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Les romans qu'on adore : Julia Deck publie "Ann d'Angleterre" (c) L’écrivaine Julia Deck photographiée à Paris en 2019. © Helene Bamberger/Seuil

Les romans qu’on adore. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions de lecture. On commence avec « Ann d’Angleterre » de l’impeccable Julia Deck pour un texte consacrée à sa mère, l’Angleterre et un secret. On enchaîne avec « Les Jardins de Torcello » de l’élégante Claudie Gallay pour un séjour sur l’île de Torcello à Venise. On boucle avec « Cette femme qui nous regarde » du grand Alain Mabanckou qui mêle, dans un livre éblouissant, l’Amérique avec des bribes de son autobiographie et de la biographie de la militante pour les droits de l’homme Angela Davis…

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Les romans qu’on adore : « Ann d’Angleterre » de Julia Deck

Tout sur la mère… Ou encore tout sur ma mère, au choix. Ecrivaine de grand talent, Julia Deck est de retour avec « Ann d’Angleterre »– livre de l’intime et de l’universel. Après le très remarqué « Monument national » (2022), tragi-comédie qui réunit sous le même toit d’un château la famille recomposée d’une vedette du cinéma et de sa jeune épouse ancienne Miss Provence, l’auteure change de registre et raconte sa mère.

En avril 2022, celle-ci a été victime d’un accident cérébral, les médecins sont affirmatifs : elle n’en a plus pour longtemps. Il n’en est rien- débute alors une longue convalescence en établissement médical spécialisé. Avec une écriture vive, Julia Deck évoque cette mère née en Angleterre dans une famille ouvrière, passionnée de littérature et venue vivre en France à la sortie de l’adolescence tout en conservant un lien aussi fort qu’étrange avec cette famille d’Angleterre.

Avançant dans l’histoire maternelle, la romancière qui, longtemps, a entretenu des relations conflictuelles avec cette mère d’Angleterre met au jour ce qui pourrait être un secret. Dont seule la mère pourrait en connaître l’existence, l’explication- le révélera-t-elle ? continuera-t-elle à le tenir caché ?… Un roman dense et intense sur un amour d’une fille, d’une femme pour sa mère.

  • « Ann d’Angleterre » de Julia Deck. Seuil, 256 pages, 20 €.

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Les romans qu’on adore : « Les jardins de Torcello » de Claudie Gallay

CLAUDIE GALLAY : « Les Jardins de Torcello »

La mère avait tout prévu. Sa fille Jess, déjà héroïne d’« Avant l’été » (2021), prendrait sa suite à la tête de l’hôtel familial. Il n’en a été rien, elle est partie et à 25 ans, elle est guide à Venise. Elle devait y rester quelques jours, voilà des mois qu’elle vit dans la Cité des Doges, dans un magnifique appartement qu’elle doit quitter puisqu’il est mis en vente.

Par l’entremise du fils de la propriétaire, elle va trouver travail et logis près de Maxence, un avocat pénaliste et célèbre et original qui vit dans une vieille bâtisse sur l’île de Torcello- première île habitée alors que Venise était encore marécage. Son idée fixe : redonner vie aux sept jardins médiévaux du domaine, dévastés par les inondations sur la lagune.

On lit : « Il ne veut pas seulement recréer un paysage passé, mais planter pour l’avenir, que les jardins de Torcello soient un lieu pour les enfants des générations suivantes, qu’ils s’éveillent encore à la beauté ».

Jess y a trouvé un lieu de vie édénique, et tente de trouver une place dans le quotidien de Maxence qui vibre d’un amour tumultueux pour Colin. Auteure d’élégance et de raffinement avec « Les Déferlantes » (2008), Claudie Gallay se révèle, avec « Les Jardins de Torcello », délicieuse guide dans Venise. Sans hésitation aucune, on la suit !

  • « Les Jardins de Torcello » de Claudie Gallay. Actes Sud, 416 pages, 23 €.
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Les romans qu’on adore : « Cette femme qui nous regarde » d’Alain Mabanckou

ALAIN MABANCKOU : « Cette femme qui nous regarde »

Le propos est clairement annoncé. Le livre est une « adresse d’admiration, ainsi qu’un portrait d’une des femmes les plus importantes de notre époque ». Aujourd’hui âgée de 80 ans, cette femme s’appelle Angela Davis, est née dans l’Etat de l’Alabama, a été dans les années 1970 une icône de la lutte pour les droits de l’homme et également professeure de philosophie.

Et c’est à elle que l’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou (entre autres, « Mémoires de porc-épic », prix Renaudot 2006, et « Rumeurs d’Amérique », 2020) consacre son nouveau (et impeccable) texte, « Cette femme qui nous regarde ». Enfant au Congo, dans la bibliothèque de son oncle, il voyait le portrait et l’autobiographie de la militante qui participa activement au mouvement Harlem Renaissance.

Plus tard, il découvrira les écrits et les discours de celle qu’il rencontre le 8 mai 2014 à l’Université de Californie- Los Angeles où ils enseignent. Il se souvient : « Durant les années 1960-1970, le monde s’effondrait sous tes yeux, nous dis-tu d’emblée. Tu l’entendais bien alors, ce craquèlement quotidien… » et propose un texte éblouissant sur le thème « Angela Davis, l’Amérique et moi ». Une rencontre-révélation, des mots pour flotter entre réalité et fiction, une femme et un homme mus par les mêmes respect, liberté, équité, justice…

  • « Cette femme qui nous regarde » d’Alain Mabanckou. Robert Laffont, 160 p, 18,90 €.

Serge Bressan

 

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