« L’Homme qui rétrécit »: Quand Jean Dujardin rapetisse sur grand écran

l'homme qui rétrécit
"L'Homme qui rétrécit" : Au bout de quelques semaines, c'est sûr, le fauteuil est un peu grand pour Paul (Jean Dujardin) (©Universal Pictures).

Sortie cinéma. Les partisans du c’était-mieux-avant vont peut-être faire la fine bouche. Le remake français du film des années 50 L’HOMME QUI RÉTRÉCIT (ce mercredi 22 octobre sur les écrans), avec Jean Dujardin dans le rôle principal, est plutôt bien réalisé et correctement raconté mais, par la force des choses, son scénario ne déborde pas d’originalité.

« L’Homme qui rétrécit » : Les effets spéciaux sont impeccables et Jean Dujardin est à la hauteur du rôle (magistral, pas minuscule), mais le scénario ne déborde pas d’originalité

Le réalisateur Jan Kounen est en effet resté assez fidèle au film original de Jack Arnold en 1957, tiré du roman de Richard Matheson publié en 1956. Dans ce remake, Paul (Jean Dujardin) est un quinquagénaire ordinaire qui partage sa vie entre sa petite entreprise de construction navale et sa famille: sa femme Elise (Marie-Josée Croze) et leur fille de 6 ans Mia (Daphné Richard).

Tous trois vivent dans une jolie maison sur la plage, au bord des dunes, ont un chat et un poisson rouge. Un jour, Paul va se baigner dans l’océan. Quelques jours plus tard, le 5 mai, ses chemises lui paraissent trop grandes.

Chemises trop grandes

Le 7 mai, il constate que les chemises sont vraiment trop grandes. Il va se faire mesurer chez son médecin: il fait 1,76m au lieu de 1,80m. Le tassement de la vieillesse qui arrive, dit le docteur, pas plus inquiet que cela.

Mais le 20 mai son alliance lui échappe, il a rapetissé d’une quinzaine de centimètres. Il va passer IRM et scanner à l’hôpital, mais les spécialistes médicaux ne trouvent rien qui puisse expliquer sa diminution corporelle continue.

Maison de poupée

« Je ne suis pas malade », clame-t-il, alors qu’il continue à rétrécir. Sa femme et sa fille acceptent le phénomène, fatalistes. Le 30 juin, il fait 30 centimètres de haut. Le 5 juillet, il tient dans la main de sa femme et dans la maison de poupée de sa fille.

Le 10 juillet, il est encore plus petit et échappe au chat, se retrouvant dans la cave. Araignée, fourmis, moustiques, piège à souris, poisson rouge dans l’aquarium: armé d’un trombone et d’un clou ou d’une boîte d’allumettes, il va désormais devoir survivre. Seul, car sa famille a arrêté de le chercher…

Remakes modernes

Les films de science-fiction des années 50/60 ont souvent donné lieu à des remakes modernes: LE SURVIVANT/JE SUIS UNE LÉGENDE (tirés également d’un roman de Richard Matheson), LA PLANÈTES DES SINGES, L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURE, entre autres. Alors pourquoi refaire L’HOMME QUI RÉTRÉCIT? Tout est venu du désir de Jean Dujardin, qui a initié le projet avec les studios Universal et les producteurs qui ont choisi Jan Kounen comme réalisateur.

« L’allégorie sur la vie, sur la mort, sur le temps qui passe, sur la maladie, la déchéance, la réduction du corps: ce sont des motifs qui ne vieillissent pas », explique l’acteur dans une interview au mensuel Première.

Film de survie

De fait, Jan Kounen (réalisateur notamment des films d’action DOBERMANN et BLUEBERRY, de l’adaptation 99 FRANCS, du biopic Coco Chanel et Igor Stravinsky et de la comédie MON COUSIN) ne s’est pas contenté ici de réaliser un film d’aventure et de science-fiction: « C’est aussi un film de survie, parfois haletant, parfois effrayant et constamment traversé par des questionnements existentiels… ».



Le côté philosophique est notamment illustré par les citations, un peu sentencieuses et lassantes, du héros en voix off, plus nombreuses et plus lourdes que dans l’original de 1957: « On décide de très peu de choses. Au fond, notre vie se passe très bien de nous »; « La seule solution pour ne pas subir, c’est agir »; « On se dit: ce sera ça, ma vie, désormais »; « Je suis vivant, moi »; « Quand il ne reste plus que la fin, il reste encore la fin. On peut la faire la plus belle possible. Une dernière fois, relever la tête »; « On dit que vivre c’est apprendre à mourir. Peut-être faudrait-il mourir pour apprendre à vivre »; etc.

Miniaturisation

La miniaturisation du corps humain au cinéma ne date pas d’hier (LE VOYAGE FANTASTIQUE, L’AVENTURE INTÉRIEURE, CHÉRIE J’AI RÉTRÉCI LES GOSSES, ANT-MAN, DOWNSIZING), mais Jan Kounen a voulu une réalisation personnelle qui ne soit pas une copie du film original. Il souhaitait « ne pas faire «l’homme qui rétrécit», mais «l’homme qui vit dans un monde qui chaque jour s’agrandit» ».

Pour cela, ajoute-t-il, « il fallait faire vivre la manière dont le héros perçoit les choses. Nous allions rester tout le film avec lui à son échelle, comme si l’équipe de tournage du film réduisait avec lui. (…) Une fois qu’il serait séparé de sa famille, il n’y aurait pas de scène où l’on suivrait en parallèle ce que deviendrait sa femme et sa fille ».

Tension permanente

Bien sûr les effets spéciaux sont impeccables dans cet HOMME QUI RÉTRÉCIT, Jean Dujardin est à la hauteur du rôle (magistral, pas minuscule), et s’il n’y a pas vraiment de suspense –on voit bien que le personnage ne va pas retrouver sa taille et sa vie normales–, la tension est permanente.

Dans ce film très compact (une heure et demie), on ne s’ennuie pas et on apprécie, notamment à la fin, ce petit ton philosophico-existentiel qui fait office de morale globale: dans l’immensité de l’univers, l’homme est infiniment petit. On est bien peu de chose –et ce n’était pas forcément mieux avant.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « C’est utile les araignées, tu sais. Ça mange les moustiques » (Jean Dujardin, à sa fille, refusant de tuer l’araignée dans la cave, en début de film –il ne pouvait pas savoir…).

  • « L’Homme qui rétrécit«  (France, 1h35). Réalisation: Jan Kounen. Avec Jean Dujardin, Marie-Josée Croze, Daphné Richard (Sortie 22 octobre 2025)

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