David Hockney, peintre de la lumière : le printemps en héritage

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David Hockney : photo affiche de l'expositon consacrée au peintre à voir à la Fondation Vuitton, jusqu'au 31 août 2025.

Exposition. Jusqu’au 31 août 2025, la Fondation Louis Vuitton consacre une rétrospective magistrale à David Hockney, artiste majeur et inlassable explorateur du visible. À travers plus de 400 œuvres — peintures, dessins, vidéos, créations numériques — couvrant sept décennies, l’exposition « David Hockney 25 » révèle la richesse, la liberté et la vitalité d’un regard qui n’a cessé de se réinventer. Du Yorkshire à la Californie et la Normandie, des piscines mythiques aux aubépines en fleurs, c’est toute une vie d’images, de saisons et de sensations qui se donne à voir.

Dès l’entrée de l’exposition « David Hockney 25 », une émotion particulière saisit le visiteur. Ce n’est pas seulement la rétrospective d’un grand peintre que l’on s’apprête à traverser : c’est l’intimité d’un regard que l’on pénètre, un regard qui n’a cessé de s’aiguiser, de s’ouvrir et de se renouveler, malgré l’usure du temps ou la facilité des certitudes. Car David Hockney, 87 ans cette année, n’est pas un artiste du passé : il est furieusement contemporain, résolument vivant, et cette exposition en est une preuve éclatante.

Dans une scénographie qu’il a lui-même pensée avec une rigueur joyeuse, l’artiste nous entraîne dans un vertige d’images et de couleurs. Plus de 400 œuvres, de ses tout premiers dessins à Bradford en 1955 à ses expérimentations numériques les plus récentes, y composent une sorte de fresque biographique et sensorielle, une autobiographie en images qui révèle non seulement une carrière, mais une philosophie de la perception.



On retrouve bien sûr les icônes — A Bigger Splash, les doubles portraits, les piscines californiennes aux lignes nettes et aux couleurs saturées, autant de tableaux devenus mythes. Mais cette exposition refuse la nostalgie. Hockney la commence même par la fin, ou plutôt par son présent : les vingt-cinq dernières années, celles où il s’installe dans le Yorkshire, puis en Normandie, et où il scrute les paysages comme on scrute un visage aimé. C’est là qu’il peint son printemps, littéralement. La série The Arrival of Spring in Woldgate, les grands arbres d’hiver de Bigger Trees near Warter, et même un simple buisson d’aubépine en fleurs deviennent les protagonistes d’un récit visuel où l’émerveillement est permanent.

Ce qui frappe, au fil des salles, c’est la vitalité de cet homme qui, à plus de 80 ans, apprend à dessiner sur iPad comme un enfant découvre ses premiers feutres. Mais ce n’est jamais un gadget : pour Hockney, chaque nouveau médium est une manière d’explorer le réel avec d’autres yeux. Il ne peint pas pour reproduire le monde, il le peint pour nous le rendre.

L’œuvre de David Hockney est un antidote à la cécité. Elle nous rappelle que le visible n’est jamais donné d’avance, qu’il faut le conquérir chaque jour avec patience, avec joie, avec curiosité. En cela, elle est profondément actuelle. À l’heure où nos regards sont saturés d’images fugaces, Hockney nous propose un temps long, une lenteur attentive, presque amoureuse.

Quand il déclare : « Cette exposition est particulièrement importante pour moi », on comprend que ce n’est pas une formule. C’est un legs. Un partage. Une invitation à voir le monde autrement, et à ne jamais oublier, malgré les hivers, que le printemps revient toujours.

Victor Hache

  • Exposition : « David Hockney 25 », jusqu’au 31 aoùut 2025 à la Fondation Louis Vuitton : 8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris.

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Victor Hache