"L'Homme debout" : Nouvelle venue, la jeune Clémence (Zita Hanrot) a comme mission de convaincre le vieux Henri (Jacques Gamblin) de quitter l'entreprise après trente ans d'activité (©Orange Studio).

Sortie cinéma. Ne comptez pas sur lui pour les manifs contre la réforme des retraites. Dans « L’HOMME DEBOUT » (ce mercredi 17 mai sur les écrans), Jacques Gamblin interprète un sexagénaire qui ne veut pas décrocher et continue à travailler malgré l’insistance de son employeur à le voir partir.


« L’Homme Debout » est une comédie sociale sur les rapports de force et de domination dans le monde du travail


"L'Homme debout" film
« L’Homme debout » : Jacques Gamblin ©Orange Studio

Henri Giffard travaille depuis une trentaine d’années comme VRP dans une petite entreprise de papiers peints de province qu’il a fondée avec un ami. Admirateur de Rimbaud et amateur de bon vin, il s’ennuie et vit seul car sa femme l’a quitté jadis avec leur fils, lassée de le voir se consacrer exclusivement à son travail.

À l’ancienne

L’entreprise a été plusieurs fois vendue mais une clause interdit de mettre Henri à la retraite sans son accord. Alors, pour combler le vide de son existence, le sexagénaire décide de continuer à travailler –mais à l’ancienne, en se consacrant aux papiers peints et en refusant de vendre du mobilier assorti, fauteuils ou canapés.

« On a besoin de sang neuf pour rester dans la course », pense au contraire le patron de l’entreprise. Il vient d’engager une jeune femme en CDD comme assistante de direction, Clémence Alpharo (Zita Hanrot), et lui donne comme mission impérative, pour décrocher un CDI, de pousser dehors le vieux Henri.

Problèmes familiaux

Clémence veut saisir cette opportunité professionnelle pour fuir ses problèmes familiaux (rupture avec son compagnon, sœur agressive et schizophrène, mère qu’elle aide financièrement et ne veut pas décevoir).

Mais elle éprouve de l’affection pour le vieux Henri en apprenant à le connaître, au fil de leurs rencontres. Le patron ne lui laisse cependant pas le choix: « Vous voulez rester dans la boîte, oui ou non? »…

Comédie sociale

L’HOMME DEBOUT est une comédie sociale sur les rapports de force et de domination dans le monde du travail, mais aussi une histoire intime sur les relations familiales, la solitude, les rencontres, le sens que l’on donne à sa vie. Pour les deux personnages principaux, le vieux Henri et la jeune Clémence, qui sont « sous pression, il y a une lutte entre leur être social et leur vérité intime », et c’est en acceptant que ces deux parties d’eux-mêmes se rejoignent qu’ils peuvent s’en sortir, explique la réalisatrice, Florence Vignon.



Celle-ci a été actrice (et se donne ici un petit rôle, celui de la meilleure amie d’Henri) et a ensuite fait carrière comme scénariste, notamment pour des films de Stéphane Brizé (cinq au total). L’HOMME DEBOUT, son premier long-métrage comme réalisatrice, est adapté d’un livre paru en 2012, Ils désertent (Ed. Fayard), de Thierry Beinstingel.

Ton doux-amer

Il y avait dans ce roman, explique-t-elle, « tout ce que j’aime: des personnages solitaires et paumés, un mélange de mélancolie, d’absurdité, de pathétique et de loufoquerie. Une matière à cinéma et l’occasion de travailler les thématiques qui me sont chères: celle du libre arbitre face au déterminisme social et familial, du sens qu’on donne à nos existences et la question lancinante qui nous dit: est-il trop tard pour changer de route? »

Le film, au ton doux-amer, empreint de mélancolie et de tendresse mais aussi de rapports sociaux durs, vaut par la qualité du duo des acteurs principaux: Jacques Gamblin tout en finesse désabusée et ironie mordante, face à une sensible Zita Hanrot, César 2016 du meilleur espoir féminin pour FATIMA, puis remarquée récemment dans LA VIE SCOLAIRE (2019) et ROUGE (2020).

Puissance de la rencontre

Avec ce joli film émouvant, Florence Vignon dit vouloir montrer « la puissance de la rencontre avec l’autre. Une rencontre peut nous donner le courage de remettre en question nos choix de vie, elle peut nous donner le courage de la révolte… C’est tout le mystère de ce processus que nous observons quand je filme Clémence et Henri. Deux solitudes qui se reconnaissent, s’affrontent, touchent le fond pour enfin s’affranchir de leurs chaînes. Il n’est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions! »

C’est, pour la réalisatrice, le message principal du film: pouvoir décider de changer sa vie, sur le plan professionnel comme sur le plan privé. Et c’est comme cela qu’elle en explique le titre, comme le fait Henri à Clémence en lui disant qu’il refuse de vendre des canapés: « L’HOMME DEBOUT, en majuscules, c’est celui qui justement ne s’assoit pas dans un canapé! C’est l’Homme au sens large. C’est celui qui a quitté son statut préhistorique, pour devenir un humain debout. C’est une invitation à la mise en mouvement, à la révolte… Mais c’est aussi cette figure de VRP qui veut tenir sur ses pattes jusqu’au bout alors que tout le monde s’est assis sur ses rêves et ses principes ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE :« Le canapé est une arme de soumission massive (…). Combien d’années il a fallu à l’homme pour se mettre debout, à votre avis? » (Jacques Gamblin à Zita Hanrot).


  • A voir : « L’HOMME DEBOUT » (France, 1h26). Réalisation: Florence Vignon. Avec Jacques Gamblin, Zita Hanrot, Cédric Moreau (Sortie le 17 mai 2023)

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