, il pose : « On pose parfois cette question insoluble : quelle est la raison qui pousse à écrire ? » Il ajoute : « Les possibilités de réponses forment un genre littéraire qui va de l’irrésistible impulsion créative à la justification moins exigeante. Je suis proche de la deuxième catégorie : je dois me justifier ». Une fois encore, Erri De Luca, écrivain italien, 72 ans, brille de mille feux avec son nouveau livre, « Grandeur nature ». En à peine 170 pages, il réunit neuf courts textes. « Des histoires extrêmes de parents ou d’enfants », écrit-il. Et d’ajouter : « J’en suis à moitié étranger : n’étant pas père, je suis resté nécessairement fils ». Avec Naples aussi présente qu’absente, l’auteur de « Montedidio » ou encore de « La Parole contraire » propose un thème- la filiation, en variations. Mais avec lui, hier ouvrier, aujourd’hui alpiniste de haut niveau et lecteur quotidien de la Bible en hébreu, le banal n’a pas lieu. Il nous fait croiser de jeunes vagabonds, la fille d’un nazi en cavale, la jeunesse révoltée de Mai 68 ou encore le directeur d’un orphelinat de Varsovie. Un texte, un livre de De Luca, c’est le grand mix de l’intime et de l’universel. « Grandeur nature », c’est aussi un immense bonheur de lecture, le dira-t-on jamais suffisamment ?

« Grandeur nature » d’Erri De Luca. Gallimard, 178 pages, 18 €.

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Les Livres de la semaine : « Sans compter » de Philipp Djian

PHILIPPE DJIAN : « Sans compter »

Journaliste, Nathan travaille à « L’Eveil ». Il y a tout fait : pigiste, reporter… maintenant, il en est le rédacteur en chef. Le journal appartient à sa belle-mère, Gaby- également poétesse magnétique et à la beauté renversante. Il est marié à Sylvia, elle l’aime comme un frère, ils font chambre commune mais dans deux lits séparés, il est impuissant. Et raide dingue de sa belle-mère. Gaby, ô Gaby ! Dans « Sans compter », la nouvelle livraison de Philippe Djian, ça commence avec de fortes influences du Nouveau Roman. Vite, ça va virer au polar- polar oui, mais assaisonné à la sauce Djian ! Ainsi, va entrer dans la danse un député du coin, il est promoteur et lorgne sur les affaires de la belle-mère… et Nathan, tout en devenant l’amant de la belle-mère, devient aussi celui de la femme du député et de sa gouvernante. Résumé, on dira que Nathan a l’art de se mettre dans de beaux draps… D’autant qu’il apprend la mystérieuse disparition d’une randonneuse. Il pense, a-t-il raison ?, que la belle-mère et son terrain, le député, la randonneuse, tout ça est lié. Malin comme un renard, félin comme un tigre, Philippe Djian a placé Nathan, telle une mouche, dans ce qui ressemble fort à une toile d’araignée. « Sans compter », voilà bien un Djian de grande cuvée…

« Sans compter » de Philippe Djian. Flammarion, 256 pages, 21 €.



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Les Livres de la semaine : « Jeux sur tambours et tambourins » de Olga Tokarczuk

OLGA TOKARCZUK : « Jeu sur tambours et tambourins »

Prix Nobel de littérature 2018, Olga Tokarczuk est tenue dans son pays natal comme la meilleur des écrivains polonais contemporains. A 60 ans, elle est même saluée outre-Atlantique où vient de paraître un de ses textes essentiels, « Les Livres de Jakob » (publié en VF en 2018). Et là, en version française, nous arrive « Jeu sur tambours et tambourins »- un recueil de dix-neuf nouvelles paru originellement en 2001, complété de son premier recueil, L’Amour et autres nouvelles. Nous voilà donc plongé.e.s dans le laboratoire narratif d’une auteure qui assure : « La nouvelle est l’une des formes achevées de la littérature, c’est elle qui exige le plus d’efforts et d’inventivité ». En ouverture de ce menu de grand choix, « Ouvre les yeux, tu n’es plus en vie ! » C. est une lectrice, elle lit un polar qui ne la satisfait pas mais elle veut absolument le terminer- invités dans un château, tous les personnages sont des auteurs de romans policiers qui s’adonnent, durant le dîner, au jeu de l’Assassin. Mais il n’y a pas de meurtre, alors C. intervient et, allègrement, assassine. Les autres nouvelles sont du même niveau, Olga Tokarczuk revendique une littérature où tout est permis, entre fantasmes et doubles qui hantent le texte. Jouez tambours, sonnez tambourins !

« Jeu sur tambours et tambourins » d’Olga Tokarczuk. Editons Noir sur Blanc, 354 pages, 23,50 €.

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