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Sélection livres We Culte : LINDA BOSTRÖM KNAUSGARD - © Christina Ottosson Oygarden/Grasset

Sélection livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence par «Fille d’octobre», le roman aussi vertigineux qu’envoûtant d’une impeccable écrivaine suédoise LINDA BOSTRÖM KNAUSGÅRD; on enchaîne avec un « dictionnaire amoureux » de FRANÇOIS ROLLIN consacré à la bêtise- et il y a à dire et écrire !; enfin, avec «Blanc», on marche et skie dans les traces d’un aventurier de l’extrême SYLVAIN TESSON, qui enchaîne les best-sellers. 


Sélection livres We Culte : Nos coups de coeur de la semaine


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Sélection livres We Culte : « Fille d’Octobre » de Linda Boström Knausgård


LINDA BOSTRÖM KNAUSGÅRD : « Fille d’octobre »

En ouverture, un regret : « J’aurais voulu tout raconter sur l’usine. Malheureusement, je n’en suis plus capable. Bientôt, je ne me souviendrai plus de mes jours ni de mes nuits, bientôt je ne me rappellerai plus pourquoi je suis née ». Dès les premières lignes de Fille d’octobre – l’envoûtant deuxième roman de la Suédoise Linda Boström Knausgård (qui fut quelques années mariée à l’écrivain norvégien Karl Ove Knausgård), on est happé.

Vertige de lecture. L’auteure-narratrice Linda a fait des séjours en hôpital psychiatrique de 2013 à 2017, dans un établissement qui pratiquait encore le traitement par électrochocs… Rappel de l’auteure : « Les médecins sont autorisés à prescrire aux patients un traitement par l’électricité sans leur consentement, c’est épouvantable ».

Ainsi, surnommé « l’usine » là où « régresser vers ces confins de l’âme que je ne connaissais que trop » est l’ordinaire, le HP devient un lieu d’aliénation. Dans des pages où se mêlent brutalité et poésie, Linda Boström Knausgård sait mieux que personne évoquer, par exemple, l’intimité d’une chambre où des soignants passent pour reconstituer les souvenirs (bons et mauvais) du patient. Lieu d’aliénation, certes cette « usine », mais l’auteure y entrevoit aussi des lueurs d’espoir puisqu’un.e écrivain.e peut inventer…

  • « Fille d’octobre » de Linda Boström Knausgård. Traduit par Terje Sinding. Grasset, 242 pages, 19 €.


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Sélection livres We Culte « Dictionnaire amoureux de la bêtise » de François Rollin

FRANÇOIS ROLLIN : « Dictionnaire amoureux de la bêtise »

D’emblée, on est prévenu : « Non seulement la bêtise est la chose la mieux partagée en ce bas monde mais aussi son polymorphisme ajouté à son omniprésence en fait un des sujets les plus riches et les plus inépuisables qui soient ». Partant d’un tel constat, un éditeur s’est donc dit qu’il y avait la matière à un livre bien épais dans la délicieuse collection des « Dictionnaires amoureux ».

Et c’est ainsi que François Rollin, humoriste, écrivain et acteur s’est retrouvé missionné pour l’écriture dudit Dictionnaire amoureuse de la bêtise. De A à Z et en plus de 550 pages, le « professeur Rollin », lui qui illumina la série télé Palace (« on est plein aux as ») et qui se revendique « angoissé de nature » a trouvé là un exercice d’écriture qui l’a fait tenir debout. Se penchant sur la bêtise- ce n’est pas épuisant, elle est partout, l’auteur a l’humour taquin et, son dictionnaire, il se plaît à nommer son dictionnaire DAB !

Et d’ajouter : « J’y ai mis mes quelques connaissances et j’y ouvre des portes vers de la fantaisie, de l’absurde ». Alors, on chemine au fil des pages et on savoure- sans oublier évidemment le bêtisier et les mots du Professeur Rollin expliquant qu’aujourd’hui, la bêtise « arrive de partout ». CQFD !

  • « Dictionnaire amoureux de la bêtise » de François Rollin. Plon, 562 pages, 26 €.


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Sélection livres : « Blanc » de Sylvain Tesson

SYLVAIN TESSON : « Blanc »

Il y eut, l’an passé, Noir– un livre de peu de mots et de nombre de croquis de pendus. En cet automne, il y a Blanc. Normal, dira-t-on… Mais avec Sylvain Tesson, peut-on parler de normalité ? Sur quatre années à raison de trois à quatre semaines en hiver, avec un puis deux complices, il a marché et skié sur les crêtes alpines entre France et Italie, en passant par la Suisse, la Slovénie et l’Autriche.

Blanc comme neige pour cet aventurier de l’extrême plutôt qu’« écrivain-voyageur » comme le qualifient nombre de plumitifs paresseux. « J’eus envie de me lever et de pénétrer dans le silence. Le Blanc recèle ses mystères. La neige dicte la pensée du ciel à la Terre. Mais le brouillard, avec ses teintes de cadavre, décourage les explorations », écrit Tesson. Qui, rappelons-le, a connu le grand froid, la neige et la glace en Sibérie qu’il traversa en moto ou sur le lac Baïkal gelé près duquel il vécut dans une cabane…

Pour cet aventurier de l’extrême qui assure que sa vie, « c’est sentir, courir le monde et le formuler », le Blanc s’écrit avec un « B » majuscule. Et retour à Paris, il confiera : « Le voyage, je le vis vraiment comme est une aventure sensuelle, du toucher, de l’olfaction, du désir d’avancer. C’est la libido totale, le voyage ! »

  • « Blanc » de Sylvain Tesson. Gallimard, 242 pages, 20 €.

Serge Bressan

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