Théâtre. Traduite, adaptée et mise en scène par Léonard Matton, la pièce « Le Fléau, Mesure pour mesure » d’après William Shakespeare nous emmène dans la ville de Vienne au 17ème siècle. Évoquant le statut des femmes dans la société, les abus de pouvoir, les injustices sociales, les comédiens tous talentueux évoluent dans le cadre historique du Domaine national du Palais Royal, à Paris. À découvrir jusqu’au 7 septembre 2024.
Dès l’entrée, le public est invité à déposer son portable… puisqu’il entre de plain-pied dans la Cité de Vienne, au XVIIe siècle ! En échange, chaque spectateur reçoit un masque dont la couleur désigne son ralliement à un groupe.
Création immersive de Léonard Matton d’après la tragicomédie « Mesure pour mesure » de William Shakespeare, « Le Fléau » désigne la tige située entre les plateaux d’une balance symbolisant souvent le fragile équilibre de la justice mais aussi l’épidémie de peste et la corruption qui ravagent la ville.
Une ville que le Duc de Vienne vient de quitter en confiant les rênes du pouvoir au jeune ministre Angelo. En réalité, déguisé en prêtre, le Duc observe en coulisses ce qui se passe en son absence. Et le constat est édifiant : un dénommé Claudio condamné pour avoir mis enceinte le jeune Juliette, hors mariage, conjure sa soeur Isabelle, future religieuse, d’intercéder en sa faveur auprès du ministre.
Réputé pour sa grande vertu, ce dernier se livre alors à un odieux chantage: la grâce du condamné en échange de sa virginité. Malgré la pression, Isabelle refuse de céder… Voilà pour l’intrigue qui s’enrichit d’un nouveau rebondissement lorsque le prêtre de la prison (toujours le Duc déguisé) décide de substituer Isabelle par Marianne, la femme que le ministre avait abandonnée avant leur mariage.
Déambulant entre les fameuses colonnes de Buren du Domaine National du Palais Royal, les 17 comédiens se partagent cinq espaces : celui du pouvoir et de la loi, celui du châtiment, celui de la débauche, celui de la religion et enfin celui des rues de Vienne. Le tout accompagné par les créations musicales (acoustiques et électroniques) de Laurent Labruyère et Thalie Amossé.
Bien évidemment, le spectateur a toute liberté (et il ne s’en prive pas !) pour s’attarder sur les déclarations enflammées du ministre, les plaintes du condamné prêt à sacrifier la foi de sa soeur pour sauver sa peau, la scène de vente aux enchères d’une jeune femme…
Tous se trouvant réunis pour l’épilogue de ce spectacle aux accents terriblement contemporains puisqu’il met l’accent sur le statut des femmes dans la société, les injustices sociales ou l’abus de certains hommes de pouvoir pour obtenir des faveurs sexuelles.
Les comédiens sont tous talentueux et habités par leurs personnages mais on confesse un vrai coup de coeur pour celle qui incarne avec une réelle ferveur le personnage d’Isabelle.
L’autre atout, et non des moindres, est le cadre magnifique, donnant à cette création à ciel ouvert, un relief particulier.
Annie Granjanin
« Le Fléau, Mesure pour mesure » : Jusqu’au 7 septembre 2024 à 20h, nocturne à 22h30 le 7 septembre, au Domaine National du Palais Royal, Place Colette, 75001 Paris. Réservations sur ICI
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