Jacques-Louis David au Louvre : l’art comme miroir de l’Histoire

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Jacques-Louis David: "Les Sabines" (1799). © Paris Musée du Louvre/GrandPalais Rmn/ Sylvie Chan-Liat/SP

Exposition/ Jacques-Louis David. À l’occasion du bicentenaire de la mort de Jacques-Louis David, le musée du Louvre rend hommage à l’un des plus grands peintres français à travers une rétrospective exceptionnelle présentée dans le Hall Napoléon, du 15 octobre 2025 au 26 janvier 2026.
Figure majeure du néoclassicisme et témoin privilégié des bouleversements de son siècle, David a su faire de la peinture un instrument de mémoire et de pouvoir. L’exposition invite le public à (re)découvrir l’univers d’un artiste visionnaire, dont les œuvres, de Marat assassiné au Sacre de Napoléon, continuent de façonner notre regard sur la Révolution et l’Empire. Une plongée fascinante au cœur d’un art où la rigueur de la forme rencontre la force du sentiment.

Jacques-Louis David : maître du néoclassicisme, le peintre a été le témoin de son temps dont le pinceau a su traduire les bouleversements de l’Histoire

Le musée du Louvre célèbre le bicentenaire de la mort de Jacques-Louis David (1748-1825) à travers une rétrospective d’exception présentée dans le Hall Napoléon. Près d’une centaine d’œuvres, réunissant chefs-d’œuvre, esquisses et tableaux rarement exposés, rendent hommage à celui que l’on surnomme à juste titre le « père de l’École française » et le grand régénérateur de la peinture moderne.

David est bien plus qu’un peintre : il est une conscience artistique et politique, un témoin de son temps dont le pinceau a su traduire les bouleversements de l’Histoire. Né sous l’Ancien Régime, acteur fervent de la Révolution française, peintre officiel de Napoléon, puis exilé à Bruxelles après la chute de l’Empire, il aura traversé six régimes politiques sans jamais renoncer à son idéal d’art moral et héroïque.

Le néoclassicisme qu’il incarne n’est pas pour lui un simple retour à l’Antique : c’est une esthétique de la vertu et de la raison, une mise en ordre du monde par la ligne et la lumière.



Dans Le Serment des Horaces (1784), il exalte le courage civique ; dans La Mort de Socrate (1787), la fidélité à la vérité ; dans Marat assassiné (1793), il érige le martyr révolutionnaire en icône politique. Plus tard, avec Le Sacre de Napoléon (1806), il invente l’imagerie impériale, donnant à l’épopée napoléonienne son visage éternel.

Ces tableaux, d’une rigueur sculpturale, forment la mémoire visuelle de la Révolution et de l’Empire — un panthéon de toiles qui continue d’habiter notre imaginaire collectif.

Mais derrière la discipline et la clarté de la forme se cache une émotion contenue, une puissance expressive insoupçonnée. L’exposition du Louvre entend justement révéler cette dimension sensible, souvent éclipsée par la solennité de son style.

À travers de nombreux prêts exceptionnels, dont le fragment monumental du Serment du Jeu de Paume et la version originale du Marat assassiné, le visiteur découvre un artiste complexe, inventif, parfois contradictoire — à la fois peintre de l’ordre et témoin des passions humaines.

En célébrant Jacques-Louis David deux siècles après sa disparition, le Louvre ne commémore pas seulement un grand peintre, mais un créateur de mythes, un homme dont la peinture a su capter l’esprit d’une époque et façonner durablement la mémoire de la nation. Entre rigueur classique et intensité dramatique, David demeure un maître absolu — celui qui a fait de la peinture un miroir de l’Histoire et un acte de foi dans la grandeur de l’homme.

Jane Hoffmann

  • Exposition Jacques-Louis David. Du 15 octobre 2025 au 26 janvier 2026, Musée du Louvre, Paris.
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