marcher dans les bois peter wohlleben
Peter Wohlleben. Photo DR

Livre. Auteur du best-seller mondial « La Vie secrète des arbres », l’écrivain et ingénieur forestier allemand Peter Wohlleben est de retour en librairies avec « Marcher dans les bois », un « guide amoureux de la forêt ». Tout en observation, sensibilisation, protection et reconnexion, voici un anti-manuel totalement indispensable !


Peter Wohlleben a écrit un texte aussi édifiant que vivifiant sur notre rapport à la forêt.  Oui, pour le plus célèbre forestier du monde, aucun doute : les arbres peuvent étonner, émerveiller, c’est pour cela qu’il faut les respecter… 


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Peter Wohlleben. Photo DR

Déjà enfant, il se l’était promis juré : il avait décidé de protéger la nature. Jeune homme, il est devenu forestier mais s’est rapidement révolté contre les méthodes prônées par son patron d’alors pour qui la forêt qu’il exploitait n’était rien que matière première pour les scieries du coin. « Ce type en connaissait pas plus sur la vie secrète des arbres qu’un boucher sur la vie affective des animaux ».

Et puis, l’Allemand Peter Wohlleben est passé à l’écriture. Un premier livre en 2015, ce sera « La Vie secrète des arbres »– best-seller mondial avec plus d’un million et demi d’ouvrages vendus et traduit en plus de trente langues. Suivront « La Vie secrète des animaux » (2018) et « Le Réseau secret de la nature » (2019). A 57 ans, né à Bonn, Wohlleben vit à Hümmel, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Bonn- il y dirige une forêt de hêtres écologique. Et, ingénieur forestier de formation, est considéré aujourd’hui comme le plus célèbre des forestiers du monde…

On le retrouve avec son nouveau livre simplement titré « Marcher dans les bois ». Sous-titre : « Le guide amoureux de la forêt ». Dans un entretien lors de la parution de « La Vie secrète des arbres », il n’avait pas manqué de rappeler une évidence- qu’on a voulu un temps oublier ? : « Les scientifiques savent depuis les années 1970 que les arbres communiquent, et depuis une vingtaine d’années qu’ils s’appuient aussi pour cela sur « l’Internet des champignons », un vaste réseau de filaments enfouis dans le sol. Simplement, le grand public ne le sait pas : le langage scientifique est trop pointu et chaque chercheur étudie une pièce du puzzle ».


Livre. «Marcher dans les bois» : l’art de se reconnecter à la forêt 


Oui, pour Wohlleben, aucun doute : les arbres peuvent étonner, émerveiller, c’est pour cela qu’il faut les respecter, c’est à ce (petit) prix qu’on peut, de leur fréquentation, retirer de la joie. Alors, sur le bandeau qui ceint « Marcher dans les bois », l’éditeur nous indique : « Observer les animaux, sortir des sentiers battus, sensibiliser les enfants, se protéger des tiques, se reconnecter à la nature »… Faut-il y voir là, dans cet engouement pour la chose sylvestre, une tendance sociétale qui ferait fureur chez les éditeurs et dans les magazines ? Une vague verte du potager à la forêt ?

Dans les premières pages de « Marcher dans les bois », l’écrivain- forestier confie : « Désormais, j’ai la possibilité de partager largement mon enthousiasme pour la forêt et je m’en réjouis, car à mes yeux, celle-ci est loin d’être aussi exploitée qu’elle le devrait. (…) je ne parle pas ici de vendre davantage de bois : cette exploitation-là est déjà largement abusive. Je pense à toutes les aventures, petites et grandes, qui se cachent derrière les arbres et n’attendent que d’être vécues. Pour cela, une seule chose à faire : mettre de bonnes chaussures et marcher dans la forêt ».



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Peter Wohlleben. Photo DR

Ainsi, d’une écriture aussi limpide que végétale, dans un style aussi documenté que ludique, Peter Wohlleben lance à ses lectrices et lecteurs : « Promenons-nous dans les bois ! » Avec ce rappel : les animaux sauvages apprécient le silence ; précision : « Au plus fort d’une tempête, quand le vent se déchaîne ou quand il pleut à verse, les autres sons disparaissent, y compris ceux que produisent les loups ou les lynx à l’approche- danger mortel pour les cervidés. (…) Mais le bruit émis par les êtres humains, lui, ne stresse pas les animaux sauvages : loin d’emplir toute la forêt, il provient d’une seule direction ».

Alors, oui, promenons-nous dans les bois avec Wohlleben. Au hasard des pages, on sortira des sentiers battus, parce qu’on a, entre les mains, rien moins que l’anti-manuel de la forêt. Certainement pas un mode d’emploi, mais en trente chapitres, l’art et la manière de goûter tous les plaisirs de l’espace sylvestre- avec informations scientifiques et historiques, conseils, témoignages personnels et réflexions. Astuces et conseils, l’auteur n’en est pas avare- exemples : comment ne pas se mouiller les pieds dans la forêt ? comment déjouer mouches, taons et tiques, identifier des empreintes dans la boue, installer un nichoir,… ? Il y ajoute même un chapitre spécial pour les enfants avec, entre autres, la recette de fabrication de chewing-gum avec de la résine !

Au-delà de ces astuces, conseils et autres recettes, avec « Marcher dans les bois », Peter Wohlleben a écrit un texte aussi édifiant que vivifiant sur notre rapport à la forêt. Il y défend le libre accès aux zones protégées tout autant qu’aux forêts communales et privées. Il y bouscule quelques idées bien ancrées chez nombre de personnes, et assure que les « explorateurs du dimanche » ne mettent pas en danger l’équilibre de la forêt. Parce que, explique-t-il avec un grand sens de la pédagogie, l’espèce humaine est une des composantes de l’écosystème forestier- il lui suffit simplement d’y trouver sa place. Ce qui est possible après avoir lu Peter Wohlleben !

Serge Bressan

  • A lire : « Marcher dans les bois » de Peter Wohlleben. Traduit par Hélène Boisson. Editions Les Arènes, 312 pages, 24,90 €.

marcher dans les bois EXTRAIT

« Dans nos forêts, les droits du promeneur ne se limitent pas à celui d’entrer librement. Outre le droit de vous balader comme bon vous semble, vous êtes également libre, si vous voyez quelque chose de comestible, de le ramasser pour en profiter. Dans quel autre contexte jouirait-on d’un tel droit ? Imaginez que vous ayez un petit jardin comprenant une plate-bande de fraises. Au moment où les fruits sont bien mûrs, une famille totalement inconnue pousse votre portail et remplit son joli panier en osier. Après leur départ, il ne reste plus rien, et vos rêves de confiture maison s’envolent. (…) Si c’est d’une forêt que vous êtes l’heureux propriétaire, vous devez non seulement tolérer le passage, mais aussi la cueillette de tous les fruits… »


 

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