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Livres : Philippe Besson publie "Ceci n'est pas un fait divers" Philippe Besson ©AFP - Guillaume Souvant

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. D’abord, un drame de l’époque, un féminicide rapporté par Philippe Besson qui s’intéresse aux victimes collatérales- les enfants de la femme tuée par leur père ; ensuite, Hélène Frappat une auteure qui, critique de cinéma également, connaît le 7ème Art et nous emmène dans une trilogie féminine ; enfin, un essai de Lydie Salvayre avec des recettes pour avoir du succès en intriguant, abusant, écrasant…Bonne lecture à toutes et tous !


LIVRES: Pour cette semaine de lecture, trois suggestions, Philippe Besson, Hélène Frappat et Lydie Salvyre 


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LIvres. « Ceci n’est pas un fait divers » de Philippe Besson

PHILIPPE BESSON : « Ceci n’est pas un fait divers »

Au bas de la troisième page, la phrase claque. Cinglante, tranchante, violente. « Papa vient de tuer maman ». Léa, adolescente de 13 ans, téléphone à son frère, le narrateur, 19 ans et apprenti-danseur à l’Opéra national de Paris. Vite, on sait donc- dans « Ceci n’est pas un fait divers », son vingt-deuxième roman, Philippe Besson ne fait pas traîner l’intrigue ni le suspense.

« Papa vient de tuer maman », dit Léa entre deux suffocations. Elle a assisté au meurtre, le père a assassiné sa femme de dix-sept coups de couteau. Il sera arrêté, ira croupir en prison. Grand spécialiste des tourments de l’âme humaine, l’auteur déplace la focale, consacré son roman aux victimes collatérales de ce meurtre qu’on appelle féminicide.

Le narrateur raconte le couple parental, cette femme- sa mère, qui a abandonné sa féminité pour ne pas attiser la jalousie de son mari. Il s’interroge aussi sur sa possible culpabilité, et cette des proches. N’ont-ils rien vu ou, (in)consciemment n’ont-ils rien voulu voir, au prétexte de ne pas s’immiscer dans l’intimité du couple ? Une fois encore, être d’empathie pour l’autre, Philippe Besson a visé juste- jusqu’à pointer en ce mari meurtrier un pervers narcissique. Et d’insister : un féminicide n’est pas un fait divers, mais un fait de société…

  • « Ceci n’est pas un fait divers » de Philippe Besson. Julliard, 210 pages, 20 €.

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Livres : « Trois femmes disparaissent » d’Hélène Frappat

HÉLÈNE FRAPPAT : « Trois femmes disparaissent »

Elle se présente « détective qui écrit des romans » et enfile l’imperméable sans forme de l’inspecteur Columbo. Elle est aussi critique de cinéma respectée et romancière. Ainsi, pour son nouveau roman, « Trois femmes disparaissent », logiquement Hélène Frappat propose une plongée dans le 7ème Art, quelque part dans l’impasse d’Hollywood. Trois femmes, la mère, la fille et la petite-fille : Tippi Heldren, Melanie Griffith et Dakota Johnson, toutes trois actrices. Toutes trois ont connu gloire et succès, puis disparu.

La première a tournée avec Hitchcock qui l’a persécutée, harcelée, tentée de la violer avant de se venger, lors du tournage des « Oiseaux », en remplaçant les volatiles mécaniques par de vrais corbeaux qui ont failli lui crever un œil, et de lui briser sa carrière…

La deuxième, défigurée adolescente par un lion, sera actrice mais aussi accro à la chirurgie esthétique, et la troisième se retrouvera en Soumise dans « Cinquante Nuances de Grey »- une soumission évoquant, par nombre de situations, celle de sa grand-mère avec « Hitch ». Présentant « Trois femmes disparaissent »– l’un de ses romans les plus réussis, Hélène Frappat a commenté : « Je n’écris pas sur le cinéma, mais dedans ». Gloire à la meilleure généalogiste du 7ème Art !

  • « Trois femmes disparaissent » d’Hélène Frappat. Actes Sud, 194 pages, 20 €.

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Lydie Salvayre : « Irréfuable essai de successologie

LYDIE SALVAYRE : « Irréfutable essai de successologie »

Dans un sonnet, William Shakespeare évoquait à regret cet homme intègre qui doit mendier, alors que « des nullités notoires se vautrent dans le luxe et l’amour du public ». Prix Goncourt 2014 pour « Pas pleurer », Lydie Salvayre s’est mise dans les pas du dramaturge anglais. Et nous glisse un pétillant et jubilatoire « Irréfutable essai de successologie ».

Au cœur de la cible, pointes par l’auteure, les fausses vanités et les surgonflées gloires. Autant dire que ça tire à vue sur tous les travers de cet époque où, pour réussir, il faut simplement mentir, se montrer, paraître, « être au top »… Dotée d’une acuité redoutable, Lydie Salvayre s’amuse à parodier l’une des obsessions de l’époque que l’on retrouve dans nombre de manuels : le bien-être et le développement personnel.

Dans les pages de cet « Irréfutable essai… », nul n’est épargné. Encore moins de petit monde littéraire tellement centré sur son nombril avec ses grands manitous, ses petit.e.s marquis.e.s, ses auteur.e.s têtes de gondole dénué.e.s de talent sans oublier ses pitoyables « bookstagrameuses » qui s’autoproclament critiques littéraires parce qu’elle recopient, pas toujours bien, les « quatrièmes » de couverture… Heureusement, Lydie Salvayre est formidablement lucide sur l’époque. Un bonheur de lecture !

  • « Irréfutable essai de successologie » de Lydie Salvayre. Seuil, 178 pages, 17,50 €.

Serge Bressan

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