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Pascal Obispo revient avec "Le Beau qui pleut", son 14e album (c) Dominique Gau

Musique. Pascal Obispo fait son grand retour avec « Le beau qui pleut ». Un très bel album tour à tour mélancolique, lumineux ou dansant, aux ambiances pop-rock et jazz. Un disque porté par des textes poétiques signés du parolier Pierre-Dominique Burgaud et de nombreuses chansons émouvantes, comme « J’étais pas fait pour le bonheur ». Rencontre avec le chanteur qui sera en tournée partout en France à partir du 6 octobre, où il célèbrera 30 ans de succès.

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Pascal Obispo (c) Dominique Gau

30 ans de succès ! Avec Florent Pagny, Calogero ou encore Patrick Bruel, Pascal Obispo est devenu un artiste incontournable de la chanson française. Depuis ses débuts et le titre « Plus que tout au monde » en 1992, qui le révéla au grand public, il a signé de nombreux tubes, dont « Tombé pour elle », « Lucie », « L’important c’est d’aimer », « Millésime », «Fan » ou « Je laisse faire ».

Le chanteur revient aujourd’hui avec un 14e album de chansons inédites. Porté par le single « J’étais pas fait pour le bonheur », « Le Beau qui pleut » explore des mélodies tour à tour mélancoliques, lumineuses ou dansantes aux accents pop-rock et jazz parfois. Un disque qui met en lumière les textes sensibles de Pierre-Dominique Burgaud, auteur remarqué notamment auprès de Alain Chamfort, avec qui Obispo travaille pour la première fois.

Outre le titre d’ouverture « Le Beau qui pleut » son nouveau répertoire nous séduit surtout pour ses magnifiques ballades qui font décoller l’imaginaire telles « Comment s’aimer », « Le mur », « J’ai pris ta main », « Au fond, j’étais heureux », « Au revoir » ou encore «Piano-Moi », émouvante chanson qui clôt en beauté l’album, où le chanteur seul au clavier met son cœur et à son âme à nu.

Pascal Obispo s’apprête maintenant à partir en tournée à partir du 6 octobre et va se produire dans toutes les grandes salles, type Zénith de l’hexagone. Il sera entouré de 12 musiciens sur scène où il chantera uniquement ses grands succès qui ont émaillé son répertoire depuis trois décennies, ceux qu’il a écrits ou mis en musique pour les autres, comme  «Savoir aimer » (Florent Pagny) ou « Allumer le feu » (Johnny Hallyday) et bien sûr quelques titres de son nouvel opus.

Côté projets, il y a également la sortie en novembre de l’album «Bande originale » qu’il a composé pour Isabelle Adjani. Enfin, en mars 2024, il proposera une nouvelle version de la comédie musicale « Les dix commandements, l’Envie d’aimer » qui fêtera bientôt ses 25 ans, comportant les anciennes chansons adaptées au son d’aujourd’hui et trois inédites : « On va faire quelque chose de très moderne avec beaucoup d’images ! » promet-t-il.

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Pascal Obsipo (c) Dominique Gau

En 30 ans de carrière, vous êtes devenu un des chanteurs les plus populaires en France. Auriez-vous pu imaginer un tel parcours ? 

Pascal Obispo : Quand on est adolescent et que l’on décide de faire de la musique, de faire un groupe de rock, on n’a pas une vision aussi longue. On a une vision à court terme qui est dans le plaisir et cela reste concentré sur la région, sur les copains. J’ai toujours voulu vivre de ma musique à partir du moment où j’ai touché une guitare et que cela soit ma principale occupation. Donc, je ne me suis pas vraiment posé la question des 30 ans quand j’avais quinze ans, parce que j’ai commencé en 1980 !

Votre parcours est jalonné de succès. Avez-vous connu des moments de galère ?

Pascal Obispo : La galère, j’appelle ça l’apprentissage. A partir du moment où on peut parler de 30 ans de succès, on peut considérer que la galère, c’était simplement du travail, de la réflexion. L’expérience, c’est exactement ça. Mon premier concert en tant que chanteur, il y avait treize personnes. Quand j’en parle aujourd’hui, je ne me dis pas que j’ai galéré. Sur le moment c’était compliqué, mais avec le recul, je me dis que quand on chante devant treize personnes, on est capable de chanter devant 50 000 comme cela a pu m’arriver pour certains festivals.

Dans « Le beau qui pleut », vous dites sur des paroles de Pierre-Dominique Burgaud que vous préférez la mer d’Iroise et les terres d’Irlande aux teintes méditerranéennes…Qu’aimez-vous de ces ambiances ?

Pascal Obispo : En fait, dans la vie, on vient tous de quelque part. Moi je viens de trois endroits différents. Un que je n’ai pas connu, le Pays basque des origines de mon grand-père paternel puisque je suis à la fois espagnol et français des Pyrénées. Mes premières origines sont bordelaises puisque je suis un vrai enfant du bassin d’Arcachon. C’est l’endroit où j’ai passé ma plus tendre enfance jusqu’à mon adolescence. Ensuite je suis passé par la Bretagne Nord, mon troisième pays. J’habitais à Rennes et on allait souvent à Dinard, Saint-Malo, où on passait tous nos étés. Je connais bien le climat. Lorsque Pierre- Dominique Burgaud m’a proposé ce texte plein de poésie, j’ai tout de suite retrouvé cette espèce d’ambiance, cet état d’esprit si particulier, ce gris anthracite si beau et cette bruine qui nous caressait et ne nous agressait pas. Quand on vit avec ça, on arrive à l’apprécier, à en cerner la beauté et l’importance quand on vieillit. Avec le recul, puisque je suis parti de Bretagne en 1990, quand on me parle de cet endroit avec ses ciels magnifiques, il y a quelque chose qui me touche, me sensibilise.



Vous n’avez peut-être jamais été aussi poétique. Diriez-vous qu’avec l’âge on devient plus profond?

Pascal Obispo : Alors je ne ferai pas une insulte au travail de Pierre-Dominique Burgaud, mais il sait très bien que Marceline Desbordes-Valmore (poétesse du 19e siècle que Pascal Obispo a mis en musique dans l’album « Billet de femme » en 2016) est quand même la reine de la poésie et de la désespérance. Mais c’est vrai qu’avec Pierre-Do, j’ai retrouvé une sorte de climat, des émotions grâce à  cette façon qu’il a de trouver des gimmicks hyper beaux. C’est quelqu’un de très cultivé, littéraire. J’avais envie de continuer dans cette veine, cet état d’esprit. Je n’ai jamais été un chanteur engagé politiquement. Au début, je faisais de la pop, je viens du rock, mais j’ai toujours aimé la poésie depuis mon adolescence.

C’est vrai que vous n’étiez pas « fait pour le bonheur », comme vous le chantez ?

Pascal Obispo : Ce n’est pas une chanson qui parle de malheur. Elle raconte notre incapacité quelquefois fois à ouvrir les yeux et à apprécier la vie. Souvent, quand on perd quelqu’un, on arrive peut être à mieux la considérer et à mesurer l’importance de l’existence, l’eau, l’air, la terre, les éléments. Ce qu’on ne fait pas beaucoup dans notre société qui court après du vent. La vraie beauté, elle est le matin quand on se lève, à l’école, quand on se balade, dans le sourire des gens… On ne se rend pas compte de tout ça quand est en bonne santé, qui est quelque chose de primordial.



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Pascal Obispo (c) Dominique Gau

Vous parlez du temps qui passe, des regrets de la mort aussi, mais il y a également beaucoup d’humour dans l’album, comme dans la chanson « La Belle vie qui commence »…

Pascal Obispo : Si je perds mon humour, je perds une partie de moi-même ! (rires)  Je suis quelqu’un de profondément spontané, jovial. J’aime bouger, j’ai beaucoup d’énergie. Je suis positif en fait. J’adore rire. Quand je me mets au piano ou à la guitare, je m’équilibre. « La Belle vie qui commence », c’est une chanson humoristique sur le mode « on ne sera plus emmerdé par les emmerdeurs » et Dieu sait s’il y en a en ce moment ! (rires). Ils cherchent un sens à leur vie, alors ils nous emmerdent ! Il faut essayer de se battre, d’être résistant et de toujours parler du beau. Je fais de la musique. Ma fonction d’artiste est d’essayer de donner du bonheur aux gens et de tisser une correspondance avec eux, tout simplement.

« J’ai pris ta main » est une chanson mélancolique très émouvante. Au fond, vous êtes un grand romantique !

Pascal Obispo : Ce n’est pas nouveau. Je suis né avec le romantisme de la new wave et de la cold wave, des Robert Smith et des Ian Curtis etc. Cela a toujours été mon cœur de métier, de Baudelaire, Verlaine, Marceline Desbordes-Valmore… Après, on l’exprime d’une manière différente, toute l’école française que j’ai appris à aimer en sortant du rock, avec Roda-Gil, Souchon, Julien Clerc, Christophe, Chamfort, Michel Berger, Cabrel, Lavilliers… toutes ces artistes que j’apprécie, qui m’ont nourri et sont dans une école romantique à laquelle j’appartiens depuis le début.

Parlez-nous de « Piano-Moi », une chanson touchante qui clôt le disque, où vous vous faites part de votre vulnérabilité quand vous êtes au clavier…

Pascal Obispo : J’ai découvert le piano très tôt quand j’étais petit. Mais je n’ai jamais appris réellement quand j’en jouais avec mon arrière-grand-mère Lucie. J’ai attendu l’âge de 27 ans pour avoir un clavier chez moi. Après j’ai pu avoir un piano à queue et là j’ai découvert l’instrument. Mais je ne serai jamais un grand instrumentiste. Par contre, il me sert énormément pour construire des mélodies. C’est différent de composer au piano qu’avec la guitare. C’est une autre énergie. On est nu en fait. Je dis toujours qu’il n’y a pas de bonnes ou mauvaises chansons, il n’y a que des sensibilités communes ou des correspondances. Quand je suis au piano, on me voit tel que je suis avec toute ma sensibilité. Le piano permet ça, quand est servi par de beaux textes d’auteurs, comme Lionnel Florence ou Pierre-Dominique Burgaud, qui sont de grands défenseurs de la langue.

Vous travaillez d’ailleurs beaucoup sur la langue française sur votre application Obispo All Access…

Pascal  Obispo : Oui, parce que c’est important de la préserver, de la garder et de montrer toutes ses richesses. Cela me prend beaucoup de temps, mais je pense que c’est un temps nécessaire à mon épanouissement personnel. Si je n’avais fait qu’un album tous les trois ans, j’aurais été frustré, déçu et j’aurais regretté d’avoir consacré ma vie à la musique. Cette application me sert à exprimer des choses nouvelles. En deux ans et demi, on a sorti déjà 32 albums différents et on en a enregistré 54. On va sortir deux albums de jazz, un disque de flamenco. J’ai des milliers d’abonnés qui sont heureux d’écouter des choses différentes que ce qu’on peut trouver sur les plateformes, qui correspondent à ce que j’aime. Et là en septembre, je lance une collection, une anthologie de la chanson, que j’ai baptisé « Fantologie ». L’idée est de parcourir la chanson française depuis les années 50, que je reproduis avec des producteurs différents et que je chante. Il y a plus de 120 artistes, plus de 50 albums avec un enregistrement de 800 titres. C’est ma passion, mon bébé. C’est le partage de la chanson française que j’ai découvert au fur et à mesure pendant ces 30 ans, sans perdre mon amour évidemment pour le rock.

Entretien réalisé par Victor Hache


  • Album Pascal Obispo « Le Beau qui pleut » Atletico Records
  • Tournée « Pascal Obispo, 30 ans de succès » à partir du 6 octobre 2023, partout en France.

 

 

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