Picasso en mouvement : une odyssée immersive à l’Atelier des Lumières

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"Picasso, l'art en mouvement" : une exposition immersive inédite à l’Atelier des Lumières, Paris. Pablo Picasso, "Le Rêve", 1932, huile sur toile, 130 x 97 cm, collection privée © Culturespaces /Vincent Bousserez © Succession Picasso 2025

Picasso/Exposition. « Picasso, l’art en mouvement » est une invitation à vivre l’univers vibrant et fascinant du peintre espagnol, grâce à une expérience immersive inédite à l’Atelier des Lumières. Dans ce temple de l’image et du son, laissez-vous porter par la magie de la projection monumentale et plongez au cœur de la création, comme si vous marchiez dans l’esprit même de l’artiste. Plus qu’une rétrospective, c’est une véritable expérience artistique où la peinture devient vivante, où chaque coup de pinceau résonne et palpite au rythme de la musique. Picasso autrement, entre modernité et intemporalité, à voir jusqu’au 29 juin 2025.

« Picasso, l’art en mouvement » : L’Atelier des Lumières, temple de la projection numérique, transforme chaque salle en un tableau mouvant, en une fresque en perpétuelle métamorphose

Dans la pénombre d’une ancienne fonderie métamorphosée en cathédrale numérique, les contours se dissolvent, les formes éclatent, les couleurs vibrent et se réinventent. À l’Atelier des Lumières, au cœur du 11ᵉ arrondissement de Paris, une onde de choc artistique fait vibrer les murs et les âmes : « Picasso, l’art en mouvement ». Une exposition immersive où le peintre espagnol, insaisissable et protéiforme, semble danser avec la lumière et le temps.

Quand l’art se met en mouvement

Dès les premières projections, une étrange sensation nous gagne. Picasso n’est plus figé dans la matière. Son trait fulgurant se libère, explose en éclats cubistes, tournoie dans des spirales surréalistes, se liquéfie et se reconstruit sous nos yeux, comme si l’artiste, disparu depuis un demi-siècle, poursuivait son œuvre à travers le prisme du numérique.

La période bleue ouvre le bal, profonde et mélancolique, où des silhouettes spectrales glissent sur les murs, baignant dans une lueur froide et poignante. Puis vient la douceur éclatante de la période rose, où les arlequins, acrobates et figures graciles s’élèvent dans l’espace comme des fantômes légers.

Soudain, le calme est rompu. Le pinceau se fait scalpel, et l’image éclate en mille facettes. Le cubisme s’impose, tranchant, brutal, visionnaire. La figure humaine est déconstruite, brisée et réassemblée, défiant les lois de la perspective. Les « Demoiselles d’Avignon » se métamorphosent sous nos yeux, tandis que les guitares se fracturent et les visages s’éloignent de l’anatomie classique pour mieux capturer l’essence du réel.



Puis vient le choc : « Guernica« . La toile monumentale, tragédie figée depuis 1937, s’anime soudain. Les cris des figures torturées semblent résonner dans l’espace, amplifiés par une musique grave et lancinante. L’obscurité avale la salle, les projecteurs redessinent les contours des chevaux effarés, des mères éplorées, des corps brisés sous la fureur de la guerre. Un instant suspendu, comme une blessure qui ne se referme jamais.

Mais Picasso ne se fige jamais dans un seul cri. Il est une énergie en perpétuel mouvement, un artiste insatiable, avide d’expérimentations. Les années passent et ses œuvres prennent une nouvelle respiration, oscillant entre figuration et abstraction, entre bestiaire mythologique et formes enfantines, entre puissance brute et tendre ironie.

Un dialogue entre lumière et matière

L’Atelier des Lumières, connu pour ses expositions immersives à succès (Klimt, Van Gogh, Dalí…), transforme chaque visite en une expérience sensorielle totale. Grâce à la technologie AMIEX (Art & Music Immersive Experience), plus de 140 vidéoprojecteurs et un système audio spatialisé offrent une immersion à 360°, plongeant les spectateurs au cœur de l’œuvre.

Dans cette immersion, le regard ne sait plus où se poser. La matière se fond dans la lumière, l’œuvre devient fluide, vivante. La peinture n’est plus un objet accroché aux cimaises d’un musée, elle est une expérience totale. Le spectateur ne contemple plus Picasso : il le traverse, il le vit.

L’Atelier des Lumières, temple de la projection numérique, transforme chaque salle en un tableau mouvant, en une fresque en perpétuelle métamorphose. Les images épousent l’architecture industrielle du lieu, escaladent les murs, se répandent sur le sol, enveloppent les visiteurs dans une immersion sensorielle où chaque pas devient une immersion dans la psyché du peintre.

La musique, omniprésente, souligne les vibrations chromatiques. Tantôt délicate, tantôt puissante, elle accompagne les éclats de pinceau et les révolutions stylistiques, ajoutant une dimension émotionnelle à cette traversée picturale.

Un Picasso réinventé pour notre époque

Il y a quelque chose de résolument contemporain dans cette expérience. Comme si Picasso, en avance sur son temps, trouvait enfin dans l’ère numérique un écrin à la mesure de sa fulgurance créative. Lui qui décomposait les formes, lui qui bousculait la tradition, lui qui ne cessait de réinventer son art, aurait sans doute vu dans cette exposition une prolongation naturelle de sa quête.

« Picasso, l’art en mouvement » n’est pas une simple rétrospective, ni une exposition au sens classique du terme. C’est une invitation à plonger dans l’art, à en ressentir chaque pulsation, chaque convulsion, chaque frémissement. C’est une manière de faire dialoguer passé et présent, de redonner au peintre une jeunesse éternelle, à travers la technologie et l’émotion brute. Et si, finalement, l’art n’était qu’un perpétuel mouvement ?

Victor Hache

  • A voir : « Picasso, l’art en mouvement ». Atelier des Lumières – 38 rue Saint-Maur, 75011 Paris. Jusqu’au 29 juin 2025.

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Victor Hache