Bertrand Cantat, lueur d’espoir à l’horizon

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Après dix ans de silence, le chanteur revient à la musique avec Horizons. Un album sombre et introspectif, réalisé au sein du groupe Détroit, créé avec le bassiste Pascal Humbert. 

Bertrand Cantat reviendra-t-il dans le cœur des gens ? Depuis le drame de Vilnius et le meurtre en 2003 de sa compagne Marie Trintignant, l’ancien chanteur de Noir Désir tente de trouver sa vérité à travers un chemin personnel qui, espère-t-il, le mènera vers la lumière. Il y a eu la prison, la justice, les médias, le procès de ceux qui ne lui pardonneront jamais, la blessure de tous les autres et, tout au fond de lui, cette force qui le pousse aujourd’hui à revenir. Pour se reconstruire. La musique, elle, est restée longtemps enfouie dans la tourmente. Voici qu’elle rejaillit, plus que jamais présente dans Horizons, premier album du groupe Détroit que Cantat a créé avec le bassiste Pascal Humbert.
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Un disque sombre habité par une fragilité douloureuse, une sorte de colère sourde, l’impression d’être dans un tunnel où le chanteur semble chercher une issue. Sentiment de malaise aussi à l’écoute de cet opus introspectif, poétique, où Cantat fait part avec sincérité de ses sentiments, sans vouloir faire oublier l’irréparable passé. Il se raccroche à la musique, seule lueur d’espoir qui lui permet d’affronter le regard extérieur. Ma muse, morceau d’ouverture, ressemble ainsi à une prière à la flamme inspiratrice, à laquelle il demande d’être « au rendez-vous » : « Ça m’inspire chaque fois que je respire ton essence complice / qui goutte à goutte s’immisce en moi / et la petite musique se glisse entre les interstices. »

Cantat chante en français et en anglais, comme dans Glimmer in Your Eyes (lueur dans tes yeux), chanson folk aux guitares country-blues dédiée aux grands espaces. Dans Terre brûlante, le paysage aride est traversé par une longue route droite où l’on croise des « camions fumants, des oiseaux morts, des soleils abîmés » sous un ciel chargé de nuages. Un registre dense, émouvant, à l’image d’Ange de désolation dont les vers semblent s’adresser à Marie : « Tu sais maintenant, de ce côté du monde on étouffe », chante-t-il : « Dors mon ange dors / L’éternité nous appartient / Chaque seconde la contient / Dis-moi te souviens-tu des splendeurs nocturnes et des rires fous / Et dans l’iris plantés comme des poignards / des éclats de vie rien qu’à nous. » Paroles bouleversantes ou pleines de spleen dans le titre Horizon où il évoque la prison : « Cherche ton horizon entre les cloisons / Qui de ma tête ou de mon cœur va imploser comme une étoile ? / Quel débris ou quel morceau de moi / D’abord te rejoindra ? »
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Il y a des atmosphères rock façon Noir Désir (le Creux de ta main), des ballades mélancoliques (Droit dans le soleil), des chœurs gospel-soul (Sa Majesté), des ambiances pop-folk aux riffs de guitares amples, où l’on respire un peu (Null and Void).

À la fin Cantat paraît s’en remettre au destin en reprenant les mots de Ferré Avec le temps. Un album à la beauté grave, reflet des déchirures d’une histoire tragique, qui ne laissera personne indifférent. On en ressort sans un sourire.

Album Horizons chez Barclay Music.

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Image de Victor Hache

Victor Hache