Photos/« So British! ». Pour son édition 2025, le Festival Photo La Gacilly (Morbihan) traverse la Manche et braque ses projecteurs sur la photographie britannique. Avec « So British! », à travers les œuvres de Don McCullin, Martin Parr, Tony Ray-Jones, Terry O’Neill, Gina Soden et bien d’autres, le festival nous plonge dans une Angleterre contrastée, où le flegme côtoie l’excentricité, où l’humour décape la réalité, où l’absurde révèle la vérité. De la satire sociale aux grands bouleversements de notre époque, des icônes du rock aux oubliés du progrès, cette exposition à ciel ouvert offre un accès libre et engagé à l’un des regards les plus aiguisés sur notre monde. Un voyage inédit, entre fascination et réflexion.
« So British !» est une invitation à la curiosité, à la réflexion et à l’émerveillement. Une traversée de la Manche sans billet, mais avec le regard grand ouvert
Il suffit parfois de traverser un bras de mer pour changer de perspective. Cette année, le Festival Photo La Gacilly, fidèle à sa mission d’ouvrir grand les yeux sur le monde, invite ses visiteurs à embarquer pour un voyage outre-Manche. Du 1er juin au 5 octobre 2025, les ruelles pavées, les jardins luxuriants et les façades de pierre de cette cité bretonne deviendront le théâtre d’une immersion totale dans l’âme britannique.
L’Angleterre, on croit la connaître. Ses taxis noirs et ses bus rouges, son thé à cinq heures et son ciel changeant, ses gentlemen tirés à quatre épingles et ses rockeurs aux guitares saturées… Mais au-delà des clichés, que raconte l’Angleterre d’aujourd’hui ? Quelles sont ses contradictions, ses fiertés, ses fêlures ? Quel regard ses photographes portent-ils sur une nation en perpétuelle métamorphose ?
À La Gacilly, où l’art se vit en accès libre et en pleine nature, les images parlent plus fort que les discours. Elles dénoncent, elles provoquent, elles éclairent. Elles révèlent, surtout, une société où l’excentricité se mêle au flegme, où le poids des traditions se heurte aux vents du changement.
Un regard acéré sur un monde en mutation
Dans la grande fresque photographique déployée cet été, Don McCullin tiendra une place d’honneur. Anobli par la reine mais toujours du côté des oubliés, il a photographié la guerre pour hurler son absurdité. Il a capté la misère pour la dénoncer. Aujourd’hui, alors que les crises secouent le monde et que l’humanité vacille, son regard demeure une boussole.
Dans un registre tout aussi incisif, mais teinté d’ironie, Martin Parr et Tony Ray-Jones nous tendent un miroir sans concession. Leur Angleterre est bariolée et contrastée, grotesque et sublime, où l’absurde le dispute à la grâce. Des pique-niques mondains aux bains de foule populaires, leurs images révèlent une société qui oscille entre attachement aux traditions et folie douce. Peter Dench poursuit cette exploration, capturant avec son objectif affûté les contradictions de ses compatriotes : une nation partagée entre respect du protocole et ivresse joyeuse, entre retenue et éclats débridés. Josh Edgoose, quant à lui, sillonne les rues de Londres, à l’affût d’un détail incongru, d’un instant suspendu, d’un jeu de couleurs inattendu qui transforment le quotidien en poésie.
Quand la photographie saisit l’essence du temps
Mais l’Angleterre n’est pas qu’un théâtre social, c’est aussi une terre où la mémoire dialogue avec l’avenir. Terry O’Neill nous replonge dans le Londres bouillonnant des années 60 et 70, où les Beatles, les Rolling Stones et David Bowie forgeaient leur légende sous son objectif complice. Ses clichés iconiques nous rappellent que la culture britannique, bien au-delà de ses frontières, a changé la face du monde.
À l’autre bout du spectre, trois femmes photographes interrogent notre rapport au temps et à l’environnement. Gina Soden traque la beauté dans les lieux abandonnés, ces vestiges d’une époque révolue où la nature reprend ses droits. Cig Harvey, elle, transforme l’ordinaire en une explosion sensorielle, jouant avec la lumière et la couleur pour mieux réveiller nos émotions. Mary Turner, enfin, pose un regard tendre et poignant sur les populations marginalisées de l’Angleterre post-industrielle, ces oubliés du progrès que le cinéma de Ken Loach sait si bien raconter.
Un festival à ciel ouvert, un voyage à portée de regard
Venir à La Gacilly, c’est entrer dans une galerie en plein air où les images s’offrent à tous, gratuitement, où l’art dialogue avec les arbres et les pierres, où chaque photographie interroge notre place dans le monde.
Dans une époque troublée, où les frontières se redessinent et où les certitudes vacillent, cette édition « So British! » est une invitation à la curiosité, à la réflexion et à l’émerveillement. Une traversée de la Manche sans billet, mais avec le regard grand ouvert.
Victor Hache
- Exposition Photos « So British ! » : À découvrir du 1er juin au 5 octobre 2025, à La Gacilly (Morbihan – 56200). Plus d’infos sur le le site du FESTIVAL PHOTO LA GACILLY : Place de la Ferronnerie à La Gacilly, au Point Accueil & Boutique du Festival à côté de l’Office de Tourisme, pendant toute la durée du Festival Photo.