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"On a lu pour vous" : Constance Debré (c) Afp.com/JOEL SAGET

On a lu pour vous. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. D’abord, on commence avec Constance Debré et son quatrième roman « Offenses »– un texte cinglant et formidablement « interpellant » ; on enchaîne avec deux primo-romancières, « La Promesse » de Marie de Lattre et  « De rage et de lumière » de Jeanne Pham Tran. Deux romans emplis d’émotion, de tendresse et de sagesse… Bonne lecture à toutes et tous !

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« On a lu pour vous » : « Offenses » de Constance Debré

CONSTANCE DEBRÉ : « Offenses »

Voici le livre le plus « interpellant » de cette rentrée littéraire d’hiver. Avec « Offenses », son quatrième roman qui fait suite à « Play Boy » (2018), « Love Me Tender » (2020) et « Nom » (2020), Constance Debré vient bousculer un petit monde des lettres françaises qui se complait dans l’autofiction ou le « roman fragmenté »- ce genre qu’on nous vend comme nouveau mais qui surtout cache la médiocrité de ses auteur.e.s.

Donc, « Offenses »… Un texte court et sec, 122 pages, pour l’histoire d’un jeune de banlieue, 19 ans, qui ne trouve pas d’autre solution que de voler la carte bancaire de la voisine octogénaire pour qui il fait les courses. Elle ne se laisse pas faire, il la tue de dix coups de couteau, file dans son appartement et attend que les policiers viennent l’arrêter. Il a tué pour une dette de 450 euros, somme qu’il doit à son dealer.

Avec un.e autre que Constance Debré- fille de bonne et grande famille, ex-avocate qui a jeté sa robe, on aurait eu le roman banal d’un fait divers. Pas avec elle ! Ça déménage, ça interroge, où est le Bien ? où est le Mal ? Sa thèse est simple et évidente : ce monde est falsifié. Et on y rend une justice qui, depuis Jeanne d’Arc, n’a en rien changé. C’est « toujours la même mascarade, les mêmes déguisements, la même sale messe »… Un texte cinglant.

  • « Offenses » de Constance Debré. Flammarion, 130 pages, 17,50 €.

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« On a lu pour vous » : « La Promesse » de Marie De Lattre

MARIE DE LATTRE : « La Promesse »

En héritage à la mort du père, un paquet de lettres. Près de quatre-vingt ans plus tôt, le père est alors un petit garçon, il se prénomme Jacques, il a 8 ans. Ses parents Ismak et Frieda Kogan, artistes juifs émigrés d’Europe de l’est, sont arrêtés- direction les camps de concentration. Le père écrit à une jeune femme, la mère s’adresse à un de leurs amis- tous deux demandent à ces personnes qui ne se connaissent pas de prendre soin du petit Jacques, de le sauver. La jeune femme et l’homme s’occuperont de Jacques pour honorer la promesse faite ; ils se marieront, aussi…

Directrice artistique dans une maison d’édition, pour son premier roman simplement titrée « La Promesse », Marie de Lattre s’est grandement inspirée de son histoire familiale : médecin, Jacques était son père… Au fil des pages, elle tente avec talent et respect d’évoquer cette enfance que son père a toujours refusé de raconter. Pour quelles raisons ? La promesse était-elle liée à un, voire des secrets ? Roman sur la Shoah, « La Promesse » est aussi un texte impeccable empli d’amour, de rencontres, de transmission d’un secret à travers plusieurs générations. Un texte sur l’instinct de survie, aussi… et l’auteure sait aujourd’hui le pourquoi de ses trois prénoms : Marie, Madelaine, Frida.


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« On a lu pour vous » : « De rage et de lumière » de Jeanne Pham Tran

JEANNE PHAM TRAN : « De rage et de lumière »

Un premier roman entre Calcutta et Paris. Un homme de bien qui soigne dans les rues de la ville indienne ; une femme qui, dans la capitale française, file vers la fin de vie, luttant contre le cancer. Nouvelle venue en librairies bien qu’éditrice de profession, Jeanne Pham Tran s’est inspirée des mots de Dylan Thomas, le poète britannique (1914-1953), pour titrer son roman : « De rage et de lumière ».

Un homme donc, Jack Preger- Gallois de naissance, juif converti au catholicisme, riche fermier qui a vendu à 35 ans son exploitation pour rejoindre, après avoir réussi des études (tardives) de médecine, les rues de Calcutta et y soigner, sous des bâches sans âge, les gens de peu et les mendiants… L’auteure a découvert dans un documentaire l’histoire de Preger- ce Don Quichotte du Bengale ; elle rejoint l’Inde avec l’idée de lui faire écrire le livre de sa vie- « saint dans la cité de la Joie », aussi irascible que secret, il refuse, lui dit ne pas être le Père Teresa… La narratrice consigne sur ses carnets leurs conversations- lorsqu’elle passe à la rédaction, l’évidence surgit : son histoire et celles de Preger et de sa mère se répondent. Entre eux, des liens invisibles se tissent. Un beau roman sur le possible. Sur le deuil, aussi.

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