Exposition. A l’occasion du bicentenaire de la révolution grecque de 1821, le musée du Louvre à Paris invite à un magnifique voyage artistique « Paris-Athènes – Naissance de la Grèce moderne ». L’ exposition met en valeur deux cent ans d’échange culturel entre la Grèce et la France et tente pour la première fois de croiser l’histoire de l’archéologie grecque avec celle de l’Etat grec et les arts modernes.
« Paris-Athènes » : l’art grec ou les racines de la culture occidentale
Le 25 mars 1821, la Grèce, province conquise par les Ottomans, entrait en guerre contre le sultan Mahmoud II pour son indépendance. Elle fut aidée militairement par certains pays européens, notamment la France, l’Angleterre et la Russie. Libérée en 1829, la Grèce proclama Athènes capitale en 1834. L’état grec a construit son identité culturelle en s’inspirant du néoclassicisme français. Cette recherche d’identité trouvera son aboutissement avec l’Ecole française d’Athènes, créée en 1846.
L’exposition du musée du Louvre « Paris-Athènes – Naissance de la Grèce moderne (1675-1919)« , tente pour la première fois de croiser l’histoire de l’archéologie grecque avec celle de l’Etat grec et les arts modernes. Les découvertes de Délos, Delphes, Milos ou Knossos furent à l’origine d’une compétition entre savants, archéologues, grandes nations et même aventuriers. Portés par l’élan révolutionnaire qui transporta une partie de l’intelligentsia européenne, ils allèrent défendre l’«eleutheria» (liberté) grecque. L’écrivain russe Pouchkine, le poète anglais Lord Byron, s’engagèrent dans les troupes qui combattaient pour la libération de la Grèce. Byron mourut dans Missolonghi assiégée.
Le peintre Eugène Delacroix, qui n’était pas allé dans le pays, fixa pourtant sur la toile de magnifiques et grands moments historiques de cette libération avec « Combat entre Grecs et Turcs », « La Grèce sur les ruines de Missolonghi », en hommage à Byron, et « Les Massacres de Scio », visible dans l’exposition.
360 œuvres sont présentées, tableaux, statues, moulages, photos, dessins, costumes, retraçant 200 ans de liens entre la Grèce et la France. C’est également en 1821 que la « Vénus de Milo », déesse sans bras, fut découverte dans les Cyclades et achetée par un ambassadeur de France pour le Louvre.
Cette invitation au voyage montre l’apport de la culture ottomane durant les années d’occupation de la Grèce qui marqua les artistes, jusqu’aux costumes grecs. L’art moderne est également représenté à travers les toiles du groupe Techne, fondé à Athènes en 1917 par des peintres désirant s’éloigner de l’académisme alors très présent. Les visiteurs suivent ainsi le fil des relations entre Paris et Athènes et l’art grec: « ils vont découvrir ce qui peuple son imaginaire contemporain et comment il s’est constitué. C’est un pan méconnu de l’histoire d’amour entre la France et la Grèce« confie Jean-Luc Martinez, l’ancien président du Louvre et commissaire de l’exposition.
Comme l’a dit André Malraux en 1959, alors Ministre de la Culture, «la Grèce est le foyer d’une civilisation qui nous a faits… C’est à la Grèce que revient le droit de nous avoir donné le moyen majeur de la relation de l’Homme à la Culture… »
Jane Hoffmann
- Exposition : « Paris-Athènes – Naissance de la Grèce moderne (1675-1919) » – Musée du Louvre, Paris 1er – Hall Napoléon – jusqu’au 7 février 2022