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Pierre de Maere sort son premier album "Regarde-moi" (c) Marcin-Kempski

Musique/Interview. Il est assurément la révélation de 2023. Le jeune chanteur belge Pierre de Maere vient de sortir « Regarde-moi », un premier album très réussi voué au sentiment amoureux, reflet d’une élégante électro-pop romantique portée par le tube « Un jour je marierai un ange ». Nommé dans deux catégories (Chanson de l’Année et Révélation), il sera ce soir aux Victoires de la Musique diffusées sur France 2 et Radio France en direct de la Seine Musicale, où il ne va pas manquer de faire sensation, avant de se produire à l’Olympia le 12 mai prochain. Rencontre.


Pierre de Maere : Un registre très love, mélancolique, mystérieux et teinté d’humour qui prend vie sur fond d’élégante électro-pop


pierre de maere regarde moi
Pierre de Maere : « Regarde-moi », c’est un appel à l’aide, une espèce de cri du cœur de quelqu’un qui est désemparé, désespéré » (c)-Marcin-Kempski

Dandy chic au visage d’ange, Pierre de Maere s’amuse à remettre au goût du jour la chanson romantique, celle qui n’a pas peur d’affirmer des sentiments faits de passion et d’excès. Ce jeune chanteur belge (21 ans) est habité par une envie irrésistible de faire rêver et d’émouvoir les gens. En témoigne « Regarde-moi », son premier album, où il explore la carte du Tendre comme jamais et nous embarque dans un univers sentimental très sensible. Cœur amoureux, l’auteur-interprète de « Un jour je marierai un ange » ne craint pas de parler d’amour absolu, celui qu’on ne vit qu’au cinéma et d’amour à mort, dopé par un côté fleur-bleue : « Je cherche une fille d’une autre galaxie qui pourrait me faire aimer tout et son contraire» chante-t-il dans « Enfant de », titre tubesque dansant porté par une poésie faite d’amours impossibles.

Un disque où il parle de son  besoin d’aimer, de tendresse, de mort, de guerre, d’orientation sexuelle, de mère folle et possessive, de nuit sauvage. Entre envolée vocales et « R » roulés façon Brel ou Stromae, son idole avec Lady Gaga, Pierre de Maere nous plonge avec bonheur dans ses chansons-fictions au caractère éclectique, passant d’un style à l’autre de manière décomplexée, sans se prendre au sérieux.

Un registre très love, mélancolique, mystérieux et teinté d’humour qui prend vie sur fond d’élégante électro-pop. Un artiste à suivre de près qui va faire beaucoup parler de lui en 2023. Après La Cigale et le Trianon, il sera à l’Olympia le 12 mai. L’occasion de découvrir en live ce premier album très réussi. Rencontre avant sa mise en orbite aux Victoires de la Musique où l’artiste nommé dans deux catégories (chanson de l’Année et Révélation) ne va pas manquer de faire sensation.

pierre de maere regarde moi
Pierre de Maere (c)-Marcin-Kempski-

Le titre de votre album « Regarde-moi » , c’est un peu « faites attention à moi, je suis là » ?

Pierre de Maere : Pour une fois, ce n’est pas égocentrique. Plutôt que « regarde-moi je suis beau », c’est « regarde la beauté qui est en moi ». C’est plus un appel à l’aide, une espèce de cri du cœur de quelqu’un qui est désemparé, désespéré. C’est quelqu’un qui cherche à être vu, pas par la foule, mais par une personne, un regard qui le rendra bien dans sa peau, deux yeux qui lui feront comprendre qu’il vaut la peine d’exister. C’est un peu le syndrome de l’artiste qui est prêt à tout et à n’importe quoi pour être vu. C’est cela que raconte l’album.

Vous êtes vraiment prêt à tout pour être reconnu?

Pierre de Maere : J’ai une décence et une certaine dignité quand même, que jusqu’ici j’ai réussi à conserver (rires). Je ne me mettrai pas nu demain sur scène parce que je suis très pudique, comme Lady Gaga mon idole, l’a fait à ses débuts quand elle chantait dans des bars à New-York, pour être remarquée car personne ne faisait attention à elle. Mais, oui, il y a chez moi une volonté d’être vu et entendu.

J’aime les extrêmes en chanson, les excès. J’aime dramatiser, exagérer pour rendre les textes intéressants. Quand j’écris  sur l’amour, c’est «l’amour à mort ». C’est le romantisme dans tout son élan. Quand je raconte une histoire dans la vraie vie, c’est la même chose, j’invente un tiers de l’histoire pour qu’elle soit palpitante. Il se pourrait d’ailleurs que je vous mente pour que ce soit intéressant ! (rires). Dans la musique, c’est pareil, j’ai envie d’aller flirter avec les excès pour rendre le truc intéressant.

Vous paraissez déterminé. D’où vient ce désir de célébrité, de notoriété ?

Pierre de Maere : Je pense que cela vient de « ma mère », Lady Gaga qui m’a vendu beaucoup de rêve, avec son sens de la mise en scène, du spectacle, du show. Ce qui me plait chez elle ou Stromae, c’est au-delà du bling-bling et de l’image, l’accessibilité des morceaux de ces artistes. Pour faire un tube il faut de la chance, mais pour faire deux tubes, il faut énormément de talent.

Aujourd’hui, on associe la chanson populaire à quelque chose qui n’est pas qualitatif, créatif, alors qu’on peut très bien aligner les deux. Mais c’est compliqué en France d’être diffusé par France-Inter et NRJ. Stromae l’a fait et ça c’est extraordinaire. Parvenir à faire des tubes qui soient qualitatifs et réinventent le genre. C’est la mission à long terme.

Il paraît que vous vouliez devenir photographe de mode ?

Pierre de Maere : Il y a plusieurs phases. J’ai d’abord fait de la musique de 11 à 14 ans. Je travaillais sur un iPod avec GarageBand, un logiciel qui permet de créer des morceaux. Et j’ai switché vers la photographie à l’âge de 15 ans. J’étais devenu trop laid, boutonneux, je me disais que je ne pouvais plus me mettre en scène. Je suis passé derrière la caméra et j’ai fait de la photo pendant 4 ans. Je photographiais des portraits de ma sœur, de copines, des mannequins. Je me suis passionné pour la photo de mode, je publiais dans des magazines comme GQ, via des agences avec lesquelles je travaillais.



Pourquoi avoir bifurqué vers la chanson ?

Pierre de Maere : En fait, je suis tombé amoureux. Je trouvais que la photographie ce n’était pas assez séduisant. Être musicien, c’était plus sexy ! (rires) Je me suis souvenu que j’avais fait de musique et me suis mis à chanter en français. Et pour la première fois j’ai découvert que j’avais une identité musicale, avec des envolées et ces « R » qui roulent à la Brel, Piaf, Stromae.

Vous parlez beaucoup d’amour dans votre album. En quoi le sentiment amoureux est important pour vous ?

Pierre de Maere : Ce n’est pas que je l’ai vécu tant que cela, mais l’amour est le seul phénomène sur terre qui est capable physiquement de me faire de l’effet. L’amour et les ébats, une nuit intime et charnelle, cela créé un truc en moi qui est tellement fort et physique que j’ai besoin d’en parler. Quand il s’agit d’amour je suis un exhibitionniste des sentiments et dans l’album aussi. C’est pour cela que dans « Jour-3 », une chanson qui s’inspire de ma première aventure sentimentale, je dis : «Rien ne va trop vite pour un cœur amoureux/Je suis de ceux qui rêvent d’amour à mort sur un ciel bleu ». C’est l’amour idéalisé, je le veux entier et brûlant, même si on sait que ce n’est pas comme ça dans la vraie vie.

Votre démarche rappelle celle de Stromae. Est-il un exemple?

Pierre de Maere : C’est mon exemple absolu ! C’est quelqu’un d’hyper inspirant. Il a renouvelé le genre de la chanson francophone. Il est arrivé avec ses productions taillées comme chez les américains. Tout était pensé avec beaucoup d’ambition, c’est très fort. «Racine Carrée », c’est l’album de tous les tubes, pour moi c’est le classique de ces 20 dernières années en France et en Belgique, le meilleur disque qui a été écrit et composé en français.

Pierre de Maere, artiste « queer » comme certains journaux l’ont écrit, ça vous va comme définition ?

Pierre de Maere : Je ne sais pas exactement ce que ce terme veut dire. Si cela signifie « bizarre », « différent », « unique », pourquoi pas, ça ne me dérange pas. Je ne suis pas « revendicateur » dans mes chansons et je ne mène pas encore de combats. J’affirme publiquement et je n’ai pas de souci avec ça, que j’aime les garçons plus que les filles. Gay, oui, cela fait partie de moi. Ce qui serait bien c’est de normaliser et d’en parler sans tabou. Par contre, je n’ai pas envie d’en faire un combat parce que je n’en ai pas souffert et que ce serait très arriviste. Cela ne fait pas partie de ma construction, de mon identité parce que j’ai une famille qui est très ouverte. Je n’ai jamais fait de coming out public.

La chanson « Les Oiseaux » est accompagnée d’un clip très cinématographique, où vous jouez le rôle d’un soldat sur le front de la guerre de 1914. Aimeriez-vous être acteur ?

Pierre de Maere : J’aime endosser des rôles qui ne sont pas les miens. Dans « J’aime ta violence », je parle de cocaïne alors que je n’en ai jamais pris, dans « Mercredi », je suis un adolescent qui refuse de grandir et retombe en enfance… J’adore ça parce que écrire que sur ma vie, ce serait ennuyeux et soporifique. Mais un rôle au cinéma, cela me fait trop peur. Pour être acteur, il faut s’émanciper de ses complexes corporels. Je suis encore très complexé par mon corps. J’aime mon visage et encore, mais avec le reste, j’ai plus de mal. Je ne trouve pas mon corps très sexy, ce truc très longiligne, filiforme, ce n’est pas quelque chose qui m’attire (rires).

Comment vivez-vous le fait d’être nommé par deux fois aux Victoires de la musique ?

Pierre de Maere : C’est merveilleux et je vis cela avec beaucoup de joie et de stress aussi parce qu’il y a une performance musicale et vocale à assurer. A la télé, c’est toujours plus dur qu’en concert parce que c’est plus précis et mixé pour qu’on entende tout. Il faut que je sois bon, que la mise en scène soit à la hauteur de la cérémonie. Si je gagne, je vais pleurer de joie et ce sera merveilleux, si je perds je serai triste, mais cela ne va pas changer la face du monde. Par contre, si la performance est désastreuse, je serai déçu. Il faut qu’elle soit réussie, qu’elle me crédibilise et que les gens se disent « il sait donner cet homme, il sait chanter ». Je suis très heureux  et impatient de vivre ce moment .

Entretien réalisé par Victor Hache

  • Album : Pierre de Maere « Regarde-moi »/ Cinq 7. En tournée partout en France,  Olympia le 12 mai.

 

 

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