Playlist We Culte. «Phoenix» de Charlotte Cardin, «Ta place dans le monde », de Gauvain Sers, « Une fille » de Laura Cahen, « Mutants Merveilles » de Katel et «L’Horizon est un concept à creuser » de Lizzy Ling. Voici nos cinq coups de cœur de la semaine.
CHARLOTTE CARDIN – «PHOENIX»
En février, au moment de la sortie de son clip «Meaningless », la jeune chanteuse de Montréal Charlotte Cardin, confiait à We Culte, qu’elle avait «hâte» de faire découvrir sa musique à un large public. C’est chose faîte aujourd’hui, grâce à la parution de son très réussi premier album «Phoenix», qui fédère déjà de nombreux fans. Un opus de 13 chansons mélangeant plusieurs styles, reflet des musiques qui l’inspirent, où résonne sa voix enfantine aux accents pop-soul. Un timbre puissant qui lui a permis de se faire remarquer et de terminer finaliste de La Voix en 2013, version québécoise de The Voice. Elle aurait pu s’en tenir-là, mais cette ancienne mannequin a préféré continuer dans la musique, en composant ses propres chansons. Un registre anglophone (hormis le dernier titre «Quitte» interprété en français), où elle raconte sa vie, ses expériences sentimentales, heureuses ou déçues. Charlotte Cardin est la belle surprise de ce printemps. Une voix imparable où se mêlent énergie et mélancolie, qui nous aide à reprendre goût à la vie, après nos longs mois de confinement.
GAUVAIN SERS – «TA PLACE DANS LE MONDE»
Gauvain Sers, 31 ans, nouvelle figure de la chanson que l’on a souvent comparé à Renaud, est de retour avec «Ta place dans le monde». Une chanson que le chanteur originaire de Limoges, a écrit durant cette étrange année 2020 au moment du deuxième confinement, où il s’interroge sur l’avenir de la jeunesse un peu paumée en cette époque faite d’incertitudes. Un titre qui met le doigt sur la question que nous nous sommes tous posés : qu’elle est ma place dans ce monde ? « La vie, c’est quand même un sacré bordel » observe-t-il : «On s’en pose des tas questions : partout à tout âge. Qu’est-ce qu’on fout là ? Tout cela est la fois très injuste et infiniment beau. Et puis, paf, à force de tourner et de tourner en rond sur le parking des gens heureux, une petite place se libère…». Une note d’espoir donc pour Gauvain Sers, qui après le succès de ses précédents disques «Pourvu» et «Les oubliés », sortira son prochain album en septembre.
LAURA CAHEN – «UNE FILLE»
On se souvient de son précédent opus «Nord», dans lequel Laura Cahen se plaisait à explorer le passé. Cette fois, elle revient avec «Une fille», un deuxième album qui s’inscrit dans le présent. Un disque aux chansons souvent émouvantes, porté par sa voix douce et des mélodies délicates, à l’imaginaire poétique. Un album manifeste réalisé avec le producteur Dan Levy, moitié de feu The Do, dans lequel elle parle de toutes les filles, elle, celles qu’elle aime ou admire. Douze chansons, dont un duo avec Yaël Naim («Coquelicot ») qui témoignent de ses convictions féminines, de la place des femmes, où de sa sexualité: «Mes personnages ont toutes à voir avec mon vécu, ce que je suis : une fille en 2020, homosexuelle, ce qui est plus facile qu’il y a un siècle, mais qui n’est pas si évident.» souligne-t-elle. Un disque aux contours autobiographiques et aux ambiances minimalistes, à découvrir lors de sa prochaine tournée, où elle a choisi de n’être entourée que de femmes.
KATEL – «MUTANTS MERVEILLES»
Katel nous gâte avec «Rosechou», un titre tubesque et dansant, qui invite à se libérer des carcans, loin de ce «vieux monde tout mort». Héroïne de son 4e album «Mutants merveilles », la chanteuse parisienne et fondatrice du label FRACA, livre ici onze chansons, dont les personnages rêvent d’un monde nouveau à inventer ensemble. Un répertoire où elle évolue entre lumière et ombre, sur fond de pop aux mélodies accrocheuses. Dans cet opus construit en deux parties, Katel évoque le corps autant que l’esprit. Elle y est légère, radicale, amoureuse, poétique, plus que jamais féministe.
LIZZY LING – «L’HORIZON EST UN CONCEPT A CREUSER»
«L’Horizon est un concept à creuser » n’est pas un sujet du bac philo, mais le titre du nouvel album de Lizzy Ling. Un disque aux ambiances électro-organiques que la chanteuse a réalisé entièrement seule sur la côte méditerranéenne, qui nous emmène dans un univers aux mots délicats, où se croisent poésie, fantaisie et mélodies légères. Pour Lizzy Ling, le succès est d’abord venu du Japon, où elle s’est produite à de nombreuses reprises pendant dix ans. Il lui en reste un goût pour les chansons aux arrangements minimalistes, que l’on retrouve dans ce 4è opus. Elle y laisse libre cours à son imaginaire sur des textes dont les thèmes font le grand écart entre la pollution de la planète («Greta regretta»), le poète-chanteur de Sète, Brassens («Embrasser Brassens») et Gainsbourg-Chamfort («Manureva»). Lizzy Ling parle de fêlure, de célibat, d’oiseaux de nuit dans les hôtels, d’effet de meute (« Animal ») ou de virée américaine en Thunderbird. Un registre souvent dansant, à l’image du single qui tire l’album, «Le souffle court toujours» .
Victor Hache