Art contemporain. Depuis l’emballage du Pont-Neuf en 1985, le rêve de Christo était « d’empaqueter » l’Arc de Triomphe de Paris, tel un gigantesque paquet-cadeau. Après plusieurs semaines de préparation, l’œuvre posthume du célèbre plasticien d’origine bulgare est enfin visible. Décédé le 31 mai 2020 à New-York, l’artiste n’aura pas pu voir son ultime installation monumentale recouverte de 25 000 m2 de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté, que les visiteurs pourront découvrir à partir du 18 septembre jusqu’au 3 octobre.
Arc de Triomphe emballé. L’audace de Christo enfin visible à Paris
Christo n’aura pas pu voir son ultime réalisation mais le Centre des Monuments nationaux avait annoncé le 13 juin dernier que l’emballage de l’Arc de Triomphe de Paris, se tiendrait bien, malgré le décès de l’artiste à l’âge de 84 ans.
Emballer des monuments. Tel était la façon audacieuse pour le plasticien d’origine bulgare de créer du gigantesque à partir de l’existant. Avec son épouse et collaboratrice, Jeanne-Claude, ils ont ainsi drapé le Pont-Neuf à Paris dans 41 800 m2 de tissu. C’était en 1985. Le palais du Reichstag à Berlin, recouvert de 100 000 m2 de toile, en 1995. Adeptes d’œuvres énormes, en 2016, ils avaient fabriqué une incroyable plate-forme flottante de trois kilomètres de long reliant deux îles sur le lac Iseo (Italie).
Le projet d’envelopper deux buildings de Manhattan (New-York) n’a pu se réaliser mais, heureusement, il nous reste les croquis de ce projet pharaonique.
La toile utilisée (25 000 m2) pour l’Arc de Triomphe est du propylène couleur bleu argent, maintenu par 3 000 mètres de corde rouge tendue sur 312 tonnes de structure en acier, permettant aux visiteurs d’admirer les mouvements de la toile créés par le vent, tel un immense voilier rappelant la devise de Paris : « Fluctuat nec mergitur » (« Battu par les flots mais ne sombre pas » : «L’empaquetage de l’Arc de Triomphe » sera comme un objet vivant qui va s’animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle », soulignait Christo en présentant son ultime projet, deux ans avant sa mort le 31 mai 2020 à New-York.
« Les Charpentiers de Paris » avaient déjà œuvré sur le Pont-Neuf. Ils ont commencé l’installation de la structure métallique fin juin, qui protégera les parties fragiles du monument, afin d’éviter tout frottement. Une prouesse technique réalisée par trois équipes qui se sont relayées 24 h sur 24 pour terminer la tâche. Le démontage lui devra s’effectuer en 6 jours seulement afin de rendre le monument dans son état originel, pour les commémorations du 11 novembre, de la fin de la guerre de 1914-1918. Grâce à Christo, son immense toile qu’on l’on pourra admirer durant quinze jours, du 18 septembre au 3 octobre, sera ainsi devenu le linceul éphémère du Soldat inconnu.
Les visiteurs auront le choix entre regarder le monument depuis le sol, gratuitement, ou se munir d’un billet payant, leur permettant de monter jusqu’à la terrasse et de marcher sur la toile irisée…
La fabrication de l’ensemble a coûté de 14 millions d’euros, le projet étant entièrement autofinancé, sans subvention publique- une somme provenant de la vente des œuvres de l’artiste (dessins et croquis), gérée par Sotheby’s.
Jane Hoffmann
- A voir : « L’Arc de Triomphe, Wrapped (Project for Paris) », du 18 septembre au 3 octobre 2021, place Charles De Gaulle – 75008 Paris