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T.C Boyle (photo) Jamieson Fry

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions : on commence avec le plus rock des écrivains américains contemporains, T.C. Boyle, pour sept nouvelles tragiques et mélancoliques ; on enchaîne avec Pauline Gonthier qui signe un impeccable premier roman aussi féminin que féministe, et on termine avec les mémoires de Georges Kiejman qui, avec la complicité de Vanessa Schneider, avoue avoir depuis toujours voulu être aimé. A toutes et tous, bonne lecture !


Livres de la semaine : T.C. Boyle, Pauline Gonthier et Kiejman/Schneider  


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Livres de la semaine : TC Boyle « HIstoires de couples »

T.C. BOYLE : « Histoires de couples »

Certains ont chanté l’ultramoderne solitude. Pour lui¸ ce sont l’amour et les couples qui sont ultramodernes. On ne s’en étonnera pas : à 73 ans, résident permanent de Santa Barbara (Californie), T.C. Boyle demeure le plus rock des écrivains américains. Et, une fois encore, il le prouve, le rappelle avec « Histoires de couples ».

Sept nouvelles de belle facture pour évoquer un de ses sujets favoris : l’Amérique délirante. D’une écriture diablement agile, il peut raconter le réchauffement de la planète, les bébés éprouvettes ou encore les « progrès » de l’informatique. T.C. Boyle est cinglant, jamais militant.

Ainsi, ce qu’il raconte, c’est ce qu’il voit- il pointe la science et sa logique qui mène inexorablement à l’ultime. Récompensé en France par le prix Médicis en 1997 pour l’impeccable « America », notre rocker des lettres dézingue allègrement. Il y a chez Boyle des dingues et des paumés mais pas que…

Ainsi, dans une des nouvelles, un père célibataire et sa fille tombent sur une console qui permet de revivre des moments de leur passé. Ainsi, dans une autre, on croise un couple en mal d’enfant, qui en choisit un sur catalogue et adopte un « chatchien ». Futuriste et écologiste, tragique et mélancolique, T.C. Boyle est surtout ultramoderne.

« Histoires de couples » de T.C. Boyle. Traduit par Bernard Turle. Grasset, 224 p, 20,90 €.



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Livres de la semaine : « Pauline Gonthier « Les oiselles sauvages »

PAULINE GONTHIER : « Les oiselles sauvages »

Un premier roman au titre, « Les oiselles sauvages », inspiré par une citation de la grande Monique Wittig (1935- 2003), auteure de, entre autres, « L’Oppoponax » et « Les Guerrillères ». Un premier roman signé Pauline Gonthier, 31 ans, économiste dans l’administration à Paris.

« Les oiselles sauvages » est un roman féminin et fémininiste, autour de deux personnages : Madeleine et Mathilde. La première évolue dans les années 1970, la seconde dans les dernières années 2010. Madeleine a « grandi » avec les mouvements féministes (MLF à la création duquel elle a contribué, MLAC, Planning familial,…) et interrompu ses études pour devenir sage-femme ; mariée à Aurélien, Mathilde découvre en mars 2017 et vit son lesbianisme dans les bras d’Alix, et s’interroge sur son désir d’être ou non mère.

La romancière parsème son texte, que certains reprochent d’être trop « dans l’air du temps », de références littéraires- Colette, Violette Leduc, Françoise d’Eaubonne, Marguerite Duras,… Roman porté par une écriture délicate, « Les oiselles sauvages » est également une solide étude sociologique et sociétale, et pose les questions essentielles sur la transmission, le droit de disposer de son corps, l’avortement ou encore la maternité… Un premier roman parfaitement maîtrisé, délicieusement réussi.

« Les oiselles sauvages » de Pauline Gonthier. Julliard, 208 pages, 18 €.



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Livres de la semaine : Georges Kiejman/Vanessa Shneider : » L’homme qui voulait être aimé « 

GEORGES KIEJMAN/VANESSA SCHNEIDER : « L’homme qui voulait être aimé »

Voici le livre d’un paradoxe. Son auteur, Georges Kiejman, 89 ans, l’un des avocats français les plus brillants de sa génération, assure : « Je ne sais pas écrire ». Pourtant, accompagné par la journaliste Vanessa Schneider, il nous glisse « L’homme qui voulait être aimé », un texte délicieux, tout en joie mélancolique et mélancolie joyeuse.

Il est né à Paris en août 1932 dans une famille de Juifs polonais immigrés, une mère analphabète. Il était destiné à devenir tailleur, il a brillé dans les tribunaux et est même devenu ministre sous la présidence de François Mitterrand. Il a plaidé, beaucoup, dans des affaires fameuses. Avec sourire, il confie : « J’avais la réputation d’être un avocat méchant »

Et puis, il y a la grande affaire de Georges Kiejman : les femmes. Que n’aurait-il pas fait pour elles ? Il y eut sa mère ; la maîtresse de son père sur les genoux de laquelle, gamin, il a découvert l’émerveillement ; ses épouses (l’actrice Marie-France Pisier puis la journaliste Laure de Broglie) ; d’un moment ou de longs mois, ses compagnes dont Françoise Giroud…

Homme de robe noire, au fil des pages, il se dévoile. Avec pudeur câline et ironie malicieuse. Tout ça parce que, depuis toujours, Georges Kiejman est un « homme qui voulait être aimé »…

« L’homme qui voulait être aimé » de Georges Kiejman et Vanessa Schneider. Grasset, 256 pages, 20 €.

Serge Bressan

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