un fils du sud
"Un Fils du Sud" : Bob Zellner (Lucas Till), originaire du Sud américain ségrégationniste, décide d'aider les Noirs dans leur lutte pour les droits civiques (©Busch Media Group/StarInvest Films).

Sortie cinéma. C’est l’histoire vraie et peu commune d’un jeune Américain de l’Alabama, État ségrégationniste du sud des États-Unis, dont le grand-père était membre du Ku Klux Klan mais qui, en 1961, décida de devenir militant pour les droits civiques des Noirs. Le film « Un Fils du Sud », sur les écrans ce mercredi 16 mars, est tiré du livre autobiographique de Bob Zellner.


« Un Fils du Sud » militant blanc pour les droits civiques


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« Un Fils du Sud » : un film de Barry Alexander Brown, produit par Spike Lee © Starinvest

Le livre, paru en 2008, s’intitule The Wrong Side of Murder Creek: A White Southerner in the Freedom Movement. Bob Zellner, aujourd’hui âgé de 82 ans, n’a, depuis les années 60, jamais cessé ses activités militantes pour l’égalité et contre la ségrégation raciale.

Son livre et le film racontent donc comment lui est née cette volonté d’échapper à ses traditions racistes familiales et à cette « mentalité sudiste » qui considéraient que les Noirs n’étaient pas les égaux des Blancs et n’avaient pas les mêmes droits.

Rencontre de Rosa Parks

Le jeune acteur Lucas Till (remarqué notamment dans le rôle de Havoc dans la série des X-MEN incarne ce Bob Zellner, 21 ans, qui, en dernière année du Huntingdon College à Montgomery (Alabama), en 1961, doit remettre un devoir scolaire sur les relations interraciales. Il rencontre à la gare Rosa Parks (Sharonne Lanier), une habitante noire de la ville qui avait déclenché quelques années plus tôt un mouvement de protestation en refusant de laisser sa place à un passager blanc dans un bus.

Bob Zellner pense qu’il ne peut pas faire correctement son exposé sans rencontrer des personnes de la communauté afro-américaine. Avec quatre camarades de classe, il assiste donc à un office religieux dans l’église baptiste fréquentée par les Noirs. Ils échappent de peu à une arrestation par la police mais sont renvoyés de leur école.


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Ku Klux Klan

Peu après, pour enfoncer le clou et les dénoncer, est organisée une manifestation de plusieurs membres du Ku Klux Klan. Parmi eux se trouve le grand-père de Bob Zellner. Mais cela ne va faire que renforcer la décision du jeune homme, peu à peu, chaque jour, de se détacher de son entourage (copains, petite amie) pour défendre la cause des Noirs.

Dans ce nouveau sens qu’il veut donner à sa vie, il a le soutien de sa famille, dont son père, ancien membre lui aussi du KKK mais qui a quitté l’organisation et pense désormais que les hommes sont égaux, quelle que soit leur couleur de peau…

Spike Lee producteur du film

Présenté au Festival du cinéma américain de Deauville en septembre 2021, le film est le premier long-métrage de fiction de Barry Alexander Brown, réalisateur en 1979 d’un documentaire sur la montée du mouvement contre la guerre du Vietnam intitulé The War At Home et, depuis, monteur de nombreux films de Spike Lee –producteur du film–, de Do The Right Thing et Malcom X à BlackkkLansman.

La réalisation d’Un Fils du Sud est classique, un peu poussive et paresseuse, sans éclats particuliers (sauf quelques flashback sur l’enfance de certains personnages). Bagarres, discussions, opposition entre racistes du Sud et ceux qui ne pensent pas comme eux même au sein de leur communauté: l’atmosphère de l’Amérique profonde des années 60 est évoquée avec conviction et engagement.

Pédagogique

Cela flirte avec le documentaire, agrémenté d’extraits d’actualité télévisées de l’époque, mais l’avantage en est très pédagogique, avec l’explication de faits historiques pas toujours très connus du grand public.

Par exemple, dans son activisme en faveur des droits civiques, on voit Bob Zellner participer aux « Freedom Rides », série de voyages et de manifestations pacifiques où Noirs et Blancs prenaient des autocars pour traverser plusieurs États afin de dénoncer la ségrégation raciale dans les transports publics. Cela provoqua des bagarres et des scènes de violence mais les instigateurs de ces actions finirent par avoir gain de cause en septembre 1961, quand fut confirmée l’interdiction de toute discrimination dans les transports routiers sur tout le territoire américain.



Film engagé et militant

« Un Fils du Sud » est bien sûr l’exemple même du film engagé et militant, qui ne se préoccupe pas de divertissement mais incite à réfléchir et cherche à émouvoir. Une des scènes fortes est le face-à-face, dans la dernière partie du film, entre Bob Zellner, devenu un militant de la cause des droits civiques, et son grand-père (Brian Dennehy) qui lui dit qu’il n’hésiterait pas à lui tirer une balle dans la tête s’il manifestait contre le KKK…

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Pouvoir d’influencer la société

Le cinéma peut-il changer le monde –ou, au moins, chercher à l’améliorer? « Encore et encore, je pense qu’il est important de faire des films qui ont quelque chose à dire sur notre monde d’aujourd’hui et sur la société », dit le réalisateur, qui fait le rapprochement entre les luttes des années 50/60 et le mouvement actuel Black Lives Matter.

« Je pense que les films ont le pouvoir d’influencer la société et de la pousser au changement, même si ce sont, au final, les engagements des personnes qui doivent changer le monde. Si rien dans les films, le théâtre, la musique ou à la télévision n’encourageait le changement, nous serions restés dans les années 1950. L’art n’est pas le seul vecteur du changement mais il permet de témoigner et souvent, donner l’impulsion », conclut-il.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

« Un jour, quelque chose de vraiment grave va se passer sous vos yeux et vous devrez choisir votre camp. Car ne pas choisir, c’est déjà un choix » (Rosa Park, à Bob Zellner, au début du film).


  • A voir : « Un Fils du Sud » (« Son of the South ») (États-Unis, 1h43). Réalisation: Barry Alexander Brown. Avec Lucas Till, Lex Scott Davis, Julia Ormond (Sortie 16 mars 2022)

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