Jonathan Jeremiah : un brillant artisan de la soul folk moderne

jonathan jeremiah
Jonathan Jeremiah est de retour avec l'album "We come alive". Photo Glenn Dearing

Toutes les musiques de We Culte. Avec We Come Alive, Jonathan Jeremiah poursuit le dialogue qu’il entretient depuis ses débuts avec les grandes traditions de la soul et du folk, tout en y intégrant des influences plus européennes et cinématographiques. L’album interroge l’héritage, les récits familiaux et la manière dont la musique peut accueillir la fragilité du réel sans la dramatiser. Entre arrangements orchestraux soignés, sens du récit et une voix chaude de baryton devenue sa signature, le songwriter londonien compose un disque qui s’inscrit autant dans la continuité de son œuvre que dans une volonté d’en élargir les contours. Un retour où la culture, la mémoire et l’intime se répondent avec une sobriété maîtrisée.

Jonathan Jeremiah : le songwriter londonien mêle, depuis ses débuts, soul chaleureuse, folk racé et inflexions R&B avec un naturel désarmant

Avec We Come Alive, Jonathan Jeremiah signe un sixième album qui s’écoute comme un journal de bord intérieur. Enregistré entre la tranquillité verdoyante du Somerset et l’énergie contrastée d’Amsterdam Oost, le disque assemble des fragments de vie, des paysages sonores et des souvenirs familiaux pour en faire un ensemble cohérent, presque confidentiel.

Le songwriter londonien ne cherche pas à surprendre par un virage esthétique, mais plutôt à approfondir une écriture qui, depuis ses débuts, mêle soul chaleureuse, folk racé et inflexions R&B avec un naturel désarmant. A l’image de Kolkata Bear, morceau qui illustre parfaitement ce mouvement de balancier entre mémoire et imaginaire.

Jeremiah tisse une chanson à la fois narrative et sensorielle, portée par des cordes fiévreuses et sa voix chaude de baryton, toujours aussi directe, comme lavée de toute affectation. L’onirisme s’y mêle à un sentiment plus souterrain, celui du deuil et du manque, thèmes qui parcourent l’album depuis la disparition de son père.



Counting Down The Days adopte une économie de moyens avant de se déployer lentement, presque par respiration, en une fresque orchestrale où cordes, chœurs et textures cinématographiques s’installent avec douceur. Jeremiah y démontre une nouvelle fois son art : prendre un geste simple — ici, compter les jours avant des retrouvailles — et l’étirer jusqu’à ce qu’il devienne un paysage émotionnel.

Plus frontal, There’s No Stopping Me renoue avec la tradition de la soul vintage, sans s’y enfermer. Le morceau avance avec assurance, comme un mantra d’indépendance, nourri par la mémoire autant que par le désir de poursuivre sa route sans renier le passé. Une modernité discrète, mais réelle, s’invite dans les arrangements, comme si Jeremiah cherchait à faire dialoguer l’ancien et le présent sans hausser le ton.

Au fil des pistes, We Come Alive révèle un artiste qui ne multiplie pas les artifices mais affine sa palette.

Jonathan Jeremiah apparaît ici comme un songwriter qui, sans cesser d’être fidèle à ses influences — la soul orchestrale, le folk des années 70, la chanson européenne —, avance avec une sincérité calme et apaisante. We Come Alive n’est pas un album spectaculaire : il préfère l’évidence à l’esbroufe, la nuance à l’effet. Et c’est précisément ce qui fait sa force.

Victor Hache

  • Album We Come Alive, Jonathan Jeremiah. Pias. En concert le 17 novembre à la Maroquinerie : 23 rue Boyer, Paris 20e.

Image de Victor Hache

Victor Hache