Le film de Pascal Thomas « A cause des filles » possède une vertu rare : il allège le cœur. Il chasse les larmes. Il dédramatise des choses qui sont pourtant dramatiques quand on les vit
Son nouveau film « À cause des filles » débute par une mariée abandonnée dès la sortie de l’église. À la stupéfaction des invités, le marié monte dans un petit coupé sport où l’attendait une autre femme, et s’enfuit avec elle. L’assemblée médusée va soutenir la mariée, dans le restaurant de bord de plage où la fête était prévue. On raconte des affaires sentimentales, plutôt des mésaventures, pour se consoler, pour se dire à quel point l’amour est enfant de Bohême. Les histoires se succèdent, comme en guirlande au dessus des tables.
Pascal Thomas semble avoir condensé dans ce film des ingrédients typiques de son style. L’ambiance maritime rappelle son merveilleux « Les maris, les femmes, les amants » (on ne s’en plaindra pas). Le ton des histoires évoque un peu « Celles qu’on n’a pas eues ». Avec toujours cet humour tendre et décalé, qui pardonne, et des notes musicales pour le liant (Victoria Lafaurie, la chanteuse de la fête).
Dans une distribution également typique, on note la bonne idée d’asseoir face à face Bernard Menez et François Morel. Vu de loin, ils pourraient être cousins, mais une fois juxtaposés la différence éclate : Menez est plus surréaliste, distancié, à double-fond, joueur de fond de cour… et Morel apparaît plus terrien, ancré, entier. Très bien employés aussi, Irène Jacob, Pierre Richard, Rossy de Palma, Alexandra Stewart, Christian Morin… Ce film possède une vertu rare : il allège le cœur. Il chasse les larmes. Il dédramatise des choses qui sont pourtant dramatiques quand on les vit. Il nous met la main sur l’épaule, comme un ami, et nous dit : « Allez, tout ira bien. Regarde comme tout le monde vit des choses bizarres ». Rien que pour ça, on remercie l’auteur.