Livre. Professeur ès émérite-tout, avec « Suis-je bête ! », François Rollin analyse la bêtise sous toutes ses formes, de la sottise à la balourdise, en passant par l’ignorance ou encore la naïveté… C’est l’étincelant et délicieusement pertinent.
Dans ce traité (bref et étourdissant, illustré de-ci de-là par le talentueux Daniel Goossens), François Rollin part d’un principe : si nous ne pouvons pas triompher de la bêtise, essayons pour le moins de la vaincre
Dans une préface ramassée et follement pétillante, Alexandre Astier (acteur, réalisateur, humoriste, producteur, scénariste, compositeur, musicien !) nous promet « un ouvrage indispensable : c’est pas tous les jours… Les listes sont quasi complètes, les références précises : sincèrement, je n’ai déniché que très peu d’approximations ». A la lecture de « Suis-je bête ! » de François Rollin, on comprend l’enthousiasme d’Astier. L’éditeur, les très respectables Presses Universitaires de France (PUF), annonce allègrement en couverture : « L’héroïque Professeur Rollin foudroie la bêtise avec ruse et modestie. » Et, croyez-nous, ce n’est pas de la pub mensongère.
François Rollin, immense comédien, humoriste et scénariste, surnommé « le Professeur » ou encore « The Roll », est depuis toujours un observateur à l’œil aussi vif qu’acéré. Alors, il se glisse dans l’esprit des « Dictées loufoques du Pr Rollin » (2015) et se lance dans une mission de salubrité publique, dans une chasse à la bêtise, pour ne pas dire à la connerie. Professeur ès émérite-tout, il se lance non pas avec un marteau-piqueur mais avec une plume d’oie, mieux : de paon !
Dans ce traité (bref et étourdissant, illustré de-ci de-là par le talentueux Daniel Goossens), l’auteur part d’un principe : si nous ne pouvons pas triompher de la bêtise, essayons pour le moins de la vaincre. Le sujet est vaste; la preuve : « le Professeur » analyse la bêtise sous toutes ses formes comme la sottise, la balourdise, l’ignorance, la naïveté…
Ainsi, au fil des pages, est développée une méthode en vingt-huit chapitres avec diagnostics pratiques et solutions définitives– ça commence par « Oser le défaitisme« , ça finit à « Cambrai » en passant par « Douter du doute, et inversement » ou encore « Retraquer la rinconséquence » ! Et ne jamais oublier que, nous rappelle François Rollin, avec une bonne dose d’humour, une grosse poignée de sérieux et une once de désespoir, « la bêtise humaine est arrivée sur terre avec le premier homme, et elle n’en partira qu’avec le dernier ».
Serge Bressan
- A lire : « Suis-je bête ! » de François Rollin. Editions PUF, 154 pages, 12 €.
Extrait « Suis-je bête! »
« Avant même de déclarer la guerre à la bêtise, il faut être en mesure de l’identifier à coup certain. On ne saurait entreprendre une guerre si on n’est pas capable d’identifier l’ennemi avec pertinence et précision. Dans la négative, on s’exposerait à des errements funestes, consistant à détruire ses alliés et amis tandis qu’on épargnerait (bêtement, il fait bien le dire) ses adversaires et ennemis. Pour partir dans la bonne direction, on prendra garde en premier lieu de ne pas se tromper d’ennemi : l’ennemi n’est ni l’inculture bien pardonnable, ni l’ignorance bien compréhensible… »