les livres qu'on adore
"Le s livres qu'on adore" : VELIBOR ČOLIĆ publie « Guerre et pluie »

Les livres qu’on adore. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Guerre et pluie », le nouveau roman de Velibor Čolić, un texte essentiel entre guerre, pluie et maladie ; on enchaîne avec « Dangereuse vie de bureau » de l’écrivain suisse Guillaume Rihs pour une plongée féroce dans le monde de l’entreprise, et on boucle la semaine avec « Le banquet des Empouses » de la Polonaise Olga Tokarczuk– prix Nobel de littérature 2018, pour un séjour dans un sanatorium en 1912. Bonne lecture à toutes et tous !

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« Les livres qu’on adore » : « Guerre et pluie » de VELIBOR ČOLIĆ

VELIBOR ČOLIĆ : « Guerre et pluie »

En ouverture, les mots du poète écossais Thomas Campbell (1777- 1844) : « Les fatigués pour dormir, et les blessés pour mourir ». Et le plongeon immédiat dans la maladie, à Bruxelles (2021- 2023). Début de « Guerre et pluie », le nouveau roman de Velibor Čolić– né en 1964 en Bosnie, réfugié en France en 1992, vivant actuellement en Belgique. Précédemment, il avait évoqué son enfance yougoslave (« Jesus et Tito », 2010) et ses réflexions sur l’exil (« Le livre des départs », 2020).

Là encore, dans cet hôpital, premier chapitre de « Guerre et pluie », il y a l’absurdité, la tendresse. Le corps est endolori, et pour manifester le temps passé des combats puis de la désertion dans cette guerre des Balkans dans les dernières années du 20ème siècle, il a développé un pemphigus vulgaris, une maladie rare de la peau d’origine auto-immune. Les images, les événements, les « chiens de guerre » ressurgissent- dans le compagnonnage d’un Blaise Cendrars auteur de « La Main coupée », Velibor Čolić avoue qu’il est impossible d’oublier.

La maladie se charge de lui rappeler, à tout moment, l’horreur. Le trauma est là, éternellement, installé au plus profond de son corps, de son esprit. Lui reste alors une ultime solution : « Ecrire malgré la guerre »… Un roman indispensable.

  • « Guerre et pluie » de Velibor Čolić. Gallimard, 290 pages, 22 €.
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« Les livres qu’on adore » : « Dangereuse vie de bureau » de Guilhaume Rhis

GUILLAUME RIHS : « Dangereuse vie de bureau »

La rumeur laisse entendre qu’il aurait être clarinettiste- voire, en faire profession. Il se dit aussi qu’il est grand amateur de menuiserie japonaise… Il s’appelle Samuel Grandpierre, il est chauve et mesure presque deux mètres- il est le héros de « Dangereuse vie de bureau », le nouveau roman de Guillaume Rihs, délicat écrivain suisse qu’on avait découvert en 2016 avec « Aujourd’hui dans le désordre » ont suivi « Un exemple à suivre » et « Ville bavarde ».

Pour cette « Dangereuse vie de bureau », son quatrième livre, l’auteur met en scène Grandpierre qui exerce le métier d’agence immobilière, a appris à conduire à 37 ans et se déplace dans une voiture de directeur.


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La question est posée : éprouve-t-il quelque regret pour cette vie de directeur d’agence immobilière, dans les bureaux de Grandpierre au 17ème étage de la tour Azur avec pas moins d’une trentaine de collaborateurs ? Le directeur confie : « Je parcours vite mon domaine. Je le traverse les yeux fermés, je le connais par cœur. (…) On me voit partout. Partout chez moi. A la cuisine, je me fais cuire un œuf et je vous écoute ».

Une fois encore, Rihs confirme un sens de l’observation aussi pointu qu’acéré. Rien ne lui échappe sur ce monde de l’entreprise- surtout pas sa férocité et sa violence.

  • « Dangereuse vie de bureau » de Guillaume Rihs. Slatkine, 544 pages, 28 €.  
les lilvres qu'on adore le banquet des empouses
« Les livres qu’on adore » : « Le banquet des Empouses » de OLGA TOKARCZUK

OLGA TOKARCZUK : « Le banquet des Empouses »

Prix Nobel de littérature en 2018, l’écrivaine polonaise Olga Tokarczuk avait ébloui le monde des livres en 2010 avec « Les Pérégrins » puis, en 2018, avec un texte colossal- « Les Livres de Jakob ».

Personnage incontournable de la chose, elle nous revient avec un texte essentiel et baroque, « Le banquet des Empouses ». Saut dans le passé : septembre 1912, direction les montagnes de Basse-Silésie. On se pose au sanatorium de Görbersdorf, dans les montagnes de Basse-Silésie.

Un jeune homme, Wojnicz, vient d’y arriver pour y soigner cette maladie qu’on appelle tuberculose. A la « Pension pour Messieurs », il n’y a que des hommes, tous malades et venant de partout en Europe. Leur quotidien : des discussions sur la marche du monde et aussi, et surtout la « question de la femme ».

La misogynie y est honorée mais, derrière, il y a ces voix de femmes si redoutées. Dans cet univers, Wojnicz- personnage aussi sensible que maltraité par son père, tente de cacher ce qu’il est. Mais quand survient une mort violente, il s’interroge. Il entend parler de meurtres rituels, de sorcières réfugiées dans les forêts voisines. Il ignore alors qu’il est l’intérêt de forces obscures… D’une plume délicieusement sorcière, Olga Tokarczuk raconte la vengeance des femmes. C’est implacable…

  • « Le banquet des Empouses » d’Olga Tokarczuk. Traduit par Maryla Laurent. Noir sur Blanc, 304 pages, 23 €.

Serge Bressan

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