karine viard sage homme
Karine Viard et Melvin Boomer dans "Sage-homme" (c) Warner Bros

Sortie cinéma. Dans « Sage-homme » de la réalisatrice Jennifer Devoldère qui sort ce mercredi 15 mars, Karine Viard incarne à merveille une sage-femme au caractère bien trempé. Rencontre avec l’actrice qui épouse le rôle à la perfection.


Karine Viard : « Les sages-femmes font un travail remarquable. Et pourtant, elles ne sont pas considérées à la hauteur de leurs responsabilités. »


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Karine Viard dans « Sage-homme » de la réalisatrice Jennifer Devoldère(c) Warner Bros

Douze ans après son dernier long métrage « Et soudain tout le monde me manque » avec Mélanie Laurent, Michel Blanc et Géraldine Nakache, la réalisatrice Jennifer Devoldère propose avec « Sage-homme » une comédie réussie qui mêle pédagogie, émotion et humour.

Après avoir manqué le concours d’entrée en médecine, un étudiant intègre à contrecœur l’école des sages-femmes en cachette de son entourage. Sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience va bouleverser ses certitudes.

Entretien avec Karine Viard qui épouse le rôle à la perfection.

Vous incarnez une sage-femme. Avez-vous une affinité particulière avec ce métier ?

Karine Viard: Je ne connaissais pas du tout cet univers. Mais j’ai tout de suite aimé le sujet. Mettre un enfant au monde est un acte médical qui suppose des gestes techniques d’une grande précision, à un moment capital où tout peut basculer. Les sages-femmes font un travail remarquable. Et pourtant, elles ne sont pas considérées à la hauteur de leurs responsabilités.

Ce film est-il un hommage ?

Karine Viard : Oui d’une certaine façon ! Les sages-femmes donnent la vie. C’est un métier de transmission. Quand elles prennent de la bouteille, elles forment les jeunes. Il y a une énorme solidarité. Elles doivent s’adapter aux femmes qu’elles ont en face d’elles. On leur demande des compétences, mais chacune a le droit d’être la sage-femme qu’elle a envie d’être. Extravertie, volubile, discrète, accompagnante, dynamisante. Peu importe. Elles sont les patronnes quand elles font accoucher. C’est un des plus beaux métiers du monde. Il est dans 90% des cas joyeux. Pour les 10% restants, la solidarité compte énormément. Elles doivent avoir du plomb dans la tête, car lorsqu’un drame se présente, rentrer chez soi est difficile.

Vous avez tourné avec des professionnelles. Etait-ce un atout ?

Karine Viard : Travailler avec des professionnelles était un privilège, renforcé par la qualité d’écoute de Jennifer Devoldère. Elle a laissé vivre ce qui se passait entre elles et nous. Ce qui donne à l’arrivée ces personnages et ce film dont je suis très fière. Il fallait en revanche bien connaître le texte car il y a des termes très techniques. Et, c’est avec la bonne utilisation de ces termes qu’on peut incarner au plus près le métier. Il fallait que le spectateur m’identifie d’entrée comme sage-femme. Mon « stage » dans le service de maternité de l’hôpital Saint-Joseph m’a aussi beaucoup aidé.

Quand on incarne une sage-femme, fait-on appel aux expériences de sa propre vie ?

Karine Viard : Non, quel que soit mon rôle, je veux m’adapter à la personne que j’ai en face de moi pour comprendre ce que veut la metteure en scène et faire le trajet entre ce qu’elle souhaite et mon intuition, mes rêveries. Sur ce tournage, c’était fluide. Ça marchait. Et ça se ressent évidement à l’écran.



Qu’aimez-vous dans ce rôle ?

Karine Viard: J’aime le personnage de Nathalie car il est assez libre. Et c’est pour cela que j’étais dans une espèce de spontanéité. Elle est féministe, sans être donneuse de leçon : c’est un rapport au féminisme qui me correspond bien et que je revendique. Je ne me retrouve pas tellement dans celui très agressif qu’on nous sert depuis quelques années, même si je trouve que ce mouvement est parfaitement nécessaire. Ce film est aussi l’histoire d’un jeune homme qui fait des études pour devenir sage-homme contre son gré. Il va découvrir à travers cette formation, ce qu’est profondément une femme. Le film dit que les hommes et les femmes doivent avancer de concert.

On est parfois proche du reportage

Karine Viard : Oui, mais on est au cinéma. A la télé, on aurait filmé des femmes en train de consulter des dossiers et évité les images trop crues. Là, on découvre cet univers, sans faire de concessions, et à travers le regard d’un homme qui le rejette car trop féminin et trop clivant pour lui. Le spectateur évolue à travers lui et apprend ce que c’est de mettre au monde un enfant. Seules les femmes le savent. C’est un moment où ton corps s’exprime. Tu n’as pas le temps de travailler du chapeau. C’est organique, un truc de dingue ! Un engagement total. Le film rend bien l’intensité de ce moment. Mais c’est aussi un grand film populaire et très drôle qui vous embarque dans l’énergie du vivant. C’est jubilatoire !

C’est aussi l’histoire d’un jeune de banlieue (joué par Melvin Boomer, l’interprète de JoeyStarr dans la série « Le Monde de demain »), qui a grandi dans un milieu très masculin, et qui se retrouve dans un univers ultra féminin. Avez-vous aimé la confrontation de ces deux mondes ?

Karine Viard : Léopold ne voit dans son affectation qu’un moyen pour poursuivre des études de médecine. Nathalie est dans la transmission. Elle ne veut pas perdre pas de temps avec quelqu’un qui ne mérite pas son expérience. Très vite, une belle amitié va se nouer entre eux.

Comment choisissez-vous vos rôles ?

Karine Viard : Quand on est acteur, on a souvent besoin d’exprimer quelque chose de soi. Avec les années, ce qui compte, c’est aussi de faire quelque chose pour les autres. Quand on pratique des métiers artistiques que pour soi, ça devient vite stérile. Il faut donc avoir la prétention de délivrer des messages au monde. Je fais des films pour dire des choses : proposer un féminisme différent du discours radical, rappeler la chance que nous avons de vivre en France et d’avoir accès aux soins gratuitement. C’est ce qui rend mon métier si vibrant, tant d’années après mes débuts.

Entretien réalisé par Christian Panvert

  • A voir : « Sage-homme » de Jennifer Devoldère, avec Melvin Boomer, Karin Viard, Tracy Gotoas, Steve Tientcheu (Sortie mercredi 15 mars 2023).

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