autant en emporte le vent
"Autant en emporte le vent" : Vivien Leigh et Clark Gable ©Photo-Re-Pubblic/leemage

Télévision. « Autant en emporte le vent » est un film qui a marqué l’histoire du cinéma. Dense, foisonnant, romanesque, il met en scène une jeune aristocrate (Scarlett O’Hara) du sud des Etats-Unis pendant la guerre de Sécession (1861-1865), qui, de perdante humiliée, redeviendra une femme riche, enviée, cherchant vainement à conquérir une homme qui ne l’aime pas. NOTRE AVIS (****) : Inspiré du roman de Margareth Mitchell, véritable monument de la littérature, ce film en forme de fresque historique couronné de huit Oscars, est un grand classique : une histoire de passion, de bruit et de fureur, d’une jeune femme du 19e siècle ambitieuse et moderne qui réussira à force de courage et de volonté. A voir lundi 1er janvier 2024 sur Arte -21:05.

L’HISTOIRE

« Autant en emporte le vent » commence en 1861 en Amérique, dans l’état de Géorgie, où une jeune fille de la « haute société » sudiste, Scarlett, vit heureuse dans son immense domaine. Elle est belle, courtisée pour sa fortune, également pour sa vivacité d’esprit. Elle est amoureuse d’un gentilhomme, Ashley, fiancé à une lointaine cousine, Mélanie. Décidée à le faire changer d’avis, c’est pourtant un personnage « douteux » Red Butler, attiré par elle, qui l’épousera.

NOTRE AVIS (****)

Le roman de Margareth Mitchell « Autant en emporte le vent » est un monument de la littérature. Le film de Victor Fleming l’est tout autant et c’est de celui-ci dont on se souvient. Il montre les épisodes importants de la guerre de Sécession qui a marqué au fer rouge la victoire du Nord, industriel, sur le Sud, rural. Ce faisant, cette jeune nation adressa au monde entier son message démocratique basé sur l’économie, forme suprême de progrès. « Autant en emporte le vent » est l’histoire de cette guerre fratricide vue à travers le destin d’une jeune fille du sud, issue de l’aristocratie fortunée, qui va, après la défaite, se hisser aux sommets de la réussite sociale.

Cette guerre va précipiter tous les protagonistes dans la tourmente. Ashley épouse Mélanie, Scarlett se marie par dépit mais devient veuve peu de temps après. C’est au cours d’un bal de charité qu’elle suscite un premier scandale en valsant, veuve vêtue de noir, avec Red Butler, séduisant et cynique.

Plus tard, après la prise d’Atlanta où, avec l’incendie en arrière-plan, elle fuit dans une charrette conduite par Red, emportant avec elle Mélanie et son bébé. C’est la plus belle et grandiose scène du film. Scarlett a retrouvé sa propriété dévastée par les soldats de l’Union. Sa mère est morte, son père a perdu la raison, ses deux sœurs sont affaiblies par les privations. Elle prend alors en charge le rôle de chef de famille à l’âge de 19 ans.



La scène la montrant dans son champ de navets où elle jure tête levée vers le ciel de ne plus avoir faim quoi qu’il lui en coûte, est saisissante et fait basculer le film dans le drame. Elle va épouser le fiancé de sa sœur, amoureux d’elle, faire fortune dans le commerce du bois jusqu’à la mort de celui-ci. Ayant gravi tous les échelons, elle réussira grâce à son courage, à sa beauté, à son cœur sec et son intelligence doublée de froideur.

Sur seulement cinq années, le film décrit la vie d’une femme ambitieuse et moderne qui sut se hisser dans une Amérique à reconstruire, où l’héroïne à force de courage et de ténacité passe des salles de bals grandioses au travail des champs. Sa volonté aidant et son manque de scrupules, ont donné l’image d’une réussite face à des hommes, après la guerre, qui avaient baissé les bras.

Scarlett est une femme qui a dépassé son siècle. Au regard de l’histoire, elle est contemporaine de Louise Michel qui a été une révolutionnaire active dans une France agitée par les idées de la Révolution française depuis presque 70 ans. Leurs destins ne sont pas semblables mais dans ce pays neuf où fourmillaient tant de nationalités différentes, Scarlett O’ Hara restera l’héroïne d’une société où la femme n’avait ni le droit de parler affaires, ni à une sorte d’une sorte de virilité pour gérer une entreprise, en l’occurrence une scierie.

Ce monument du cinéma inoubliable, magnifié par l’héroïne descendante d’émigrés irlandais, dont la fortune attise la frustration et l’envie, est une façon de penser le monde autrement.

S’il y a des esclaves noirs sur la propriété qui travaillent dans les champs de coton de « Tara », nom du domaine, le propos de Margareth Mitchell n’était pas de faire une sorte de « Case de l’oncle Tom « . Son idée peu courante pour l’époque, était de décrire l’ascension d’une jeune fille déclassée.  La «mama » de Scarlett quant à elle, jouée par l’actrice noire Hattie McDaniel a d’ailleurs reçu un Oscar à Hollywood en 1939 en sa présence dans la salle, lors de la remise des récompenses.

Jane Hoffmann

  • A voir : « Autant en emporte le vent » (1938) de Victor Flemming avec Vivien Leigh, Clark Gable, Olivia de Havilland, Leslie Howard, Hattie McDaniel, musique de Max Steiner, produit par David O.Selznick. Lundi 1er janvier 2024 sur Arte -21:05.

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