Sortie cinéma. Le film est aussi délicat, sensible et émouvant que l’histoire qu’il raconte: « Close » (sur les écrans ce mardi 1er novembre) décrit une amitié particulière entre deux garçons de 13 ans, dans cet inconfortable passage entre enfance et adolescence.
« Close » : un film émouvant et juste sur la préadolescence et ses tourments
Le film a obtenu au dernier Festival de Cannes le Grand Prix, récompense la plus importante après la Palme d’or. Une confirmation pour le jeune réalisateur Lukas Dhont, 31 ans, distingué en 2018 par la Caméra d’or à Cannes (meilleur premier film) et candidat de la Belgique aux Oscars pour GIRL, histoire de la longue épreuve d’un jeune garçon qui veut changer de sexe et devenir danseur étoile.
Regard des autres
« Je voulais continuer sur cette ligne de l’identité en conflit avec le regard des autres, d’un groupe. Je tenais surtout à parler d’un sujet extrêmement intime », explique le réalisateur. « C’est en quelque sorte le début du chemin vers l’adolescence ».
CLOSE raconte l’amitié entre Léo, le blond (Eden Dambrine), et Rémi, le brun (Gustav De Waele), qui se connaissent depuis l’enfance. Ils s’amusent et se chamaillent comme deux garçons de leur âge, rigolent, font des courses à pied ou à vélo, se promènent dans les champs, entretiennent de longues conversations quand l’un des deux va passer la nuit chez l’autre. Léo est doué en dessin, Rémi joue du saxo.
Rentrée des classes
Leurs mères respectives (Léa Drucker et Émilie Dequenne, ici à Cannes) se connaissent très bien. La première s’occupe de la cueillette dans les champs de fleurs dans ce coin de la Belgique flamande, la seconde travaille à la maternité de la ville.
Puis c’est la rentrée des classes, la première année de lycée. « Est-ce que vous êtes ensemble? », demande aux deux jeunes garçons une de leurs camarades de classe. « Non, on n’est pas en couple », répond Léo, « on est quasiment frères ». « Peut-être que vous n’assumez pas, hein? », rétorque une autre fille.
Foot et hockey
Ils ne sont pas en couple, n’ont pas découvert encore la sexualité, continuent d’être les meilleurs amis du monde. Mais, alors que Rémi, plus sensible, reste plus enfermé, Léo s’ouvre davantage aux autres, joue au foot à la récré avec les autres garçons de la classe en parlant de Mbappé et de Cristiano Ronaldo. Il s’inscrit dans l’équipe de hockey sur glace du lycée, et Rémi vient le voir jouer.
L’amitié entre les deux connaît des hauts et des bas, des bouderies et des disputes, mais semble toujours aussi solide. Jusqu’au jour où…
Souvenirs d’adolescence
Le réalisateur, qui assume son homosexualité, a puisé dans ses souvenirs et sentiments d’adolescence pour raconter cette histoire: à cet âge, au lycée, « les garçons se comportaient d’une certaine manière, les filles d’une autre et j’avais toujours l’impression de n’appartenir à aucun groupe », explique-t-il. « Les amitiés que j’avais, surtout avec des garçons, commençaient à me faire peur car j’étais très efféminé et sujet à beaucoup de remarques. Le fait d’être intime avec un autre garçon offrait au regard des autres comme une confirmation d’une identité sexuelle supposée ».
Le film est pudique et fort à la fois, avec des situations et des dialogues simples et naturels. Ce n’est rien de dire que les deux jeunes acteurs (surtout Eden Dambrine, qui interprète Léo et tient le rôle principal) sont formidables, tout comme Léa Drucker et Émilie Dequenne.
Danseur
« À vrai dire, je ne voulais pas être réalisateur, mon plus grand rêve était d’être danseur. Mais j’ai abandonné à l’âge de 13 ans car j’avais honte », explique Lukas Dhont, qui décrit avec justesse cet âge de la vie, « situé entre l’enfance et l’adolescence, un moment très précis: l’entrée dans le secondaire, le début des questions sur la sexualité, le changement physique, la relation au monde et ses évolutions ».
Le jeune réalisateur passe donc avec succès cette épreuve toujours difficile dans la carrière d’un cinéaste: réussir son deuxième film quand le premier a déjà été salué par la critique. « Quelqu’un m’a très bien expliqué ce sentiment: quand on saute en parachute pour la première fois, on saute parce qu’on ne sait pas ce qui va se passer. La deuxième fois, on a beaucoup plus peur parce qu’on est conscient de la situation ». Mais on attend donc son troisième film avec impatience…
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Je pense qu’ils sont meilleurs amis plus-plus » (une des camarades de classe de Léo et Rémi).
- A voir : « CLOSE » (Belgique, 1h45). Réalisation: Lukas Dhont. Avec Eden Dambrine, Gustav De Waele, Émilie Dequenne (Sortie le 1er novembre 2022)
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