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Vivian Maier : Chicago, sans date (©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY)

Expo Photo. Le musée du Luxembourg à Paris consacre une belle exposition à Vivian Maier (1926- 2009). Un hommage « supercalifragilistique » pour la « Nanny » photographe et une des figures de la « street photography » du 20ème siècle !


Expo photo : Vivian Maier, la «nanny» de la street photography…


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Vivian Maier, autoportrait (©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY)

La vie est faite de hasards. Ainsi, en 2017 à Chicago en pleine crise économique, John Maloof- jeune homme de 25 ans, agent immobilier de profession, envisage la reconversion. Ecrire un livre sur le quartier de Portage Park. Pour les illustrations, ne voulant pas trop dépenser, il chine, court de brocantes en ventes aux enchères. Dans l’une d’elles, il repère un énorme lot. Met 400 dollars. Repart avec l’affaire. Qui contient rien moins que trente mille négatifs, des rouleaux de pellicule par dizaines, quelques tirages réalisés dans les années 1950-1960 mais, à sa grande désillusion, pas un cliché de Portage Park.

N’empêche ! John Maloof est séduit par les photos en noir et blanc. Découvre des photos inhabituelles, et surtout parfaitement composées. Il lui faudra de longs mois, pratiquement une année pour découvrir, au hasard d’une enveloppe perdue dans les cartons, le nom de l’auteur des photos. Une auteure qui s’appelle Vivian Maier, voilà ce qu’apprend alors Maloof qui se met en quête, tel un détective, de retrouver la trace de cette photographe qui a laissé pas moins de 120 000 images, des films Super 8 et 16 mm, des enregistrements, des pellicules encore non développées…

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Vivian Maier.New York, 31 octobre 1954. tirage argentique, 2012 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

L’ex-agent immobilier découvre que la photographe est née à New York le 1er février 1926, père autrichien, mère française. Perd la trace de la mère et de l’enfant, les retrouve en août 1938 sur le paquebot «Normandie» entre Le Havre et New York. A nouveau rien jusqu’en 1951 : Vivian Maier a passé plus de deux ans en France, revient à New York, s’installe en 1956 à Chicago où elle va travailler de longues années en gardant des enfants. Des enfants que Maloof va rechercher pour avoir d’autres infos sur cette «Nanny» photographe, cette femme que les enfants surnommaient «Mary Poppins» !


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Des enfants qui racontent une femme célibataire, originale, féministe, socialiste, habillée comme un homme et les emmenant visiter les abattoirs ou le cimetière ou encore voir des films d’art et d’essai pour, leur disait-elle, les «ouvrir au monde». Des enfants qui se cotiseront pour lui offrir, à elle qui n’avait que peu de moyens, une fin de vie acceptable dans un établissement de bon standing… Des enfants devenus adultes qui se souviennent de leur «Mary Poppins» sans ami.e.s ni famille et passant ses journées de congé à photographier Chicago, l’appareil (un Rolleiflex) toujours attaché à son cou. Elle a appris, seule, l’art de la photo. Ne les développe pas. Ne les montre pas. Ne les vend pas…

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Devant la bibliothèque publique de New-York (©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY)

En cet automne 2021-hiver 2022, le Musée du Luxembourg à Paris lui consacre une grande exposition «supercalifragilistique». Chicago, mais pas que… quelques clichés de Notre-Dame-de-Paris, d’autres de New York. Des chefs-d’œuvre… Elle photographie. L’histoire de l’époque. L’Histoire des années 1950- 1960. Se jouant des idées ségrégationnistes, elle photographie des Afro-Américain.e.s, et aussi des enfants noirs et blancs jouant ensemble.

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Vivian Maier. Chicago, 1960. tirage argentique, 2020 © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

Vivian Maier, c’est un regard unique sur les coulisses de l’Amérique. C’est aussi la photographe de l’anti-rêve américain et de la liberté d’expression. Commentaire d’Anne Morin, commissaire de l’exposition : «Trois ans de travail sur les archives et une exposition comportant 95 % de photos jamais vues. Vivian Maier était très cultivée. Née d’une mère française à New York en 1926, morte à Chicago en 2009, elle se trouve aujourd’hui à la confluence de la photographie américaine et française. Et avec son œil caméra, on peut aussi dire qu’elle est en amont des générations d’Instagram et des selfies ».


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Des scènes de rues, des petits riens de la vie qui va, des grâces du hasard ont fait de cette photographe humaniste morte en 2009 une figure de la «street photography»- à l’image de sa compatriote Helen Levitt (1913-2009) ou des Français Willy Ronis (1910- 2009) ou Robert Doisneau (1912- 1994). Encore Anne Morin : «Toute sa vie, Vivian Maier a joué avec les images, avec une acuité à découvrir le monde, sans forcer le regard. Comme le font les enfants»…

Serge Bressan


  • A voir : « Vivian Maier ». Exposition au Musée du Luxembourg. 19 rue Vaugirard, Paris 6ème. Ouvert tous les jours de 10h30 à 19h, nocturne jusqu’à 22h le lundi. Fermeture anticipée à 18h les 24 et 31 décembre. Jusqu’au 16 janvier 2022. 01 40 13 62 00. www.museeduluxembourg.fr
  • A lire : «Vivian Maier». Catalogue de l’exposition. Co-éditions RMN- Grand Palais / DiChroma, 256 pages, 40 €.

 

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