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Franck & Damien : dignes héritiers des grands songwriters folk de l'Ouest américain (c) Franck Lapuyade

Musique. Quatre ans après « You Can Find Your Way », le duo bordelais Franck & Damien a sorti « Juniper Road ». Un album folk, mâtiné de rock, blues et country, enregistré à Los Angeles avec des invités prestigieux comme Donavon Frankenreiter et Joaco Teran. Une exaltante virée au cœur de l’Ouest américain.


Franck & Damien. Le duo bordelais s’inscrit dans la lignée des grands songwriters folk : une exaltante virée au cœur de l’Ouest américain


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Franck & Damien : (c) Franck Lapuyade

Leur histoire n’est pas banale puisque ce duo basé à Bordeaux est quasiment né sur le bord d’une route ! Plus exactement, Franck faisait de l’auto-stop et, en bon samaritain, Damien s’est arrêté. Il n’en faut pas davantage parfois pour bâtir une légende.

D’autant que, après le symbolique « You Can Find Your Way », sorti fin 2019, ils ont enregistré « Juniper Road«  chez le bassiste et producteur Matt Grundy, au nord de Los Angeles, avec des invités prestigieux comme le musicien et célèbre surfeur californien Donavon Frankenreiter et le multi-instrumentiste argentin Joaco Teran.

Un opus folk, enrichi de sonorités rock, blues et country, qui nous transporte d’emblée au coeur des grands espaces de l’Ouest américain. De « California » à « Home« , en passant par « Another Way  » ou « Broken Man » on succombe au charme du timbre suave et envoûtant de Franck, subtilement soutenu par le banjo, les percussions et la guitare slide de Damien.

Entretien avec ce dernier qui, avec son complice, s’inscrivent dans la lignée des grands songwriters folk.

Damien, avez-vous parfois songé à votre trajectoire personnelle si vous n’aviez pas pris Franck en stop ?

Damien : J’aurais forcément continué dans la musique, le management, le développement, le booking, la com… peut-être pour d’autres groupes. Finalement, ce sont des compétences que j’apporte au sein du duo aujourd’hui et qui ont clairement contribué à être là où nous en sommes aujourd’hui. Le destin diront certains…

Le nom de votre duo ne colle pas forcément à votre répertoire. Vous avez hésité avant de l’adopter ?

Damien : En 2017, lorsque nous avons commencé à jouer, nous n’avions pas du tout prévu que ça allait si bien fonctionner avec autant de concerts. A l’époque, les gens nous contactaient directement sur nos profils et numéros personnels. Un soir, j’ai créé une page Facebook et lorsque j’ai dû nommer cette page, j’ai aussi nommé le groupe. On nous connaissait avec ces deux prénoms. C’est drôle parce que, aux Etats-Unis par exemple, on trouve que « Franck & Damien », c’est à la fois normal et efficace.

Vous avez l’un et l’autre les mêmes références musicales ?

Damien : J’ai grandi entre un père fan de Brassens, des Beatles, de Neil Young, Crosby, Still and Nash… et une mère qui écoutait de la variété française mais aussi du reggae. Ensuite, dans ma jeunesse, j’ai été bouleversé dès la première écoute de l’album « Fight For Your Mind » de Ben Harper. Puis j’ai enchaîné avec tous les artistes dans le style, de John Butler Trio à Jack Johnson en passant par Donavon Frankenreiter et Xavier Rudd. Ben Harper et sans aucun doute l’influence que nous avons en commun avec Franck.

Justement, quel souvenir gardez-vous de votre passage au Festival Blues Cognac Passion, avec Ben Harper en ouverture ?

Damien : Faire ce co-plateau avec lui était assez fou. Peu d’artistes ont la chance d’ouvrir la soirée avec leur principale source d’inspiration !

Sur scène, vous mêlez compositions originales et reprises. Mais en ce qui concerne ces dernières, vous offrez toujours une relecture très personnelle ?

Damien : J’aime l’idée de « réinterpréter » un morceau, plutôt que d’en faire une copie. Nous essayons de donner une relecture avec notre style, nos instruments. Il n’y a que les Rolling Stones pour faire du Rolling Stones ! Mais nous nous sommes rendus compte, par exemple, qu’un lap steel rendait pas mal sur « Sympathy For The Devil » !



Votre premier album a été produit dans les Landes et le second chez Matt Grundy en Californie. Comment fait-on pour intéresser le territoire américain quand on est un duo bordelais ?

Damien : J’étais allé voir Donavon Frankenreiter en concert lors de sa première ou seconde fois en France, en 2005. Et j’ai rencontré son bassiste de toujours Matt Grundy avec qui j’ai tissé de forts liens d’amitié. Après l’enregistrement du premier album à Seignosse dans les Landes, chez Tom Frager, j’ai envoyé des maquettes à Matt pour avoir son feedback. Il a tout de suite été intéressé et nous sommes partis là-bas en 2019. Il nous a alors dit que si nous avions un deuxième album en perpective, il était ok pour l’enregistrer chez lui. Donavon, Matt, Davis Leach, Tim Snider, Merlo Podlewski sont devenus des amis et je suis fier qu’ils soient présents sur l’album.

Le titre « Another Way » semble très personnel ?

Damien : Effectivement. Il s’agit d’une expérience personnelle douloureuse. C’est une chanson métaphorique sur la perdition d’un marin et de son embarcation. J’ai voulu donner une version imagée de ce qu’a vécu mon père malade. A l’époque, je jouais avec un chanteur écossais qui m’a encouragé à faire mon deuil de cette manière. C’est ainsi qu’est née la chanson « Another Way ».

Convaincre Donavon Frankenreiter de vous rejoindre sur le titre « California » était un vrai challenge, non ?

Damien : C’est toujours compliqué de demander à un artiste de son calibre d’intervenir sur un de nos titres. Je lui ai envoyé un SMS en proposant l’idée d’un featuring. Il m’a répondu qu’il voulait d’abord écouter le morceau et c’est Matt Grundy qui m’a suggéré de lui soumettre ce titre car Donavon est né à Downey en Californie et c’est un état qu’il connaît bien. Il a aimé la chanson et, alors qu’il était en tournée, il a trouvé un studio entre deux dates pour poser sa voix sur « California ».

Comment vous répartissez-vous le travail d’écriture et de composition avec Franck ?

Damien : Le premier album a été écrit et composé par Franck. On s’est davantage partagé la tâche sur celui-ci. Chacun a sa manière de composer. Franck est assez « personnel » dans le sens où, lorsqu’il a une idée, il compose tout seul. Il me propose ensuite sa version sur laquelle je pose mes couleurs et mes instruments. Rien n’est jamais figé dans le marbre. Je suis assez dans le partage, l’échange et j’adore passer du temps avec lui pour composer et écrire. Sur « California« , j’avais la structure, la suite d’accords, le refrain mais j’ai eu besoin de ses compétences pour finir d’écrire le morceau et affiner l’arrangement. Et c’est devenu l’un des titres forts de l’album !

Entretien réalisé par Annie Grandjanin


  • Album « Juniper Road » (Soulbeats Music), disponible depuis fin 2023.
  • En concert : le 22 mars 2024 à l’Entrepôt d’Haillan, près de Bordeaux. Billetterie et réservation ICI

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.com/


 

 

 

 

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