Sortie cinéma. Avec Dracula, Luc Besson devient le premier cinéaste français à s’attaquer à l’un des mythes les plus célèbres de la littérature fantastique. Inspiré du roman culte de Bram Stoker, ce film somptueux mêle amour, mystère, enquête et horreur dans une fresque baroque qui traverse les siècles. Besson propose une relecture profondément romanesque de la légende, centrée sur un comte torturé par la perte de son épouse adorée et condamné à l’éternité.
Caleb Landry Jones incarne un Dracula à la fois magnétique et mélancolique, face à Christoph Waltz, prêtre lancé dans une traque jusqu’au cœur des Carpates, accompagné d’un scientifique (Guillaume de Tonquédec). Entre romantisme noir, quête existentielle et ambiance gothique, Besson offre un grand film visuel et émotionnel, qui trouve un souffle nouveau dans cette histoire d’amour tragique. Une œuvre aussi spectaculaire qu’intime, à la hauteur du mythe
« Dracula » : Luc Besson signe une œuvre foisonnante, baroque, visuellement somptueuse, où se mêlent romance, horreur, et quête existentielle
Aux origines du comte Dracula
Luc Besson s’attaque à un monument de la littérature fantastique : Dracula, d’après le célèbre roman de Bram Stoker. Premier réalisateur français à oser revisiter cette légende mille fois portée à l’écran — après les inoubliables versions de Terence Fisher (1959) avec Christopher Lee, ou celle, flamboyante, de Francis Ford Coppola (1993) avec Gary Oldman —, Besson relève le défi avec panache.
Dans cette nouvelle adaptation, il choisit de revenir aux origines du comte Dracula, figure à la fois tragique et romantique, ravagée par la mort de sa jeune épouse, assassinée par les Turcs au XVe siècle. Depuis, condamné à l’éternité, Vlad Dracula (campé avec intensité et mystère par Caleb Landry Jones) traverse les siècles à la recherche de sa bien-aimée. Un amour fou, obsessionnel, qui constitue le cœur battant du film.
Enquête et confrontation de la foi et de la science
Mais ce Dracula ne se contente pas d’être un simple récit d’amour éternel. Luc Besson y insuffle également une dimension d’enquête : à la fin du XIXe siècle, un prêtre tourmenté (Christoph Waltz, glaçant et poignant) est mandaté par l’Église pour éliminer le mal. Il s’associe à un scientifique rationnel et cartésien (interprété par Guillaume de Tonquédec) afin de comprendre les causes de mystérieuses disparitions. Leur traque les mènera jusqu’aux Carpates, dans un château gothique à l’atmosphère oppressante, à la rencontre de ce comte énigmatique, célèbre vampire assoiffé de sang, qui ne cesse de hanter les vivants.
La confrontation entre ces deux mondes — la foi et la science — donne au film une tension dramatique supplémentaire, enrichissant la lecture du mythe. Le duo Waltz / de Tonquédec fonctionne parfaitement, incarnant deux figures complémentaires, investiguant l’inexplicable jusqu’au cœur des ténèbres.
Une relecture audacieuse
Besson signe une œuvre foisonnante, baroque, visuellement somptueuse, où se mêlent romance, horreur, et quête existentielle. De somptueuses reconstitutions — des bals fastueux du Paris fin-de-siècle aux souterrains sombres de l’Hôtel Dieu, jusqu’au château maudit de Dracula — contribuent à créer une atmosphère riche et envoûtante.
Une relecture audacieuse et poignante du mythe de Dracula, portée par une mise en scène nerveuse et un casting habité. Luc Besson offre ici un film à la fois gothique et profondément humain, où l’amour et la douleur s’entrelacent jusqu’à la dernière image.
Jane Hoffmann