nasser ben dadoo blue legacy
Nasser Ben Dadoo ©Florian Gallene
Musique/Interview. Après avoir représenté la France à l’International Blues Challenge de Memphis 2023, le chanteur et guitariste Nasser Ben Dadoo a sorti «Blue Legacy ». Un superbe album interprété en arabe, en français et en anglais dans lequel ce natif de Marseille célèbre ses racines et le blues.

Nasser Ben Dadoo : « le blues, c’est vraiment une expression directe et pas forcément intellectualisée de la culture afro-américaine »


Déjà récompensé par plusieurs prix, Nasser Ben Dadoo a été également finaliste, en janvier dernier, de l’International Blues Challenge de Memphis 2023 où il représentait la France. Un sacré défi pour ce chanteur et guitariste, né à Marseille, de parents d’origines égyptienne et algérienne.

Dans la foulée, il vient de sortir (avec sa nouvelle formation White Feet) le bien-nommé « Blue Legacy« . Un superbe album, interprété en arabe, en anglais et en français, dont il a signé quelques mélodies.

Au fil de titres comme « Gatfish », « So Far Away », « Roubla », « Yema » … sans oublier de belles reprises de Blind Willie Johnson (« Keep Your Lamp Trimed And Burning »), Henry Spaulding (« Cairo« ) et Charley Patton (« Pony Blues« ), son timbre puissant aux accents rocailleux, nous invite à remonter aux sources du blues, celui du Delta ou du Mississippi, mais aussi à ses racines africaines.

Rencontre avec un artiste dont on dit qu’il maîtrise l’art de transformer la mélancolie en ode à la vie.

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Nasser Ben Dadoo (c) Florian Gallène

Cet album débute avec un blues assez « classique » avant d’intégrer des sonorités africaines. C’est une manière d’évoquer toutes vos identités ?

Nasser Ben Dadoo : La plupart ! En fait, je suis revenu sur mon histoire et celle de mes parents.

D’où la chanson « Yema » dédiée à votre mère ?

Nasser Ben Dadoo : C’est en effet une chanson qui s’adresse à elle mais aussi à toutes les mères. Plus jeune, je n’aurais sans doute pas été capable de le faire, mais avec l’âge on assume davantage. La musique permet d’exprimer ce que, par pudeur, on n’arrive pas toujours à formuler verbalement.

Dans ce titre, vous retrouvez votre complice Vieux Farka Touré ?

Nasser Ben Dadoo : Nous nous connaissons depuis 5 ans. Lorsque je l’ai appelé, il était à Bamako. Il m’a répondu : « je t’enregistre les guitares ce week-end et je t’envoie les bandes ».

Vous avez quitté Paris pour vous installer en Bourgogne. C’est une région inspirante pour composer du blues ?

Nasser Ben Dadoo : Tout-à-fait ! A Paris, entre les sorties et les boeufs avec les copains, je n’avais pas toujours le temps de me poser pour faire ma musique. La Bourgogne est très accueillante. Il y a toujours quelqu’un pour te proposer de partager un repas ou un verre. Du coup, je me suis mis au vert… et au rouge !



Qui est le porteur de guitare sur la pochette de l’album ?

Nasser Ben Dadoo : C’est mon fils. J’aime cette image qui symbolise à la fois mes racines et mon futur !

Dans une interview vous avez fait un parallèle entre le blues et le rap…

Nasser Ben Dadoo : Parce que le blues, c’est vraiment une expression directe et pas forcément intellectualisée de la culture afro-américaine. Et je trouve qu’il y a une énergie assez similaire dans le rap.

Il paraît que vous avez découvert le blues dans un club à Marseille ?

Nasser Ben Dadoo : C’est vrai. Il s’agit du « Blue Side Blues ». A la fin des années 90, il y avait un certain nombre de groupes et chanteurs de Chicago qui venaient se produire dans ce club. J’étais devenu un habitué. J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de monde à Marseille et j’ai joué dès mon plus jeune âge. Un jour Jean-Claude, le patron, m’a proposé de monter sur scène. Moi, je l’aidais en passant la serpillère !

Vous avez également enregistré de belles reprises…

Nasser Ben Dadoo : En fait, lorsque je fais une reprise, je m’inspire du thème en recréant tout.

Un journaliste a écrit que vous transformez la mélancolie en célébration de la vie ?

Nasser Ben Dadoo : Comme pour les noirs américains, le blues m’a permis de côtoyer un milieu où il y avait de vrais échanges. Je pense qu’on trouve cela également dans le sport. C’est important de garder cette musique vivante. Lorsque les Rolling Stones reprennent « Love In Vain » de Robert Johnson, je trouve ça absolument génial, tout comme Clapton revisitant John Lee Hooker. Et j’ai toujours pensé que le chanteur belge Arno était un véritable bluesman. Il ne faut pas oublier que le blues était joué dans des endroits où les plus pauvres allaient, après le travail, pour jouer, boire et danser.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin

Album : Nasser Ben Dadoo « Blue Legacy » (La Clique Production/ Distribution Believe/Socadisc), disponible depuis 24 février 2023.

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur :annieallmusic.com/


 

 

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