Dans «Mado», Claude Sautet décrypte les magouilles des affairistes, monde dans lequel un promoteur immobilier se trouve acculé à la ruine par un concurrent véreux. Celui-ci exige le remboursement de traites consenties par l’associé du promoteur, qui vient de se suicider sans aucune explication. Une jeune prostituée, Mado, va l’aider dans ses recherches pour se venger, grâce à ses relations. Pourra-t-il compter également sur ses amis ? NOTRE AVIS (***) : Un grand film des années 1970, sombre et pessimiste au casting de choix, avec l’inoubliable Michel Piccoli.
« Mado » de Sautet : plongée dans le monde des affairistes de l’immobilier
« Mado » : Michel Piccoli et Charles DennerDans «Mado» de Claude Sautet, le promoteur immobilier Simon Léotard (Michel Piccoli) a une liaison avec Mado (Ottavia Piccolo), dont il est amoureux. Il a aussi une maîtresse, Hélène (Romy Schneider) qu’il n’a pas souhaité épouser. Il apprend que son associé Julien (Bernard Fresson) vient de se suicider, apparemment sans explication. Il découvre alors sa faillite causée par les malversations de son jeune associé, qui s’était allié à Lépidon (Julien Guiomar), homme d’affaires véreux. Maintenant, celui-ci exige le paiement des traites consenties par le défunt.
Au cours des obsèques, Lépidon fait une offre de rachat de la société de Simon Léotard en échange de l’annulation des traites.
NOTRE AVIS (***)
Un grand film des années 1970, sombre et pessimiste. Il fut le premier film français à montrer les effets de la crise, due au choc pétrolier de 1974, le démantèlement des entreprises, l’inquiétude du chômage. Sautet s’emparait d’une réalité et du climat économico-politique du moment, avec vigueur et talent. Il y fut aidé par ce qu’il y avait de meilleur dans ce cinéma grâce à un casting de choix. Les acteurs auraient mérité une récompense tant ils se surpassent tous. Comme dans un film policier, l’histoire se déroule avec une violence sous-jacente. Sautet parle du suicide, de la trahison, du meurtre. La séquence finale de la voiture embourbée est une allégorie du héros qui a perdu ses idéaux dans une société dévoyée par l’argent.
Les scènes sont ciselées, celle du café avec Michel Piccoli et Charles Denner ou encore celle où Piccoli vient faire signer le gérant de l’agence immobilière (Michel Aumont)…. Dommage que Romy Schneider n’ait dans ce film qu’un petit rôle, celui d’une femme fragile et alcoolique. Les différentes classes sociales sont mêlées mais tout reste plausible et l’on comprend parfaitement le milieu de la spéculation immobilière et de la corruption.
Quant aux nostalgiques, ils retrouveront avec plaisir la célèbre DS 19, voiture mythique de tant de films, vue dans «Rabbi Jacob», «Fantomas» ou dans la série télévisée «Mentalist».
Jane Hoffmann
- A voir : « Mado » (1975) de Claude Sautet avec Michel Piccoli, Charles Denner, Jacques Dutronc, Julien Guiomar, Ottavia Piccolo, Michel Aumont, vendredi 4 mars sur France 5 à 21:00.
