jean louis aubert album refuge
Jean-Louis Aubert se produira au Bataclan du 7 novembre au 5 décembre et sera en tournée "Olo Tour" à partir du 27 février 2020. (c) DR

Presque dix ans après son album « Roc’Eclair », après le succès de la tournée des Insus marquée par un final au Stade de France, Jean-Louis Aubert revient avec « Refuge ». Un double album de 22 titres inédits pop-rock et reggae en forme de carnet de voyage intérieur, que l’ex-leader de Téléphone va dévoiler au Bataclan à partir de jeudi 7 novembre jusqu’au 5 décembre. En attendant son « Olo Tour » 2020, tournée XXL des Zénith avec des hologrammes, partout en France.

Jean-Louis Aubert: « La première fois que j’ai traversé le monde, j’ai fait de l’auto-stop et le fait d’avoir eu une guitare m’a permis d’être un peu au cœur d’une fête, ça m’ouvrait les portes. Je ne remercierai jamais assez la vie pour ça « 

Face à un monde qui ne tourne pas rond, Jean-Louis Aubert a choisi son camp, celui de la bienveillance et de l’amour. Dans « Bien sûr », le single de son double album « Refuge », il nous invite à traverser les océans et les tempêtes pour atteindre les rives d’un monde meilleur, où les humains s’aimeraient enfin. « Quittons ce monde qui tremble » chante-il dans « Aussi loin », guidé par l’idée de « construire du bonheur« . Un disque aux accents de fraternité en forme de carnet de voyage intérieur composé pour l’essentiel de ballades poignantes. Un répertoire sensible aux ambiances pop-rock et reggae, porté par la générosité et la voix émouvante d’éternel enfant de l’ex-leader de Téléphone, qu’il va dévoiler au Bataclan, salle endeuillée par les attentats du 13 novembre 2015. Il s’y produira lors d’une série de concerts à partir du jeudi 7 novembre jusqu’au 5 décembre, prélude à son « Olo Tour », tournée XXL des Zénith avec des hologrammes, dans tous l’hexagone à partir du 27 février.

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Jean-Louis Aubert

Dans « Ne m’enferme pas », vous chantez « Qui je suis vraiment/C’est difficile à dire/Je cherche, je veux trouver quelqu’un que je connais ». En tant qu’artiste, c’est important de s’interroger sur ce que l’on est au plus profond de soi ?

Jean-Louis Aubert : Il y a une racine, quelque chose qui m’a guidé jusque-là, un moi intérieur qui est au-delà de l’intelligence. Je sais que c’est lui qui parle (rires). Souvent dans ce je fais, ce qui m’échappe est plus important que ce je sais que je fais. C’est très curieux parce que « Ne m’enferme pas » est une chanson que j’ai écrite quand j’avais dix-neuf ans. Elle date d’avant Téléphone! (rires). Je me revois encore à la chanter à des amis. Elle est restée à la porte de mon esprit. Elle donne l’impression que c’est quelqu’un qui a beaucoup de vécu alors que c’est un adolescent qui l’a écrite.

Garder la flamme de l’adolescence n’est-ce pas le plus difficile ?

Jean-Louis Aubert : Je ne sais pas si c’est difficile. Il me semble que je suis comme ça. D’ailleurs, on me l’a reproché parfois, on m’accuse d’être un peu naïf. Je ne le suis absolument pas. Je suis moins naïf que pas mal de politiques, de scientifiques, de milliardaires ! (rires). Par contre, dans la vie, je vois l’enfant chez les autres, quel que soit leur uniforme. J’ai l’impression qu’ils sont touchés par cela aussi. Cela me rappelle cette phrase de John Lennon : « Le jour où tu meurs, c’est toujours aujourd’hui ». En fait, le temps qui passe est toujours le même, il ressemble beaucoup à celui de notre enfance.

Vous avez commencé la musique très tôt. A-t-elle été un refuge pour vous, quelque chose qui a vous a protégé de la dureté du monde ?

Jean-Louis Aubert : Socialement, ça été un miracle pour moi. Sinon, un peu comme dans ma chanson « Autiste, artiste », peut-être que je serais un asocial, même si tout m’intéresse. J’aurais pu être journaliste, avocat, je suis passionné par tout mais je ne savais pas tellement où me mettre. Je n’avais pas une haute estime de moi. La première fois que j’ai traversé le monde, j’ai fait de l’auto-stop et le fait d’avoir eu une guitare m’a permis d’être un peu au cœur d’une fête, ça m’ouvrait les portes. J’ai voulu que le monde me prenne dans ses bras. Et ça s’est passé. Je ne remercierai jamais assez la vie pour ça.

Quelle est votre définition de l’artiste, dont vous laissez entendre qu’il est « un sculpteur de vent » ?

Jean-Louis Aubert : Je trouve que ça va bien au musicien. La musique a ce truc spécial qu’elle peut épingler une personne comme un papillon sur son volant, alors qu’elle est dans les embouteillages sur le périphérique. Ça peut être dans un supermarché, sur un bateau, une chambre, un parking. La musique a des ailes, elle fait vibrer l’air. Elle accompagne nos vies. Je croise beaucoup de gens dans la rue, souvent on dirait qu’une chanson a accompagné leur première liberté, leur première déconne, leur premier baiser, leur premier joint, première virée en mobylette, leur première rupture.

Votre album est très introspectif. D’où vient ce sentiment de solitude que l’on ressent dans votre interprétation ?

Jean-Louis Aubert : J’aime beaucoup la solitude, mais je crains l’isolement. Quand on se sent aimé, on est bien seul par moment à faire ses trucs. L’amour vrai c’est la rencontre de deux personnes qui savent être seules. Quand on est avec un artiste, il faut être  bien armé, parce que souvent ce sont des gens qui ont de grands moments de solitude dans la journée. Quand je joue de la guitare, ou que je m’entraîne au piano, si je sais que quelqu’un m’écoute, je ne fais pas les choses du tout pareil. Je me laisse moins aller, je prends moins de risques. J’aime avoir ces champs de liberté où il n’y a que moi pour créer.

Comment expliquez-vous qu’il n’y ait que deux titres purement rock dans le disque (« Tu vas l’aimer » et « Marche droit ») ?

Jean-Louis Aubert : C’est vrai que j’ai beaucoup plus de mal qu’avant avec l’ambiance groupe de rock, à part pour mes dieux, les Beatles, les Stones, Led Zeppelin, Hendrix… J’écoute de moins en moins les groupes qui entrent en studio, font « trois, quatre  » et jouent. La musique urbaine est devenue plus verticale qu’horizontale. On retrouve ça dans la pensée générale. Avant, dans une bibliothèque, on regardait les livres par ordre alphabétique, maintenant, avec l’informatique, on ouvre des dossiers. Le fait d’être dans quelque chose de vertical, je pense que ça change les cerveaux en profondeur. Avant, on marchait et peut-être qu’on rencontrait une fille, maintenant on ouvre des applications avec l’espoir de trouver quelqu’un…

Vous avez toujours entretenu des rapports très forts avec le public. Comment ressentez-vous cette relation fusionnelle ?

Jean-Louis Aubert : Il y a une envie de partage avec les gens, une histoire. Quand je fais des live Facebook avec mon téléphone, ils ont un peu l’impression que je joue dans leur cuisine pour eux. Avec mes premiers voyages, ce que je voulais c’est être un peu troubadour, qu’on me donne du vin, un feu de cheminée, une couche, un repas et que j’anime la soirée (rires). Evidemment, le monde est différent maintenant. Là, j’ai l’impression de faire le Cyber troubadour ! (rires). Quand quelqu’un me dit « je suis à l’hôpital, au travail, je te vois, tu joues pour moi », ça m’émeut, et pourtant c’est virtuel, mais ça me touche énormément.

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Jean-Louis Aubert (c) Bestimage

Comment envisagez-vous votre retour sur scène au Bataclan et lors de la grande tournée « Olo Tour » qui va suivre ?

Jean-Louis Aubert : « L’Olo Tour » c’est un peu la continuité de la tournée « Prémixes ». Depuis quinze ans, je rêvais d’avoir des hologrammes qui jouent avec moi, que je puisse actionner moi-même sur scène. J’ai toujours fonctionné aux envies. Je suis né musicalement au Bataclan. J’y ai joué de nombreuses fois et pendant les tournées de Téléphone. On s’y est même reformé une première fois avec Louis (Bertignac) et Richard (Kolinka). C’est un endroit très important pour nous. Quand j’étais ado j’allais y voir les concerts de Pop 2  qui coûtaient 5 francs : Police, Genesis, le Mahavishnu Orchestra, U2. De la même manière que j’irais volontiers me saouler sur les terrasses mitraillées, je me suis dit que ce serait bien qu’un artiste français puisse installer ses meubles à nouveau dans cette salle, avec respect et sans oublier. Ma guitare n’est pas un fusil mais est-ce que c’est un instrument de résistance ? J’aimerais qu’elle le soit. Je serai seul sur scène, mais après, promis, je jouerai de nouveau en groupe pour l’été par exemple.

Jean-Louis Aubert , double album « Refuge«  – Parlophone /Warner music. Concerts au Bataclan du 7 novembre au 5 décembre. Tournée « Olo Tour » des Zénith à partir du 27 février 2020.

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