« Queer » : l’ancien James Bond Daniel Craig, junkie alcoolique gay

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"Queer" : Au Mexique dans les années 50, l'écrivain William Lee (Daniel Craig, à gauche) s'éprend du jeune journaliste Eugene Allerton (Drew Starkey) (©The Appartment-SRL/Numero-10-SRL/Pathé Films/ Gianni Fiorito).

Sortie cinéma. Viril, puissant, sûr de lui, séducteur, un peu macho, homme à femmes : oubliez toutes ces images de Daniel Craig en James Bond. L’acteur britannique est un junkie alcoolique gay, qui embrasse les hommes à pleine bouche, couche avec eux, et essaye de se sortir de l’addiction aux drogues dures dans le film QUEER, ce mercredi 26 février sur les écrans.

« Queer » : Le film est l’adaptation du livre semi-autobiographique du sulfureux auteur américain William S. Burroughs (1914-1997)

Dans « Queer », Daniel Craig incarne William Lee, un écrivain et professeur américain qui, dans le Mexique des années 50, mène une existence désabusée parmi d’autres expatriés. Il passe ses journées et ses soirées à draguer dans les bars gays, accumule les verres de mezcal ou de tequila en cherchant des amants d’un soir qu’il emmène dans des d’hôtels de passe: french kiss, fellation, masturbation …et plus si affinités.

Jeune Américain

Un jour il jette son dévolu sur un jeune Américain, Eugene Allerton (Drew Starkey), ancien G.I. lui aussi expatrié, qui travaille pour un journal local. Il tente de le séduire, mais dans un premier temps le jeune homme, qui semble apprécier les partenaires féminines, se refuse à lui.

Il lui propose de faire avec lui un voyage en Amérique du Sud, et Eugene finit par accepter. Après un périple mouvementé, ils se retrouveront en pleine jungle équatorienne, à la recherche d’une mystérieuse plante hallucinogène aux pouvoirs télépathiques, le Yage, que va leur faire découvrir une vieille botaniste isolée et excentrique…

Adaptation d’un livre de William S. Burroughs

Le film est l’adaptation du livre semi-autobiographique du sulfureux auteur américain William S. Burroughs (1914-1997), écrit au début des années 50 mais publié en 1985 (en 1995 en France, chez l’éditeur Christian Bourgois).



Davantage que les aventures sexuelles du héros William Lee, le film décrit une errance, un mal de vivre, une tentative d’échapper aux démons de la drogue, à la dépendance physique et morale. Et aussi une profonde histoire d’amour, explique le réalisateur italien Luca Guadagnino, dont c’est le 9e film: « William S. Burroughs était bien plus que le personnage qu’il présentait en public et nous avons vu une grande histoire d’amour dans le lien qui unit William Lee et Eugene Allerton –quelque chose d’une ampleur immense qui nous semblait à la fois universel et très émouvant ».

Trois parties

Pénombre, couleurs ocres, images à grain, décors vintage, ambiance singulière: la réalisation est soignée, dans des décors pratiquement tous reconstitués dans les studios Cinecittà à Rome. Le film est divisé en trois parties, la première étant nettement plus intéressante que les deux autres, plus mystérieuses mais plombées de longueurs et de nombreuses scènes oniriques ou surréalistes censées évoquer l’écriture de Burroughs.

Bien sûr l’attention se concentre sur la performance d’acteur de Daniel Craig, lunettes à grosse monture en plastique transparent, panama, barbe de trois jours, ongles sales, cigarette, chemise et veste en lin élimé, toujours un révolver dans sa ceinture. Il y a cette longue et complaisante et belle scène dans laquelle, sans un mot, il se fait une piqure d’héroïne.

Homosexualité

Et il y a bien sûr toutes les séquences évoquant l’homosexualité de son personnage. James Bond est mort (Daniel Craig a incarné l’agent 007 à cinq reprises entre 2006 et 2021) et on lui cherche toujours un successeur. Mais ce n’est pas la première fois que l’acteur britannique joue les gays : il était l’amant du peintre Francis Bacon dans LOVE IS THE DEVIL en 1998, et plus récemment l’inspecteur Benoît Blanc marié à …Hugh Grant dans Glass Onion: Une histoire À couteaux tirés (2022), la suite d’À couteaux tirés (2019).

Le réalisateur Luca Guadagnino, lui-même homosexuel (il est en couple depuis 2017 avec le metteur en scène Ferdinando Cito Filomarino), avait abordé le sujet dans le plus célèbre de ses films précédents, acclamé par la critique: CALL ME BY YOUR NAME (2017), histoire d’amour entre un adolescent et un jeune homme dans les années 80 en Italie, qui avait révélé Timothée Chalamet.

Un genre en soi

Les films évoquant l’homosexualité sont de plus en plus nombreux ces dernières années, devenus presque une mode, voire un genre en soi. Même si cela lasse parfois, c’est un progrès dans l’histoire du cinéma, qui incite les spectateurs à davantage de tolérance, d’ouverture d’esprit, d’acceptation des différences –comme en témoignent les interdictions de ces films dans les pays à régimes totalitaires: les habitants de Moscou, de Pékin ou de Téhéran ne sont pas sûrs de pouvoir aller voir QUEER dans leur cinéma de quartier…

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « Je ne suis pas pédé. Je suis désincarné » (Drew Starkey à Daniel Craig).


  • A voir : « Queer«  (Italie/États-Unis, 2h16). Réalisation: Luca Guadagnino. Avec Daniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman (Sortie 26 février 2025)
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