Playlist We Culte. « Vivre » de Arno & Sofiane Pamart, « Ker Al Loch’ » de Yann Tiersen, « Kesta » de Dani, « Most Anything » de Lilly Wood and The Prick et «It Could Have Been Love » de Mathilda. Voici nos cinq coups de cœur de la semaine.
ARNO & SOFIANE PAMART – «VIVRE »
Il y a des artistes qu’il est impossible d’écouter d’une oreille distraite. C’est le cas d’Arno, 71 ans, atteint d’un cancer, qui revient avec «Vivre», qui sort ce 21 mai, jour de son anniversaire. Un disque d’une pure beauté, tout en émotion, où l’on retrouve le chanteur ostendais en magnifique duo piano-voix, aux côtés du sensible Sofiane Pamart, pianiste qui s’est longtemps passionné pour les musiques urbaines. Musicien diplômé du conservatoire de Lille, il met ici ses notes et son talent au service de la chanson et de la voix rocailleuse d’Arno, qui n’a jamais autant mis son cœur à nu qu’avec ce registre à fleur de peau. Le chanteur y reprend ses chansons les plus émouvantes, dans des arrangements dépouillés, soutenus par une légère basse, qui donnent encore plus de relief à son spleen et à sa poésie sans filtre. «Vivre» inaugure une toute nouvelle collection baptisée «Parce que» créée par l’Anglais né à Bruxelles, Kenny Gates, co-fondateur du label Pias : «Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir fait se rencontrer deux personnes qui ne se seraient jamais croisées sans moi. Et qu’il se soit passé un truc, une alchimie entre eux» raconte-t-il. Un projet qui entend privilégier la formule piano-voix, pour être au plus proche de la vérité des interprètes à venir. Deux ou trois sorties par an sont prévues, afin de conférer à la collection un caractère exceptionnel. La promesse de futurs albums collectors. A l’image de ce premier opus où l’on redécouvre le bouleversant Arno, qui se livre corps et âme et nous émeut au plus haut point.
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YANN TIERSEN – «KER AL LOCH’»
Yann Tiersen est décidément un chercheur de sons hors pair. Le musicien breton connu mondialement pour sa B.O du film de Jean-Pierre Jeunet «Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain», est de retour avec «Ker al Loch’». Un single extrait de son nouvel album «Kerber» prévu pour le 27 août, dont le titre porte le nom d’une chapelle d’un village de l’île d’Ouessant, où il vit.
Deux ans après «Portrait», Tiersen explore ici une matière sonore électronique tout en nuances et ambiances immersives. Un morceau qui s’accompagne d’un clip aux images faites d’abstraction : «En utilisant l’imagerie abstraite créée par Katy Ann Gilmore [l’artiste derrière la pochette de l’album] comme point de départ, et en faisant référence à la ligne côtière d’Ouessant et au monde naturel, nous avons créé des images pour capturer la beauté de la composition de Tiersen » explique le réalisateur Sam Weihl
Enregistré dans son studio qu’il a construit, l’Eskal, «Ker al loch’», à l’image des autres titres de l’album, a fait appel à un processus de fabrication basé sur un échantillonnage de mélodies où se croisent différents instruments à clavier (ondes Martenot, Méllotron et clavecin), le tout retraité par la suite dans un environnement électro : «Vous pouvez avoir cette pensée intuitive de «oh c’est du piano », mais en fait ce n’est pas le cas » confie Yann Tiersen : «J’ai travaillé sur des pistes de piano au départ, mais ce n’est pas le cœur du problème, elles ne sont pas importantes. Le contexte est la chose la plus importante – le piano était un précurseur pour créer quelque chose autour duquel l’électronique pouvait travailler.». Un travail de laboratoire, qui a donné naissance à des compositions dessinant des paysages en lien avec les lieux qui entourent la maison de l’artiste ouessantin. Une musique empreinte de mélancolie, qui n’en fini pas de nous faire rêver.
DANI – «KESTA»
Dani est l’une de nos dernières icônes de la chanson. Un peu rockeuse, un brin provoc’, elle adore les nouvelles aventures et les rencontres inattendues. La chanteuse sort aujourd’hui le clip «Kesta», un titre paru en 2003 sous le nom de «Qu’est-ce t’as, Qu’est-ce t’as pas» sur le disque «Tout dépend du contexte», gravé dans son nouvel album «Horizons dorés». Une chanson qui donne lieu à un duo inédit entre Dani et le rappeur de NTM Joey Starr, dont les deux voix fusionnent en une alchimie parfaite : “Joey c’est un regard, une voix, une présence charismatique, une générosité immense » dit-elle. Ce n’est pas la première fois que Dani chante en duo. On se souvient de «Comme un boomerang», chanson écrite par Serge Gainsbourg en 1975, qu’elle avait magnifiquement interprété aux côtés d’Etienne Daho. «Kesta» est plus rock, mais tout aussi efficace et sexy. En témoigne le clip réalisé par Michaël Cohen, filmé dans des ambiances nocturnes sur fond de décors feutrés du mythique bar club parisien «Bœuf sur le toit», où Dani et Joey Starr pour la première fois réunis à l’écran, évoluent, dansent et se séduisent entre cigarettes et alcool. Le monde d’avant.
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LILLY WOOD AND THE PRICK – «MOST ANYTHING»
Formé de la chanteuse Nili Hadida et du guitariste Benjamin Cotto, Lilly Wood and the Prick impressionne par sa facilité à composer des musiques à l’efficacité redoutable. Preuve en est aujourd’hui encore avec «You want my money», titre d’ouverture de leur nouvel album «Most anything», qui dénonce l’absurdité de nos sociétés basées sur la consommation. Un retour à la fois engagé et joyeux pour le duo pop-folk, qui après le disque «Shadows» et le tourbillon de la tournée qui a suivi, s’est accordé une pause. Une absence de six ans durant laquelle les deux artistes ont rechargé les batteries, avant de se retrouver en Vendée, pour écrire les titres de leur nouvel opus. On y retrouve la même flamme des débuts de Lilly Wood et toujours cette envie de mélanger les couleurs musicales, qui leur ont valu de signer de nombreux tubes aux mélodies entêtantes, dont «Prayer in C». «Most anything» est composé de 14 titres qui alternent ballades, hymnes pop et morceaux taillés pour les dancefloors. Un registre qui oscille entre optimisme et mélancolie, témoin de la liberté et de la folle créativité du groupe.
MATHILDA – «IT COULD HAVE BEEN LOVE»
Des notes de guitare électrique, des nappes de violons romantiques portées par une voix sensuelle et langoureuse… Mathilda nous touche en plein cœur avec son single «It Could Have Been Love», dont le clip façon western spaghetti, nous emmène dans le désert d’Almeria en Andalousie. Mathilda, que l’on a connue au sein du groupe toulousain After Marianne et sa pop aérienne cinématographique, est une sorte de Christophe au féminin (voir son duo avec le beau bizarre dans «Ocean d’Amour»). Elle revient ici en solo et envoûte avec ce morceau très love, aux accents de tube de l’été. Un titre glamour à la beauté mélancolique, où la chanteuse, héroïne d’un clip aux ambiances de Sergio Leone, se fait mystérieuse, sexy et troublante, en quête de romance amoureuse. «Suis la lune et sauve-moi, de tout ce qui n’existe pas» chante-t-elle, entre mots bleus et cœur mauve. De quoi joliment patienter avant la sortie de son premier EP, prévu en septembre.
Victor Hache