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Gauvain Sers : "écrire des chansons, c’est capter des moments, des images, des sensations qu’on essaie après de retranscrire" (photo) Stéphane Muraire

Interview. Deux ans après le succès de son disque « Les Oubliés », Gauvain Sers revient avec « Ta Place dans ce monde ». Un album mêlant l’intime et le social, rempli d’humanité, de tendresse, de doute et d’espoir en un monde meilleur, qu’il s’apprête à dévoiler sur scène, lors d’une longue tournée qui passera par les Zénith de Paris et de Limoges en décembre.


Gauvain Sers : « La période est forcément un peu plus source d’interrogation, de questionnement et de remise en cause des certitudes qu’on avait. Le fait d’avoir suspendu nos vies pendant quelques mois a permis de se rendre compte de ce qui était essentiel »


Entre mélodies aux accents mélancoliques et notes d’espoir, Gauvain Sers s’interroge sur nos vies dans « Ta place dans ce monde ». Après les succès de ses deux premiers opus « Pourvu » (2017) , et « Les oubliés » (2019), tous deux disques de platine, le chanteur originaire de la Creuse, revient avec un 3è album écrit pendant les mois de confinement. Des chansons émouvantes mêlant l’intime et le social, qui parlent de « La France des gens qui passent », ceux qui sont en premières lignes, comme les aides-soignants, les caissières ou les éboueurs. Il dénonce aussi le racisme ordinaire dans « Sentiment étrange », faisant écho à « Lily » de Pierre Perret et chante « Les Toits de Paris », où ce merveilleux portraitiste du quotidien aime se réfugier, tel un chat de gouttière. Avec «Ta place dans ce monde », Gauvain Sers confirme son goût pour la poésie de la rue où il puise son inspiration à la façon de Renaud, et son sens aigu de l’observation de la société. Un registre rempli d’humanité, de tendresse, de doute et de rêve d’un monde meilleur, qu’il s’apprête à dévoiler sur scène, lors d’une longue tournée qui passera par les Zénith de Paris et de Limoges en décembre.

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Gauvain Sers (photo) Stéphane Muraire

Vous vous interrogez sur la société dans « Ta place dans le monde », la chanson d’ouverture de votre nouvel album. Vous avez l’impression qu’on est tous un peu perdus en ce moment ?

Gauvain Sers : « Perdus », ce n’est peut-être pas le mot. Mais la période est forcément un peu plus source d’interrogation, de questionnement et de remise en cause des certitudes qu’on avait. Le fait d’avoir suspendu nos vies pendant quelques mois a permis de se rendre compte de ce qui était essentiel. J’avais envie de souligner l’idée qu’on puisse rechercher sa place à tous les âges et dans tous les milieux sociaux. Cette chanson résume ces personnages qui interagissent dans l’album et viennent se télescoper, avec des vies très différentes. S’il y a un point commun à tous ces gens-là, c’est qu’à un moment ils se sont certainement posé la question de notre place dans ce monde…


Gauvain Sers, poète de la rue et chat de gouttière amoureux de Paris


Vous mêlez l’intime et le social. A l’image de « Sentiments étrange », qui parle d’immigration et de racisme ordinaire, où vous dites « Mais qu’est-ce qui a  changé depuis Lily ? », en référence à la chanson de Pierre Perret…

Gauvain Sers : C’est vrai que j’avais envie de faire un état des lieux en 2021. La chanson « Lily » de Pierre Perret date de 1977. Je me suis demandé : « est-ce qu’on ne tourne pas en rond ?  Est-ce que les mêmes problèmes ne reviennent pas à la charge ? ». On s’en rend compte encore aujourd’hui avec l’actualité et le débat sur l’accueil des Afghans. Etre tout de suite dans la méfiance et que la première réaction ne soit pas de tendre les bras et d’aider les gens qui ont la tête sous l’eau et essaient juste de respirer, c’est terrible. Ça ne donne pas vraiment foi en l’humanité, même si j’essaie dans mes chansons de faire rêver à un monde meilleur. On a l’impression de revenir vingt ans en arrière. C’est encore une fois l’idée de pointer du doigt et de vouloir combattre toutes les intolérances dans le monde, toutes les injustices. Cette chanson tente de le rappeler, peut-être de manière utopique. En tous cas, le racisme est une chose que je trouve insupportable. Il ne faut pas finir d’écrire là-dessus et de le dénoncer quand il est là.

Caissière, éboueur, livreur, aide-soignant… en quoi est-ce important pour vous de parler de tous ceux qui sont en « Première ligne » ?

Gauvain Sers : Parce qu’on n’en parle pas souvent. Il n’y pas beaucoup de chansons sur ces métiers. On s’est aperçu à quel point finalement pour que la terre continue de tourner, on a besoin d’eux. On est tous sur le même bateau. On les a applaudis aux fenêtres et pour autant leur statut n’a pas changé. J’ai choisi cette chanson, la seule qui parle de cette période, parce que je voulais continuer à leur rendre hommage. De même pour les caissiers, les livreurs, les éboueurs qui font partie du paysage, il faudrait peut-être se rendre compte qu’ils sont là et qu’ils existent.



Poète de la rue et observateur de la société, ça vous va ?

Gauvain Sers : Poète de la rue, oui, parce que c’est là où tout se passe et où je puise l’inspiration. Je ne sais pas si je suis un poète, mais j’essaie de mettre des mots sur ce qui me bouleverse, m’émeut dans ce qui m’entoure. Et « observateur », c’est sûr. Je crois que pour écrire des chansons jolies si possible, il faut être clairement un observateur. C’est capter des moments, des images, des sensations qu’on essaie après de retranscrire.

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Gauvain Sers : « 

Paris, où vous aimez vous réfugier sur les toits, c’est une bonne source d’inspiration ?

Gauvain Sers : Paris, il s’y passe mille choses à la minute, où l’on croise des tas de gens différents. Un jour on l’adore et l’autre on déteste cette ville. C’est une source inépuisable, comme la Creuse, d’où je viens, mais pour des raisons très différentes. J’aime être à cheval entre les deux. « Les toits de Paris », c’est une chanson sur le gamin qui n’y a pas grandi et arrive totalement émerveillé par cette ville, par la poésie qu’elle dégage, sa beauté architecturale, par la liberté, le côté où tout peut se passer. Une ville, où il y aussi beaucoup de cruauté, de fossés qui s’agrandissent. Du coup, j’ai préféré me réfugier sur les toits pour prendre un peu de hauteur, avec cette vue carte postale sur Paris. Le côté chat de gouttière, ça m’a toujours émerveillé (rires).

Vous repartez pour une tournée à travers la France. Heureux de retrouver la scène après cette période sans concert pour cause de Covid ?

Gauvain Sers : Très heureux et impatient, avec l’envie d’en découdre. On a été très frustrés d’avoir dû arrêter la tournée en plein vol où on a fait une vingtaine de date sur une centaine. Ça été un coup de massue. Mais là, d’avoir un nouveau souffle, de nouvelles chansons et une nouvelle mise en scène, je suis vraiment hyper content de repartir sur la route.

Entretien réalisé par Victor Hache

  • Album : «Ta place dans ce monde » de Gauvain Sers, Romance/Universal. Tournée en France à partir du 28 août 2021, Zénith de Paris (3 décembre), Zénith de Limoges (4 décembre)…

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