[Disparition/Cinéma] Jean-Luc Godard aura assurément révolutionné l’histoire du cinéma. Avec sa disparition à l’âge de 91 ans, le 7ème art perd non seulement une légende, mais un immense réalisateur qui a bousculé et modernisé la façon de filmer. Dernier représentant de ce qu’on a appelé la Nouvelle Vague, il laisse une centaine de films, dont certains novateurs devenus mythiques, comme « A Bout de Souffle », « Pierrot le Fou » ou « Le Mépris ».
Jean-Luc Godard à bout de souffle, est mort à 91 ans
Le cinéma a perdu un de ses plus innovants réalisateurs. Nous n’oublierons pas l’étonnement du public découvrant « A Bout de souffle » (1960) avec une jeune Jean Seberg aux cheveux extrêmement courts et un Jean-Paul Belmondo en tee-shirt et chapeau, qui venait de délaisser le Conservatoire et le théâtre pour un cinéaste improbable, les filmant sans scénario établi, leur faisant dire des dialogues sans « queue ni tête »…
Et pourtant, les spectateurs conquis ont applaudi, encore et encore. A chacune de ses déclarations, ils prenaient conscience que le cinéma moderne tenait là son chef de file. Critique aux Cahiers du Cinéma, il collait parfaitement avec l’époque naissante, qu’on a appelée La Nouvelle Vague.
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Voir des films de Godard, c’était plonger au cœur de la pensée d’un cinéaste toujours en mouvement, auxquelles les images tout en juxtapositions, déconstructions, dialogues et montages étonnants, donnaient corps. Une expérience cinématographique, dont on ressort plus intelligent, qui provoquaient à coup sûr admirations, polémiques ou débats.
Provocateur né, JLG aimait susciter la controverse, manière pour lui de faire bouger les lignes. Le cinéma ? « c’est un oubli de la réalité » disait-t-il, persuadé qu’il pouvait autant nous extraire du monde, que faire réfléchir. Considéré comme l’un des plus grands réalisateurs, sa réputation allait bien au-delà des frontières franco-suisses et son œuvre continue d’être étudiée et d’influencer les jeunes cinéastes du monde entier.
Il a réinventé le 7ème art dans sa forme narrative. Surtout, il a voulu en faire un moyen de lutte contre le système (« La Chinoise » 1967) tout en prônant un cinéma idéaliste. Il a ainsi inversé les règles de la narration, des dialogues. A l’image de ses répliques cultes dans « Le Mépris » (1963) : « Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? demande Bardot, autre mythe, à Michel Piccoli, avant d’aller s’allonger sur le toit de la villa construite pour l’écrivain Malaparte… Il faut absolument avoir vu, au moins une fois, ce chef-d’œuvre qui mêle la mythologie grecque à la dolce vita italienne avec sa décapotable funeste rouge.
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Adepte d’un style affranchi de toute classicisme Godard fut le plus adulé du cinéma et le plus mal compris. Allez savoir pourquoi ! Nous n’en finirions pas d’égréner la liste de ses films, longs ou courts métrages. Mais le plus iconoclaste fut sans aucun doute « Alphavile » (1965) où le détective Lemmy Caution est transporté dans un récit de SF.
« Entre le chagrin et le néant, je choisis le néant » (William Faulkner) aimait-il répéter. Au revoir Monsieur Godard, tout là-haut au Panthéon de la culture, vaste néant.
Jane Hoffmann