Télé. Le western « Et pour quelques dollars de plus » raconte l’histoire de deux chasseurs de prime qui recherchent un bandit à demi-fou. Au fil de leurs aventures, on découvre que les motivations des deux individus sont très différentes. Le premier veut y gagner de l’argent. Le second a un autre but. On ne connaîtra ses raisons qu’au bout de 2 heures 15 dans un final grandiose, comme seul Sergio Leone pouvait l’imaginer et le filmer. NOTRE AVIS (***): un beau western, violent et mélancolique, avec des acteurs qui deviendront des stars : Clint Eastwood, Lee Van Cleef ou Gian Maria Volonte. A voir lundi 25 juillet sur France 3 -21:10.
« Et pour quelques dollars de plus » : grandiose et théâtral western de Sergio Leone
L’HISTOIRE
Dans l’Ouest américain, deux chasseurs de prime (Clint Eastwood et Lee Van Cleef) pourchassent un bandit cruel, drogué (Gian Maria Volonte) qui veut attaquer la banque de El Paso, réputée imprenable, avec sa bande. Durant le récit, on apprend que les motivations des deux aventuriers sont opposées, l’un voulant obtenir la prime, l’autre semblant mû par des souvenirs revenant en flash-back tout au long du film. Le règlement de compte à la fin – dans un cercle, tel une arène de corrida ou un cirque romain – a lieu sur un terrain où on bat le blé.
NOTRE AVIS (***)
Avec ce deuxième opus de la célèbre « trilogie du Dollar », Sergio Leone signait une nouvelle histoire de l’Ouest américain. Il y accentue la dureté du pays et de ses rares habitants en mettant plus de violence dans les rapports entre les protagonistes. Il y ajoute même une scène de viol (rarissime dans les westerns de l’époque) qui est le nœud de l’intrigue.
Qui sont les chasseurs de prime ? Une sorte de détectives privés passant d’état en état à la poursuite de voleurs ou d’assassins que les représentants de l’ordre ne pouvaient pourchasser en dehors de leur juridiction.
Sergio Leone a choisi cette fonction dans ses films baptisés d’un terme péjoratif « westerns spaghetti ». De célèbres réalisateurs américains (Sam Peckinpah pour « La Horde sauvage » ou Quentin Tarantino pour « Django désenchaîné ») reprendront en l’accentuant la violence du style Leone et de fait, à cause de ses films les westerns ne seront plus jamais les mêmes.
Sergio Leone a tourné sa trilogie en Espagne, loin de Hollywood et de Cinecitta. La sierra Nevada a prêté sa sécheresse, la rareté des habitations, ses montagnes à l’horizon, pour une action qui se passait près de la frontière mexicaine. Nous retrouvons « l’homme sans nom » (Clint Eastwood) vêtu de son célèbre poncho, le même apparemment que «Pour une poignée de dollars » et son face-à-face avec un concurrent, le colonel Mortimer (Lee Van Cleef).
La musique d’Ennio Morricone accentue la dramatisation du récit, d’abord avec la montre-gousset de Mortimer, qui ponctue chaque moment important, en remplaçant parfois les dialogues.
Dès l’ouverture du film, l’air sifflé que l’on entend, averti le spectateur qu’on est bien dans un western de Sergio Leone. La lenteur voulue, jusqu’à l’énervement d’une attente qui n’en finit pas, a été la signature du réalisateur italien, Leone ayant alors abandonné son pseudonyme américain, Bob Robertson, et repris son véritable nom.
Quant à la musique, elle sera de plus en plus lancinante dans le troisième volet (« Le Bon, la brute et le truand » ou « Il était une fois dans l’ouest » avec seulement un harmonica !
« Et Pour quelques dollars de plus » est un beau western, violent et mélancolique, avec des acteurs qui deviendront des stars, chacun dans un domaine différent, à l’instar de Gian Maria Volonte, qui jouait Berthold Brecht au théâtre, saura se diversifier dans le cinéma italien des années 1970.
Jane Hoffmann
- A voir : «Et pour quelques dollars de plus » (1965) de Sergio Leone avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonte, Klaus Kinski, musique d’Ennio Morricone sur France 3 lundi 25 juillet -21:10
